Daniel Firman : Anatomie comparée
Réaliser une oeuvre en séjournant dans un habitat temporaire, c’est ainsi qu’on pourrait définir la résidence d’artiste. Avec l’intervention du Français DANIEL FIRMAN à la Chambre blanche, elle devient le sujet même de l’oeuvre.
C’est bien avant son arrivée à Québec que Daniel Firman a commencé l’élaboration de Correspondant-correspondance. Depuis un an, Firman se fait décrire les espaces de la Chambre blanche par le biais de conversations téléphoniques: l’intérieur, l’extérieur, les couloirs, les couleurs, les matériaux, tous les menus détails constituant ce lieu lui ont été racontés. Jamais de mesures, mais des descriptions basées sur des analogies: "Ce travail, dit-il, a pris sa source à travers les mots, la justesse des mots et la subjectivité des individus." Pas de plan, ni de photographie, mais plutôt le temps nécessaire pour se déplacer du point A au point B. À partir de ces récits, il a reconstitué l’espace: "L’idée, c’était de faire un clonage subjectif du bâtiment, comme si quelque chose de subjectif était en train de gangrener la Chambre blanche."
L’espace privé auquel le public n’a pas accès, mais qui devient pendant quelques semaines l’habitat de l’artiste, ce lieu imaginé par correspondance, il l’a reconstruit à l’intérieur de la galerie: "Je voulais que ça soit un objet hybride, ni une maquette, ni une architecture réelle." Le résultat est fait des mêmes matériaux de construction qu’on retrouve dans l’espace privé; des couloirs et des pièces aux plafonds étonnamment bas. "Je ne voulais pas me servir du lieu comme un espace qui allait médiatiser mon oeuvre […]. Je voulais une résonance associée à la vie de résidence." À cette structure, il a rajouté un réseau mécanique de communication, des expansions permettant aux spectateurs de se tenir debout et un système de tuyaux communiquant avec l’extérieur du bunker. Il a également réalisé diverses interventions dans l’espace et une reconstitution virtuelle du lieu public d’exposition.
Correspondant-correspondance de Daniel Firman est une proposition sur la mémoire, sur la perception, sur les écarts entre l’image mentale et le réel; mais aussi sur le corps comme unité de mesure. D’ailleurs, le corps comme élément constitutif de la sculpture traverse tout son oeuvre. Ce sont ses possibilités et ses limites qui en déterminent la forme. Il en est ainsi de la sculpture Mouvement (1998) qui résulte des rotations des bras et des jambes de l’artiste dans un immense bloc d’argile, donnant une structure qu’il a ensuite moulée en plâtre. Chez Firman, l’expérience qui mène à l’oeuvre importe autant, sinon davantage, que le résultat plastique final. Ce travail remarquable condense un grand pan de l’art du XXe siècle, puisant à la fois dans la rigueur de l’art conceptuel, dans l’utilisation du corps comme matériau propre à la performance et, surtout, aux fondements mêmes de la sculpture. Ces interventions provoquent, à tout coup, le retour des choses sur elles-mêmes. Vernissage le vendredi 24 novembre à 20 h. À ne pas manquer: la conférence de l’artiste, le mercredi 6 décembre à 19 h, à la bibliothèque Gabrielle-Roy.
Jusqu’au 17 décembre
À la Chambre blanche
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Bloc-notes
Cahier folie/Culture no 7
On vous parlait en août dernier du projet de collection Des idées reçues de Johanne Huot et de Denis Simard auquel ont collaboré quelque 76 artistes en réalisant un dessin illustrant les préjugés sur la folie. Le Cahier est maintenant prêt. Pour la présentation des lithographies imprimées sur des mouchoirs de papier, les deux commissaires-artistes ont réalisé une installation présentée dans la petite galerie de l’Oil de poisson jusqu’au 3 décembre. On peut se procurer sur place la collection comprenant 18 textes de création et les 71 oeuvres originales emballés comme il se doit, dans de petites enveloppes de plastique. Cette collection interroge la place de l’individu dans la société autant que "celle que nous accordons à l’oeuvre d’art". Deux autres lancements auront lieu: un à Chicoutimi, le 24 novembre prochain à 19h, à la galerie du LOBE, et l’autre à Montréal, le jeudi 7 décembre à 17h, à la galerie Dare-Dare.
Henri Hébert et l’avant-garde
Bien avant Refus global et 1948, le milieu artistique et intellectuel québécois a connu une effervescence d’idées d’avant-garde. La revue Le Nigog à laquelle le sculpteur Henri Hébert (1884-1950) a participé en 1918 était au centre de cette effervescence. La conférencière Micheline Cambron traitera des positions esthétiques de la revue et de son influence. Le mercredi 29 novembre à 19h30, au Musée du Québec. Gratuit.
Requêtes de vol pour l’an 2000
Si vous n’avez pas eu l’occasion de voir les pièces de Danielle Lagacé à la bibliothèque René-Richard de Baie-Saint-Paul en août 1999, la galerie Trompe-l’oeil les présente actuellement. Ses sculptures spiralées en forme de ruche sont composées de collages de mots et de photographies de femmes ayant marqué l’histoire. Jusqu’au 4 décembre 2000.