Gravures et Dessins de la République de Weimar. : L’art manifeste
Après l’expo anarcho-utopiste de Mathieu Beauséjour, chez Skol, l’art allemand contestataire des années 20 et 30 est en vedette à l’Université de Montréal. Décidément, la rentrée 2001 est placée sous le signe de l’engagement politique.
Il ne saurait y avoir de véritable art que politique. Voilà la leçon que l’amateur ressentira à la sortie de l’expo Gravures et Dessins de la République de Weimar, à l’affiche au Centre d’exposition de l’Université de Montréal. Cette présentation a été mise en circulation par le gouvernement allemand et est parrainée à Montréal par deux professeurs de l’UdeM: l’historienne de l’art Constance Naubert-Riser (qui en a aussi assuré le montage et la présentation), et Jürgen Heizmann, qui enseigne la littérature allemande.
C’est une occasion d’apprécier une époque qui fut un moment de création exceptionnel. Autant en musique, en théâtre et en littérature qu’au cinéma (Kurt Weill, Bertolt Brecht, Fritz Lang, Friedrich Murnau…) ou qu’en arts visuels.
On peut y voir des oeuvres de Max Beckman, Otto Dix, George Grosz, et bien d’autres, possédant un indéniable intérêt historique, en même temps qu’une grande actualité dans leurs propos. Ces pièces parlent de la mort, de la douleur, du sexe; réinterprètent les graffitis (Grosz allaient en copier dans les toilettes); démontrent un sens de l’image qui doit beaucoup aux affiches; réinvestissent le monde de l’enfance…
Pas très loin des préoccupations de l’art actuel, me direz-vous? En effet. D’autant plus que l’humour, l’ironie, la dérision sont ici aussi au rendez-vous. Mais, différence importante, pour effectuer une critique sociale et politique très forte, et pas seulement d’une manière dandy et superficielle comme cela se fait si souvent maintenant! Les artistes allemands n’hésitaient pas à attaquer le pouvoir, les bourgeois, les militaires, l’Église… Qui ose encore aujourd’hui en art contemporain se moquer de l’argent, comme Grosz l’a fait en montrant un prêtre bénissant des sacs d’argent?
Voilà une belle leçon pour les artistes contemporains.
Jusqu’au 22 mars
Au Centre d’exposition de l’Université de Montréal
Heavyweight ne fait pas le poids
Une galerie a été graffitée! Et pas par n’importe qui, puisque c’est le collectif Heavyweight Art Installation qui a fait le coup… La Galerie Oboro a prêté son espace pour la plus récente intervention de ce groupe d’artistes (fondé par Tyler Gibney et Gene Starship) et qui, depuis 1998, a relancé la peinture en direct.
Les murs de la grande salle sont recouverts de morceaux d’images, constituant une esthétique de la fragmentation très contemporaine. Cela s’oppose à une représentation unifiée, ordonnée, mise en place depuis la Renaissance… Cette esthétique n’est pas inintéressante et mérite notre attention. Mais la pertinence du propos s’arrête là.
Autant certains tableaux présentés au Centre Saydie-Bronfman, l’an dernier, avaient une aura (à cause du sujet – les D.J. de la scène techno montréalaise – et du contexte de création dans des clubs), autant l’expo chez Oboro frôle la banalité… Quel est l’intérêt de montrer des graffitis dans une galerie, sans réel dialogue (ou confrontation) avec cet endroit et l’art qui y est habituellement exposé?
Dans les années 80, Keith Haring et Jean-Michel Basquiat ont su exhiber des pièces conversant avec une peinture plus ancienne, comme celle de Warhol, ou encore avec l’art africain… Chez Oboro, que montre-t-on? Que le graffiti est de l’art? Tout le monde sait déjà ça.
Cette fois-ci, Heavyweight ne fait pas le poids.
Jusqu’au 11 février
Galerie Oboro
Sanctuaires de création
Les ateliers Graff et Clark n’ont plus à faire leurs preuves ni à justifier leur réputation. Le premier, fondé par Pierre Ayot en 1966 (sous le nom de l’Atelier libre 848), est, depuis, un lieu majeur de recherche en arts visuels au Québec (avec la participation d’artistes comme Jacques Hurtubise, Robert Wolfe, Louise Robert, Jocelyn Jean…). Le second, bien que plus jeune, a appuyé, depuis la fin des années 80, le travail de toute une ribambelle d’artistes, dont le trio BGL.
Il était donc plus que justifié que la directrice de Graff, Madeleine Forcier, propose à la Galerie Clark une collaboration, une rencontre de leurs talents créatifs. Le résultat? Pas toujours égal, mais quelques pièces valent le détour. D’autant plus que les bénéfices des ventes des oeuvres (au prix de 400 $) seront réinvestis dans les ateliers pour permettre de nouvelles collaborations entre galeries.
Soulignons la création de Sylvie Laliberté, pas totalement aboutie visuellement, mais au texte très amusant et qui se lit comme suit: "On joue au chat et à la souris, mais nous sommes la souris"… On appréciera aussi le travail de Sylvain Bouthillette, tragi-comique sans être trop larmoyant. Je ne peux malheureusement être aussi positif envers la pièce de Martin Boisseau qui produit un travail qui tourne en rond…
Jusqu’au 3 février à la Galerie Graff et jusqu’au 25 février à la Galerie Clark