Monique François : Histoires naturelles
Arts visuels

Monique François : Histoires naturelles

"Le sens, c’est ce que les gens voient, il ne faut pas chercher ailleurs", écrit l’écrivain acadien Herménégilde Chiasson dans la publication accompagnant l’installation de Monique François, une jeune artiste de Moncton au Nouveau-Brunswick, qui expose pour la première fois en solo au Québec. Le centre Vu, respectant son mandat de présenter des oeuvres de la jeune production contemporaine, accueille le travail exceptionnel de cette artiste. Avec la photographie, Monique François parvient à nous communiquer son attention toute particulière au monde et à la nature, en produisant des images d’une rare sensibilité, comme si le regard contemplatif était chez elle aussi naturel que marcher et respirer… Ici, la virtuosité n’est pas technique, mais loge davantage dans cette capacité hors du commun à considérer le monde qui l’entoure.

La galerie est occupée par de nombreux tissus de coton suspendus d’une manière presque bancale, créant de multiples espaces intimes. De petites galeries qui n’ont rien de labyrinthique toutefois. On s’y déplace avec curiosité ouvrant les rideaux un à un. Les tissus constituent les cimaises sur lesquelles sont épinglées différentes photographies, des minuscules et des plus grandes: un oiseau au creux des mains, des abeilles, un champ, des bateaux de papier flottant sur des jaunes d’oeufs, des portraits de l’artiste et de sa mère. On y arrive, il est question de relations filiales. Cependant, tout cela n’a rien de fleur bleue. Pas de sentimentalisme ni de mièvrerie. Cette installation évoque certes un monde champêtre et pastoral, certaines images sont parfois plus… hardies aussi. Encore que ce soit un travail intime, puisqu’elle considère son rapport à l’art d’une manière analytique comme une source de questionnements et de regards sur soi, le résultat échappe fort heureusement à l’anecdotique et renvoie davantage à des archétypes.

Cet art est élaboré autour d’appropriations de divers matériaux parfois anodins, tantôt enroulés de fils et suspendus, tantôt photographiés, mais toujours fragiles et précaires. "[…] cet été, écrit-elle, j’ai passé mon temps à ramasser des objets que je trouvais sur le sol. Je les rangeais dans des sacs sur lesquels j’inscrivais la date à laquelle je les avais trouvés." Ces objets, patte d’oiseau, morceaux de bois, fleurs séchées, papiers, on en retrouve une partie épinglée sur les cimaises inventées. Comme l’écrit encore Herménégilde Chiasson, cette artiste "aime concevoir des jeux sans règlements pour qu’il n’y ait pas de manière précise de jouer, de sorte que personne ne puisse perdre ou gagner". C’est notamment ce détachement des conventions artistiques et des normes de présentation qui donne à cette installation photographique un caractère si poétique.

Jusqu’au 12 novembre
Chez Vu
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Bloc-notes
Québec, ville d’art public
Depuis le 28 septembre, le Centre d’interprétation de la vie urbaine présente une exposition des plus intéressantes sur l’art public qui permet de poser un regard nouveau sur ces oeuvres. La commissaire Mona Desgagné a réuni une trentaine de maquettes réalisées depuis les années 1960; on peut y voir notamment celles des sculptures d’Armand Vaillancourt, Charles Daudelin et Micheline Beauchemin. Le Centre d’interprétation propose également six circuits (trois à vélo et autant à pied) permettant de redécouvrir les quelque 200 oeuvres publiques réalisées dans la ville de Québec. Entre autres activités, notons que Jérôme René Morissette, restaurateur du Centre de conservation du Québec, prononcera une conférence intitulée "L’art public. Une question de conservation", le dimanche 5 novembre à 14h au Centre d’interprétation de la vie urbain. Inscription obligatoire. Québec, ville d’art public se poursuit jusqu’en novembre 2001.

Valérie Belin à la Galerie des arts visuels
Les grandes photographies de Valérie Belin se jouent de la perception et des ressemblances formelles entre des objets différents, presque antagonistes. L’artiste française propose de grandes photographies noir et blanc de voitures accidentées et d’autres de mises en scène composées de bijoux, miroirs et autres bibelots. Difficile de ne pas penser à la sensuelle froideur du film Crash de David Crönenberg… Jusqu’au 12 novembre à la Galerie des arts visuels.

Mu
Un mot sur les encres et les gravures des Michèle Goëmon et Élise Dumais présentées à la salle d’exposition du pavillon Alphonse-Desjardins de l’Université Laval. Ces dizaines d’oeuvres résultant de plusieurs années de travail auraient mérité un espace plus approprié et, surtout, un accrochage qui leur rende justice et qui permette surtout de mieux les apprécier. Peut-être aurons-nous d’autres occasions de les voir dans un meilleur contexte? Jusqu’au 3 novembre prochain.

Appel de dossiers
La Chambre blanche renouvelle l’expérience de résidence d’artiste en milieu collégiale pour une deuxième année consécutive. L’artiste sélectionné réalisera une installation in situ permanente au cégep François-Xavier-Garneau du 12 février au 16 mars 2001. Date limite pour les candidatures, le 1er décembre prochain. Info: 529-2715.