Le Retour des trésors polonais : Morceaux de rois
Le Retour des trésors polonais au Musée du Québec, c’est la présentation d’une collection d’objets décoratifs, dont de majestueuses tapisseries anciennes. C’est aussi l’Histoire que ces oeuvres évoquent: celle du Québec pendant la Guerre froide et celle, plus générale, de la Pologne.
Les trésors de guerre et les débats autour de leur restitution aux pays d’origine sont des questions d’actualité; les péripéties des oeuvres d’art pillées par les nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale tout particulièrement. Pas étonnant que les mésaventures des fameux trésors polonais, exposés au Musée du Québec, soient aussi liées au deuxième conflit mondial. C’est en 1939, sous la menace de l’invasion des troupes allemandes, qu’une partie de la collection du Musée Wawel de Cracovie a migré dans plusieurs pays européens avant de trouver refuge au Canada. Pour le Musée Wawel, il s’agissait de protéger un trésor dont la valeur est encore aujourd’hui inestimable. Mais les tribulations d’une partie de la collection du musée de Wawel, ancien château érigé au XVIe siècle par Sigismond 1er et transformé en musée en 1918, ne datent pas d’hier. Certaines des grandes tapisseries du château de Cracovie avaient déjà été pillées par l’armée des tsars de Russie en 1795, avant de retourner au château royal pour repartir en 1939: c’est l’histoire de la Pologne et de l’Europe de l’Est. Mais ces trésors renvoient aussi à un pan de celle du Québec. Les péripéties des trésors rappellent à quel point le gouvernement de Maurice Duplessis (1890-1959) était anticommuniste et anti-stalinien. C’est pour ces raisons qu’il a refusé, dès la fin de la guerre en juillet 1945, de rendre les trésors à la Pologne, alors sous influence communiste. Il refusait de reconnaître le gouvernement de Varsovie, qu’avait pourtant reconnu le gouvernement canadien… Bref, ce n’est qu’après la mort de Duplessis, après un long exil au Canada, que les trésors seront finalement restitués à la Pologne.
Des quelque 88 pièces présentées actuellement au Musée du Québec, plusieurs ont fait partie de ce fameux convoi ayant séjourné en Amérique pendant quelques décennies. Cette exposition, accompagnée d’un très beau catalogue aux textes fort instructifs, comprend des objets décoratifs, notamment de magnifiques tapisseries réalisées dans les ateliers flamands du XVIe au XVIIIe siècle et conçues sur mesure pour le château de Wawel. Leur seule présence vaut le déplacement. Des sujets bibliques y sont illustrés, comme la construction de l’arche de Noé, l’histoire de la tour de Babel, mais aussi des scènes inspirées des bestiaires du Moyen Âge. Des tapisseries tissées de fil d’or, de soie et de laine, aux couleurs altérées par le temps qui fascineront les amateurs d’art textile. En outre, on peut aussi y voir plusieurs tableaux, surtout des portraits, dont quelques-uns attirent davantage l’attention, comme celui de Stanislaw Teczynski, peint vers 1630. Des oeuvres témoignant des influences orientales et occidentales sur ce pays situé au coeur de l’Europe. La présentation de tous ces objets décoratifs et d’apparat, horloge, casque, coffre, selle ou sabre somptueusement parés de pierres précieuses, d’or et d’argent, rappelle qu’une des fonctions premières de l’ornementation était d’affirmer la richesse et le pouvoir des souverains. Elle rappelle aussi une époque révolue, où les savoir-faire et l’art étaient au service des monarchies.
Jusqu’au 6 mai 2001
Au Musée du Québec
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Dessins et sculptures de Marcel Jean
Marcel Jean, propriétaire de la petite galerie Le 36 de la rue Couillard, invite régulièrement des artistes à exposer. C’est à son tour de se faire inviter. Et le résultat est, évidemment, empreint d’une grande sensibilité aux matériaux et aux formes. Un travail sur la précarité spatiale, sur l’incertitude des formes avec l’attention et le détachement que confèrent des années de pratique. On ne peut que l’apprécier. À voir, jusqu’au 18 février. Du vendredi au dimanche de 14 h à 17 h.
Le Vertige de la séduction
Vu lançait la semaine dernière la deuxième année photographique à Québec sous le thème Le Vertige de l’évidence. Ce qui se veut désormais une triennale offre une programmation réunissant une trentaine d’artistes. La formule de duo privilégiée par Vu semble absolument stimulante pour les artistes. La preuve en est le premier duo formé de Danielle April et Mia Weinberg, une artiste de Vancouver. Elles ont réalisé un ensemble de photos où se superposent des photos d’architectures et de formes végétales, éclatantes de couleurs et très lumineuses. Trop séduisantes, ces images? "C’est jamais facile, la séduction, assure Danielle April, parce que c’est dangereux… Ça peut nous emporter!" Il est probablement là le premier vertige de cette année photographique.
Folie-Culture et la photo
À voir, aussi dans une des deux galeries de Vu, le résultat des ateliers d’exploration photographique des artistes participant aux ateliers de création Folie-Culture. Cet art brut et spontané donne souvent des résultats épatants, comme la photographie réalisée par Carolyne Mallet et Steven Neill, une composition remarquable dont le contenu dépasse l’individualité des deux créateurs. À voir jusqu’au 18 février prochain.
Vernissage à La Chambre blanche
L’installation d’Ana Rewakowicz débute ces jours-ci à La Chambre blanche. Le vernissage a lieu ce vendredi 9 février à compter de 20 h. On risque d’y faire des expériences peu communes, à la fois de l’espace et de l’utilisation du latex… À suivre. L’exposition se poursuit jusqu’au 25 février.