Diane Landry : Étrange mécanique
Bricolages électroniques, moteurs et mécanismes trafiqués, le métier que pratique DIANE LANDRY est loin d’être traditionnel. Le Musée du Québec accueille l’artiste de Québec dans sa salle consacrée à l’art qui se fait. Travaux souterrains.
Le premier contact avec l’étrange machine de Diane Landry au Musée du Québec peut être… désagréable. Bruits et grincements des quelque 24 tables tournantes alternent dans ce qui nous apparaît d’abord comme un univers cacophonique, voire aliénant. L’artiste est exigeante envers les spectateurs. C’est elle qui le dit! Il faut donc un second regard sur cet assemblage pour en apprécier les qualités qui oscillent entre le banal et le poétique, comme le souligne la commissaire de l’exposition Marie Fraser. Depuis une dizaine d’années, Diane Landry construit des oeuvres cinétiques et sonores, composées d’objets quotidiens et de mécanismes divers qu’elle détourne de leur fonction première.
Les Sédentaires clandestins occupe fort bien la salle 1 du Musée du Québec. L’installation est un dispositif à trois niveaux générant tous ces bruits et ses propres images. D’abord, il y a le monde souterrain, avec ses fils et ses mécanismes apparents, permettant de faire fonctionner un deuxième niveau où on retrouve les tables tournantes sur lesquelles ont été fixés des "modèles réduits": voitures, camions, autobus, autant de jouets imitant la vie de tous les jours. Au-dessus de ce monde en mouvement, une cage de matelas trônant dans toute sa transparence métallique. Au mur et au plafond, des jeux d’ombres se succèdent, provenant des trois étages de l’appareil.
Ce qui s’avérait au départ simplement tourner en rond prend bientôt des allures de cycles se succédant, allant du diurne au nocturne. Pendant la vingtaine de minutes que dure la séquence, on perçoit différents tableaux: l’action des crues le jour, le travail en sourdine des usines la nuit, les moments de sommeil profond où les ombres apparaissent comme autant de rêves et autres souvenirs du jour. Même si on est désormais familier avec les univers ludiques que les artistes construisent à partir de détournements d’objets quotidiens, le travail de Diane Landry possède des qualités qui lui sont propres. Outre la dimension narrative importante, il y a cette fragilité qu’on retrouve dans chacune de ses oeuvres; une précarité provoquée par les grandes et délicates tiges sur lesquelles reposent ses dispositifs. Et cela, en dépit de l’apparente assurance de la mécanique. Conférence de l’artiste, le dimanche 11 mars à 14 h, au Musée du Québec.
Jusqu’au 29 avril
Au Musée du Québec
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Latinos del Norte
C’est sous cette dénomination que se feront connaître la trentaine d’artistes de Québec qui exposeront du 26 mars au 6 avril prochain dans trois institutions de Mexico: le Museo Universitario del Chopo, le Muca Roma et Ex Teresa Arte Actual. Pour Richard Martel du Lieu, c’est important de faire connaître le dynamisme de Québec et aussi d’établir des liens en dehors des centres "impérialistes" que sont les villes de Paris et de New York.
L’équipe du Lieu, coordonnateur de l’événement, a tout mis en oeuvre pour permettre aux artistes de Québec de faire connaître leur travail dans la mégapole latino-américaine: expositions d’oeuvres allant de la sculpture à la vidéo, mais aussi présence d’une délégation des centres d’artistes de Québec, conférences et publications d’un numéro spécial d’Inter (bilingue pour l’occasion). Comme n’a pas manqué de le souligner Guy Sioui-Durand, on ne peut ignorer les significations des mouvances actuelles: pendant que le commandant Marcos monte vers Mexico, les dirigeants de l’Amérique (sauf Fidel Castro, faut-il le rappeler) convergeront bientôt vers Québec. Entre-temps, les artistes de Québec se préparent à descendre vers la capitale mexicaine. Nous les suivrons de près.
Vision nocturne
Tania Girard-Savoie expose actuellement deux grands tableaux à la galerie de la bibliothèque de Neufchâtel. On n’a pas souvent l’occasion de voir le travail de cette jeune artiste à Québec. Pourtant, elle travaille sans répit la peinture et la gravure, faisant dialoguer les résultats de ces expérimentations dans les deux médiums. Dans ces immenses tableaux, la couleur (de très beaux bleus) et la lumière émergent des grandes surfaces noires. Vision nocturne, jusqu’au 17 mars.
Lancement et performance à ne pas manquer
L’artiste de la performance, André Stitt, sera au Lieu vendredi pour le lancement de son livre Homework. Le travail de l’artiste anglais peut s’apparenter à celui de l’Américain Paul McCarthy. Il provoque, utilise son corps à souhait et n’hésite pas à faire l’étalage de moutarde, ketchup et compagnie. Comme le rapportait le Performance Magazine: "Notre shaman [André Stitt] peut être prêt à explorer ces choses que la plupart d’entre nous ne voudraient pas devoir assumer ou exprimer." Quand il se promène en manifestant solitaire clamant ses slogans "I love you" ou "God is sexy", il ne nous montre décidément pas son côté sombre. Rendez-vous au Lieu, le vendredi 9 mars à 20h.