Québec, l’art d’une capitale coloniale : Les maîtres anciens
Les deux expositions présentées actuellement au Musée du Québec tracent à coups de tableaux, de sculptures et d’art décoratif les grandes lignes d’une histoire de l’art d’ici. Des "origines" à la Seconde Guerre mondiale.
Des deux expositions présentées actuellement au Musée du Québec, Québec, l’art d’une capitale coloniale fait figure d’initiation à l’art produit ici depuis le XVIIe jusqu’au XIXe siècle. Les oeuvres sélectionnées pour cette exposition proviennent de la collection permanente du musée. Elles ont en commun d’avoir toutes été produites dans la région de Québec. Pendant les premiers temps de la colonie, on importait les oeuvres de France, surtout des statuettes et des gravures. Des générations d’artistes et un art original verront peu à peu le jour. Pas étonnant de constater que les lieux principaux de l’éclosion de l’art en Nouvelle-France seront d’abord les églises. C’est ainsi qu’on peut voir réunis dans cette exposition plusieurs tableaux religieux et des sculptures sur bois, comme la figure de saint Michel terrassant le dragon récemment restaurée, attribuée à Jacques Leblond de Latour et réalisée entre 1695 et 1705 pour l’église de L’Ange-Gardien.
Le coeur de l’exposition s’attarde à la période de la colonie britannique de 1763 à 1867. Pendant ce temps, l’art religieux continue à se multiplier, mais se développe aussi un art "païen", celui du portrait, ainsi que les arts décoratifs. Forte de son développement naval et industriel, la ville de Québec devient alors un pôle d’attraction pour les artistes étrangers. Krieghoff et Todd s’y installent. D’autres artistes y passeront régulièrement, comme Bercy, James ou Palmer. Mais il y a aussi les artistes vivant à Québec même, qui produiront des corpus d’oeuvres phares de l’histoire de l’art du Québec et du Canada. On pense à Joseph Légaré, Théophile Hamel, Antoine Plamondon ou à François Baillairgé. Des peintres dont on peut voir plusieurs oeuvres qui témoignent de l’effervescence artistique de la ville. À partir de la Confédération en 1867, Québec perdra son statut de centre artistique au profit de Montréal.
Cet art parfois aride et presque austère, on peut l’envisager comme une source documentaire donnant accès à des connaissances historiques et archéologiques, mais aussi pour ce qu’il est lui-même. Pour l’opulence, parfois pompeuse, des sculptures sur bois peintes et recouvertes de feuilles d’or qui étonnent aussi par leurs détails; pour la sobriété des portraits, des scènes de genre et des paysages à l’huile à mille lieues de l’éclat des couleurs pures de l’art moderne. Quoi qu’il en soit, il demeure toujours intéressant de revoir ou de découvrir la production artistique ancienne qu’on a peu l’occasion de voir exposée. On pense aux tableaux du peintre Joseph Légaré (1795-1855), comme cette représentation de l’incendie du faubourg Saint-Jean en 1881, ou bien au Paysage au monument à Wolfe de 1848.
Tradition et modernité au Québec
La seconde exposition Tradition et modernité au Québec poursuit le récit historique jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Malgré l’originalité de la présentation inspirée des salons du XIXe siècle, cette dernière reprend un thème souvent discuté pendant les dernières années, à savoir le passage de la tradition à la modernité au Québec. On ne saurait dire si l’abondance sert ici le propos. Mais dans le lot, on peut quand même y apprécier quelques tableaux. Du côté de la tradition, un paysage d’Ozias Leduc se démarque, Labour d’automne de 1901. Du côté de la modernité, un remarquable paysage des Laurentides nous permet d’apprécier la peinture de Clarence Gagnon. L’exposition comprend aussi de multiples bronzes, statuettes et autres bustes du début du siècle.
Ces deux expositions touffues et chargées rendent parfois difficile une appréciation réelle des oeuvres. Si elles ont toutes deux le mérite d’instruire, Québec, l’art d’une capitale coloniale a l’avantage de donner le goût de profiter du patrimoine artistique in situ de la région de Québec et de sortir du musée pour revoir La France apportant la foi aux Indiens de Nouvelle-France toujours à la Chapelle des Ursulines ou de découvrir les trésors de l’Hôtel-Dieu…
Jusqu’en 2002
Au Musée du Québec
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Trajectoire. La céramique au Québec des années 1930 à nos jours
Décidément, le Musée du Québec fait rayonner sa collection permanente en ce moment. Après une tournée provinciale, l’exposition Trajectoire. La céramique au Québec des années 1930 à nos jours regroupant une sélection de pièces de céramique faisant partie de la collection du musée fait un arrêt au nouveau lieu de diffusion des métiers d’art, Materia. On peut y découvrir des pièces de céramique d’une vingtaine d’artisans, certaines destinées à des fonctions utilitaires précises, d’autres se rapprochant davantage de la sculpture, comme le groupe de cinq magnifiques vases du duo Doucet–Saito réalisé en 1976. Ces pièces de céramique mettent en valeur la pérennité de ce médium dont le temps n’altère en rien les qualités. Jusqu’au 14 janvier, chez Materia, 395, boul. Charest Est.