Ana Rewakowicz : Chambre à air
Arts visuels

Ana Rewakowicz : Chambre à air

La Chambre blanche accueille l’artiste ANA REWAKOWICZ. Elle a transporté le moulage en latex d’une pièce de son propre appartement dans l’espace de la galerie. Relations  protégées.

La proposition d’Ana Rewakowicz respecte l’esprit des plus intéressantes résidences d’artistes s’étant déroulées récemment à la Chambre blanche. Le lieu y est envisagé à la fois comme territoire de travail, de résidence et d’exposition, mais aussi et surtout pour les différents rapports que les artistes entretiennent avec l’espace. On pense à Daniel Firman qui a reconstitué, l’automne dernier, le lieu imaginé à distance. Le travail in situ d’Ana Rewakowicz s’est quant à lui élaboré d’après une chambre, espace qu’évoque le nom même du lieu d’exposition. Sur les murs d’une pièce de son appartement, elle a appliqué sept couches de latex (un matériau semblable à celui des gants médicaux et des préservatifs). Puis, elle a prélevé la grande pellicule et en a fait une sculpture-enveloppe qu’elle a remplie d’air. Il faut voir la bande vidéo montrant cette partie fascinante du travail où l’artiste décolle les grands pans de latex transparent. Elle nous présente trois états de sa sculpture: la première en cours de réalisation, la seconde remplie d’air et montrée dans l’espace et la troisième comme chambre prête à transporter tel qu’en témoignent les photographies de gens tenant la masse de latex à bout de bras.

C’est d’ailleurs une des questions que s’est posées l’artiste pour Inside Out: comment peut-on amener sa chambre avec soi? D’origine ukrainienne et née en Pologne, vivant maintenant à Montréal, l’artiste souhaite recréer une part de son intimité, ce qui n’est pas étranger à ses propres expériences de déplacement, voire de déracinement. Cette intervention est probablement la proposition la plus risquée qu’ait jamais réalisée Ana Rewakowicz: "C’est ma première expérience de ce genre. C’est un défi technique que d’arriver à équilibrer la dimension de l’objet et la quantité d’air." Si c’est la première fois qu’Ana Rewakowicz s’attaque à une oeuvre si imposante, elle a toutefois une expérience certaine du matériau. En 1998, elle a recouvert un lit d’un drap de latex; à l’Intermedia Gallery de Glasgow en 1999, ce sont des vêtements de latex coloré qu’elle a présentés. Lors de l’événement 48 heures/hours 48 chambres/rooms, sis dans un édifice de la métropole dont la démolition était imminente, elle a recouvert les murs de latex reprenant la texture de la peau. Plus que la confirmation que les artistes contemporains n’hésitent pas à utiliser des matériaux inusités, cette proposition met en présence les sphères intimes et publiques.

Mais encore, elle se veut aussi une expérience pour le spectateur qu’on invite à entrer dans la chambre gonflable. Cette caverne mouvante, espace dans l’espace, considérée d’abord comme un objet ludique, s’avère en définitive plutôt troublante. Le statut de cet objet oscille étrangement entre celui d’architecture pneumatique et de corps de latex… Rencontre avec l’artiste, le 18 février à 14h, à la Chambre blanche.

Jusqu’au 25 février 2001
À la Chambre blanche

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Télégraphe de Selly Low
La proposition de Selly Low, actuellement au Lieu, se caractérise par une économie de moyens délibérée. Au sol, sept piles de journaux font office de bancs sur lesquels nous sommes invités à nous asseoir. Voilà pour la mise en place du système de communication rudimentaire. Une première personne écrit un message sur une feuille de papier qu’elle transmet à une seconde en le transcrivant avec son doigt dans son dos. Et ainsi de suite. À chaque extrémité, deux messages distincts. À l’instar du "jeu du téléphone", le message final apparaît passablement altéré. Sur les murs: une photographie et des feuilles de papier témoignent de la joute ayant déjà eu lieu. Ici, ce n’est pas dans l’objet lui-même que se situent les propriétés esthétiques de l’oeuvre, mais plutôt dans l’acte de communication qui atteste "du déclin du communicationnel soumis au système général de l’échange dans une économie de consommation". Télégraphe de Selly Low. Au Lieu, jusqu’au 25 février.

Amalgame de Lorraine Bénic
Pas moins de 30 années de métier fondent le travail de gravure de Lorraine Bénic où les propriétés propres au médium deviennent le sujet des oeuvres. Gaufrages subtils, plaques découpées, formes géométriques ont amené l’artiste vers la création de gravures tri-dimensionnelles. Chez Engramme, jusqu’au 25 février.