Florent Veilleux : Bébelles de jour
Arts visuels

Florent Veilleux : Bébelles de jour

Il a souvent été qualifié de "patenteux", de "gosseux", d’inclassable, mais ne nous méprenons pas, Florent Veilleux est avant tout un artiste exceptionnel. Un sculpteur dont les assemblages d’objets récupérés, de jouets et autres petits mécanismes, déclenchant sons et mouvements, recèlent des couches de sens que les deuxième et troisième regards nous font découvrir. À la fois drôles et tragiques, ces machines inutiles sont des mises en scène où le dispositif apparent cache, plus souvent qu’autrement, le mécanisme réel, hors de la portée du regard. Florent Veilleux, un artiste naïf? Au contraire. Il peut vous entretenir de sculpture cinétique, du travail de Jean Tinguely ou du surréalisme. Autodidacte, il sait d’où il vient et ce qu’il fait: "J’ai commencé à travailler avec les enfants dans les années 1970. C’est à leur contact que s’est développé chez moi ce sens du surréalisme. Ce sont mes formateurs." Borduas ne demandait pas mieux.
L’exposition Les bébelles se rebellent réunit une quinzaine de sculptures "lumino-cinétiques" réalisées depuis 1993. Présentées dans une seule et même salle, presque les unes sur les autres, tel que l’a voulu l’artiste, elles produisent une joyeuse cacophonie autant visuelle que sonore. Depuis sa participation à Image du futur en 1993, Florent Veilleux a notamment exposé au musée McCord, il a participé à l’exposition collective Les Lieux de l’art "indiscipliné" à l’été 1999 à la Maison de la culture Marie-Uguay de Montréal; en décembre 2000, il a réalisé une installation gigantesque dans une vitrine de 40 mètres au Rockefeller Center à New York. Après son passage à Québec, il installera de nouvelles sculptures-machines au Centre interactif des sciences de Montréal.
Ces assemblages de poupées, de tuyaux, d’objets familiers transfigurés, de moteurs et autres vieux magnétoscopes font sourire, mais ils n’ont rien d’anodin. Ils sont, comme il le dit lui-même, "fabriqués dans un contexte d’actualité mondiale". Ce qui le révolte et l’indigne – la guerre, la bêtise, l’uniformité – est souvent à l’origine de ses assemblages: "C’est une prise de position politique. C’est de l’anarchie." Avec un grand A? se demande-t-on. "Oui, c’est de l’Anarchie, de l’iconoclastie! C’est un coup de "bat" sur les mythes!" Rien de moins. Ces sculptures, comme plusieurs productions actuelles, puisent leur vocabulaire en marge de la tradition de l’art. Mais, elles soulèvent aussi la dimension dérisoire des machines qui nous entourent et leurs narrations absurdes évoquent aussi celle de nos vies. Elles sont les lieux de surenchère d’images, de débordement de sons, de formes et de couleurs. De mots aussi. "La poésie n’est pas faite pour être comprise, dira-t-il encore, mais pour toucher. Est-ce qu’on comprend un paysage?" Cela s’entend, les paroles de Florent Veilleux coulent aussi allègrement que les mécanismes de sa Machine à brasser l’eau ou ceux de L’Usine à traitement de vent usé: "Je n’ai rien de différent d’un autre artiste. ajoute-t-il. C’est toujours la même démarche: l’artiste crée pour se sortir de l’enfer, comme disait Antonin Artaud…" Inépuisable.
À surveiller: les ateliers en compagnie de l’artiste, les samedi et dimanche 16 et 17 septembre, pour les enfants de 8 à 12 ans.

Jusqu’au 5 octobre

À la bibliothèque Gabrielle-Roy
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Bloc-notes
Tissus urbains
Marcel Marois, dont il est difficile de résumer la carrière en quelques lignes, oeuvre depuis 1970 dans le domaine de la tapisserie. Son travail transgresse les limites des genres. Une visite à la Galerie des arts visuels vous convaincra de la rigueur technique de son travail comme de l’actualité des résultats proches de la photographie, voire même du rendu de l’image numérique. Marois prononcera aussi une conférence le dimanche 24 septembre à 14h au Musée du Québec. Il démontrera les ancrages historiques de son travail, ses affinités avec l’oeuvre de William Morris, les tapisseries médiévales et les tissus coptes. L’exposition se poursuit jusqu’au 8 octobre.

Art social et Marche du millénaire
Produit d’une création collective coordonnée par l’artiste Jocelyne Barnabé, la Robe du millénaire s’inscrit dans l’organisation mobilisante de la Marche mondiale des femmes en l’an 2000. Pour rejoindre le plus de gens possible, Jocelyne Barnabé et son équipe ont installé leur sculpture, constituée de 400 messages de femmes, à Place Fleur de Lys. On se souvient de la marche Du pain et des roses de 1995. Cette fois, 4 400 groupes de femmes de 150 pays se rendront déposer leurs revendications (principalement contre la pauvreté et la violence) à l’ONU, le 17 octobre. Des centaines de femmes d’ici s’y rendront et la Robe du millénaire sera probablement du voyage vers New York… Pour plus de détails, rendez-vous à Place Fleur de Lys d’ici le 19 septembre.

Vernissage chez Vu
L’inauguration de l’exposition des photographies de l’artiste anglaise Sharon Kivland, Le Bonheur des femmes, a lieu le vendredi 15 septembre à 17h chez Vu. L’artiste féministe explore les modèles de standardisation de la figure humaine, les poses et les fragments de corps à fortes connotations. Jusqu’au 8 octobre.