Festival du film sur l’art : L’embarras du choix
Du 13 au 18 mars, le 19e Festival international du film sur l’art (FIFA) propose une sélection de 180 films réalisés dans 25 pays! De son côté, MARTIN DUFRASNE a monté une superbe et étonnante expo à la Galerie Skol, où l’artiste déballe sa vie avec une liberté qui fait plaisir à voir.
Rembrandt, Léonard de Vinci, Yoko Ono, Walker Evans, Orlan, Rebecca Horn, Daniel Buren, Frank Gehry, Oscar Niemeyer … À partir de mardi prochain, ils seront tous à Montréal – ou tout au moins leur esprit créateur planera sur notre ville – grâce à une série de films consacrés à leur carrière et présentés lors du 19e Festival international du film sur l’art.
Chaque année, le directeur du FIFA, René Rozon, et son équipe arrivent à composer une sélection de plus en plus imposante de films sur un grande nombre de sujets. Et pour ce Festival, l’amateur aura encore l’embarras du choix et pourra effectuer sa sélection parmi 180 films réalisés dans 25 pays!
Que vous conseiller dans cet immense panorama des arts? Par le passé, nous avons déploré le conservatisme propre à ce genre de films sur l’art. Même quand les oeuvres sont échevelées, les films qui en analysent l’essence tombent souvent dans un grand conservatisme visuel… C’est pourquoi nous devons souligner une nouveauté importante cette année dans le Festival: une section entière – intitulée Nord magnétique – a été dédiée à l’art du vidéo. Une belle occasion de voir des oeuvres un peu plus surprenantes, en tout cas du point de vue formel. La commissaire Jenny Lion a sélectionné une quarantaine d’oeuvres des 30 dernières années, dont des bandes de Jana Sterbak, Robert Morin, Charles Binamé, John Greyson…
Il faudra aussi prêter une attention particulière à une série de films réalisés à l’occasion de l’ouverture l’an dernier de la Tate Modern. Un documentaire sur l’accrochage des collections et un autre sur le contenu des collections vous permettront d’entrapercevoir ce fabuleux nouveau musée londonien. Deux autres moyens métrages sur Rothko et Rebecca Horn sont également à surveiller.
De Jean-Pierre Krief – qui avait présenté, entre autres, au FIFA, il y a deux ans, une excellent film sur Sophie Calle – il faut aller voir deux courts documents sur les photographes Jeff Wall et Nobuyoshi Araki. Toujours côté photo, deux regards sur l’Américain Walker Evans et le Français Jacques Henri Lartigue semblent aussi intéressants.
Le travail extraordinaire de James Turrel fait quant à lui l’objet d’un reportage anglais. Ursula Macfarlane y narre le surprenant récit de la construction du skyspace, salle ayant permis de capter l’éclipse de Soleil de 1999. Et si vous avez encore du temps (et surtout l’estomac solide), courez assister à la projection d’Orlan, Carnal Art, où la célèbre et passionnante artiste française se sert de la chirurgie sur son propre corps comme oeuvre d’art. Renseignements: 874-1637 ou bien www.artfifa.com/
Du 13 au 18 mars
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Larguer les amarres
Martin Dufrasne a monté une superbe et étonnante expo à la Galerie Skol. Il y déballe sa vie avec une liberté qui fait plaisir à voir.
Sur le sol, il a disposé tous ses biens: disques, livres, revues (parfois pornos), chemises, chaussettes, sous-vêtements, tapis, chaises… Le tout rangé selon leurs couleurs. Ici du vert et du blanc; là, du rouge et du brun… Le tout forme une composition bien orchestrée qui n’est pas sans faire penser à la tente d’une tribu nomade.
Dufrasne incite le public à lui proposer des échanges, à participer à une entreprise de troque (la liste de ses biens peut se lire sur le site serefaireunsalut.net). Toutes les offres seront évaluées sérieusement. Il se réserve bien sûr le droit de refuser les propositions qui lui seront faites. Une manière de tester ses attachements aux biens de ce monde mais aussi aux souvenirs de sa vie… Une façon – pour reprendre le titre de l’expo – de Se refaire un salut en renouvelant son univers intérieur.
Toutefois, cet étalage est également un exercice très déstabilisant, presque risqué, et pas seulement pour l’artiste. Dans cette salle, le spectateur (qui comme l’artiste se veut une personne cultivée) reconnaîtra aisément des objets que lui aussi détient. Aurions-nous donc tous le goût de posséder à peu près les mêmes cédés, les mêmes magazines, les mêmes ouvrages sur les mêmes artistes? Serions-nous si peu différents dans notre originalité et dans notre intimité? Et si cela est vrai, que nous reste-t-il donc à chacun d’entre nous de si particulier une fois nos biens personnels mis de côté? C’est à cette réflexion périlleuse que nous convie avec intelligence Martin Dufrasne.
Est-ce le fait du nouveau siècle? Quoi qu’il en soit, en art actuel, l’heure et au bilan et au grand ménage. La galerie Skol semble en tout cas se spécialiser dans ce phénomène de table rase. Depuis la Liquidation Nico & co de Nicolas Baier, qui l’an dernier souhaitait repartir à neuf en se débarrassant de son passé, la tendance semble bien lancée. Voilà une attitude existentielle qui au bout du compte est bien sympathique. Une belle leçon de vie.
Jusqu’au 17 mars
Galerie Skol
Picasso érotique
Bien excitante conférence de presse jeudi de la semaine dernière au Musée des beaux-arts… L’expo Picasso érotique qui est présentement à l’affiche à la Galerie nationale du Jeu de paume, sera présentée à Montréal à partir du 14 juin. La moitié des oeuvres qui la constitue n’ont jamais été exposées en public! Des pièces parfois très sexuelles, mais surtout des oeuvres qui réfléchissent sur ce qu’est le fait d’aimer, et le désir charnel… Il y aura beaucoup de surprises même pour ceux qui, comme moi, croyaient bien connaître ce géant du XXe siècle.
À signaler
Le vendredi 9 mars, au Musée d’art contemporain, aura lieu un colloque dont le sujet est bien intrigant: Art et médecine. Le célèbre Henri Atlan, médecin, biologiste et directeur d’études à la non moins prestigieuse École des Hautes Études en Sciences Sociales à Paris y sera présent tout comme Christine Ross, directrice du Département d’histoire de l’art à l’Université McGill et spécialiste de l’art contemporain; Aleida Assmann, professeure à l’Université de Constance en Allemagne; Nicole Jolicoeur, artiste qui travaille sur la notion de véracité documentaire et Joël Des Rosiers, médecin et poète. Renseignements: 847-6226.