Rentrée arts visuels : En pleines formes
Si certains mammifères sont en hibernation pendant les mois d’hiver, ce n’est pas le cas de l‘homoestheticus, ni celui de l’artiste multidisciplinaire. La preuve? Les explorations aussi énigmatiques que fascinantes à voir pendant le Mois Multi, le Retour des trésors polonais présentés au Musée du Québec, sans compter la myriade d’expositions à venir dans les galeries.
Centres d’artistes
Pour la deuxième année, les Productions Recto-Verso reviennent avec les quatre semaines du Mois Multi. Du 1er février au 2 mars prochains, nous pourrons voir et entendre des propositions parfois inclassables, défiant les catégories et les genres; nécessitant plus souvent qu’à leur tour une bonne dose d’ouverture d’esprit! Des huit productions qui se succéderont, on retrouvera celles de créateurs québécois bien sûr, mais aussi de l’étranger. À ne pas manquer,Wanted, les 9 et 10 février, une production du Theater Clipa de Tel-Aviv, un des groupes les plus avant-gardistes d’Israël, ainsi que l’installation audio-vidéo interactive de Marc Fournel, Le Puits – une oeuvre réalisée dans le cadre d’une résidence à La Bande vidéo et chez Avatar.
Un autre événement attendu se prépare au Centre de production photographique Vu, avec Le Vertige de l’évidence. Pour l’heure, on nous conseille de surveiller l’apparition d’un certain "V", qui nous en dira plus long bientôt sur cette programmation spéciale. À la Chambre blanche, la jeune artiste montréalaise Ana Rewakowicz est déjà à l’oeuvre depuis le 15 janvier. Pendant son séjour de production, elle réalisera "une chambre dans la Chambre", méta-installation (?) à partir d’une empreinte en latex d’un espace d’habitation. À noter aussi la venue prochaine de deux artistes yougoslaves, Stanisa Dautovic et Branislav Petric: du 12 mars au 22 avril, ils investiront l’espace d’exposition de la Chambre blanche ainsi que le Web. L’Oil de poisson – dont c’est le 15e anniversaire cette année – commence la saison avec une exposition de Mathieu Doyon et Simon Rivest. Le duo de "spécialistes en création de besoins" propose une campagne "de promotion de la promotion". À ne pas manquer: le vernissage a lieu le vendredi 19 janvier dès 20h. À l’Oil de poisson, la saison se poursuivra par la suite avec une série d’expositions collectives.
Au Lieu, dès le 1er février, on présente une installation interactive de la Montréalaise Shelly Low et, en mars, on propose un bilan du travail de performance d’André Stitt, un artiste du pays de Galles. Cependant, l’événement des prochains mois au Lieu demeure sans contredit l’échange entre les villes de Québec et de Mexico en préparation depuis un bon moment. Une trentaine d’artistes se rendront dans la capitale mexicaine du 21 mars au 7 avril pour y présenter des expositions et des conférences. Nous en aurons sûrement des échos…
Galeries
Du côté des galeries, on retrouve comme toujours une programmation d’envergure chez Madeleine Lacerte. Après la présentation des tableaux de la signataire de Refus global, Marcelle Ferron, se terminant le 25 janvier prochain, on pourra apprécier les oeuvres récentes de Paul Lacroix, dont on a souvent parlé dans ces pages. Il y présentera sa production photographique récente à compter du 15 février. Autre lieu de diffusion de l’art contemporain, la Galerie des arts visuels de l’Université Laval entame l’année 2001 avec une exposition de Richard Mill. L’artiste et enseignant propose de grands ensembles à la fois extrêmement construits et désinvoltes résultant d’une réflexion sur la peinture et ses limites. Le vernissage a lieu le jeudi 18 janvier dès 16h. Après ces débuts des plus prometteurs, on pourra voir ensuite les oeuvres de Richard Baillargeon. Il faudra en outre se déplacer vers le 36 de la rue Couillard pour apprécier les propositions de Marcel Jean; et, en mars, celles du sculpteur David Naylor. Si vous voulez revoir certaines oeuvres de la collection Prêt d’oeuvres d’art du Musée du Québec, certaines sont réunies jusqu’au 30 janvier à la Galerie Trompe-l’oeil sous le thème: Les Matériaux et médiums non conventionnels. À voir également dès le 1er février, Traversée du siècle au Domaine Cataraqui, une sélection d’oeuvres issue de la Collection Desjardins, présentée l’automne dernier à la Galerie Louise-Carrier de Lévis. Cette très belle exposition comprend plusieurs grands noms devenus incontournables dans l’art du XXe siècle au Québec. En dehors de ces circuits, il existe aussi des lieux qui risquent de nous faire découvrir des artistes méconnus! L’Autre Galerie de Limoilou en fait partie, de même que les nombreux cafés. D’ailleurs, depuis l’automne dernier, Clode Tremblay s’affaire à l’organisation d’expositions au Clocher penché et au Café Jane B. à Limoilou. Elles se poursuivront pendant les prochains mois. À surveiller.
Musées
Au Musée du Québec, on inaugure, à compter du 8 février, l’exposition Les Trésors polonais. Nous aurons bientôt l’occasion de rendre compte de leurs péripéties. À voir également – si ce n’est pas déjà fait – l’exposition fort instructive des Trésors du Musée national de la Marine de Paris au Musée de la civilisation. Des dizaines de maquettes de bateaux, plus magnifiques les unes que les autres, des peintures anciennes ainsi qu’un documentaire nous initient à la culture navale. Profitez-en aussi pour jeter un coup d’oeil sur l’exposition Mémoires où un long labyrinthe d’objets et de documentaires tentent de stimuler notre conscience historique nationale. Des raquettes en babiche au célèbre documentaire de l’abbé Proulx sur l’Abitibi, en passant par des collections de crucifix: tout y est!