Madeleine Arbour : La vie mode d’emploi
Le Musée du Québec présente une pionnière du design d’environnement au Québec. Bilan de la carrière de MADELEINE ARBOUR ou quand l’art s’intègre à la vie.
Madeleine Arbour est une des 15 artistes et intellectuels ayant signé Refus global en 1948. Le travail de cette signataire du manifeste n’est pas le plus connu, mais il n’en demeure pas moins notoire. Depuis un demi-siècle, cette femme a toujours oeuvré en périphérie des arts visuels. D’abord étalagiste, elle a participé aux premiers jours de la télévision – en construisant les marionnettes et en élaborant les scénarios pour La Boîte à surprises de 1959 à 1965. Elle a aussi participé à l’émission Femme d’aujourd’hui pendant les années 1970. Vingt ans durant, elle s’est consacrée à l’enseignement. Son travail de designer a fait sa réputation et c’est surtout celui-là qu’on découvre dans la salle 12 du Musée: murales, mobilier, documentation sur les environnements intérieurs et extérieurs qu’elle a réalisés; l’atelier de Jean-Paul Riopelle, la maison de Jean-Louis Millet, la résidence du gouverneur général sise dans la citadelle de Québec. Ses réalisations publiques les plus considérables? Elle a conçu, à la fin des années 1980, les aménagements intérieurs des trains Via Rail et ceux des avions d’Air Canada. Outre ces espaces publics et privés, ce qui nous semble le plus pertinent dans cette exposition, ce sont les objets que la commissaire de l’exposition, Sophie Gironnay, a réunis sous l’expression Espace de complicité. Dans cette collection, on retrouve des tables et des boîtes originales conçues par l’artiste pour ses amis; des objets offerts ou commandés.
Cette exposition vient s’ajouter aux nombreux hommages rendus depuis 1998 aux signataires de Refus global. Elle apparaît aussi comme une volonté du Musée du Québec de faire connaître différents arts, tel le design, et nous éclaire sur ses effets dans notre vie quotidienne. La qualité et la diversité des réalisations de Madeleine Arbour en font, en bout de ligne, les jalons d’un oeuvre cohérent et fascinant. Le catalogue, dans lequel la commissaire de l’exposition s’entretient avec l’artiste, rend avec justesse sa conception de la vie et du travail de création. Sans faire de la biographie la seule façon d’envisager les arts, l’histoire personnelle devient ici un repaire pour celle, plus générale, des arts au Québec. Toujours à la recherche d’espace de liberté, il est étonnant, mais combien approprié, de l’entendre dire à propos de Refus global: "Je trouve qu’on n’a pas tellement avancé depuis. On passe toujours, comme il [Borduas] l’écrit, la camisole de force à nos rivières tumultueuses." Qui a dit que le dessin d’un meuble, la couleur d’une étoffe et leur organisation dans l’espace ne pouvaient nous amener dans des lieux insoupçonnés?
Jusqu’au 8 avril 2001
Au Musée du Québec
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