Dessins de maîtres : L'art et le papier
Arts visuels

Dessins de maîtres : L’art et le papier

Fusains, encres, mines de plomb ou aquarelles, 45 dessins des grands noms de la peinture française et anglaise des XVIIIe et XIXe siècles sont réunis au Musée du Québec. Entre spleen et  splendeur.

Le moindre dessin d’un Degas, d’un Renoir ou même d’un Turner attise la curiosité. C’est bien connu, les oeuvres des grands noms de l’histoire de l’art possèdent un attrait – pour ne pas dire une "aura" – que l’exposition Dessins de maîtres, présentée au Musée du Québec, ne dément pas. Cet ensemble de 45 dessins est une sélection des oeuvres sur papier de la collection du Musée des beaux-arts du Canada; une collection qui compte d’ailleurs quelques acquisitions récentes. Mais, il faut le préciser, cette collection, le Musée des beaux-arts du Canada la ressort vraisemblablement des… poussières. En effet, par le passé, elle a passablement voyagé: en 1969, elle a été vue à Londres, à Florence et à Paris; en 1988 et en 1989, elle a été exposée respectivement à Vancouver et à Washington. Et voilà que 10 ans plus tard, elle atterrit au Musée du Québec.

Cela dit, il s’agit quand même "d’un ensemble d’oeuvres sur papier parmi les plus importants du pays", comme le souligne le musée. Et elles ne sont, en effet, absolument pas dénuées d’intérêt. Loin de là. Les deux institutions sont d’ailleurs fières de ce partenariat qui témoigne d’une "marque d’amitié", comme le soulignait Pierre Théberge, directeur de l’institution d’Ottawa. Outre l’étalage de toutes les signatures – Boucher, Fragonard, Toulouse-Lautrec, Fuseli, West, Burnes-Jones -, il y a surtout leurs dessins qui témoignent d’une capacité, toujours aussi respectable, à représenter le monde ou à communiquer les créations de l’imaginaire, et cela avec un simple bout de crayon.

D’un côté de la Manche comme de l’autre, on est en mesure de constater comment les règles des académies des beaux-arts étaient encore rigides, autant dans les sujets que dans le traitement, et comment elles ont été longues à transformer. Même si les dessins du XVIIIe siècle ont un certain intérêt, comme par exemple le portrait d’un camarade de prison réalisé par Jacques-Louis David lors de son incarcération pendant la Révolution française, ce sont surtout les oeuvres du XIXe siècle, plus libres, plus vivantes, qui retiennent davantage l’attention. Du côté des Français, le portrait du fils de Renoir (le futur cinéaste Jean Renoir) est remarquable; celui de Amédée Tapié de Véleyran exécuté par Toulouse-Lautrec l’est tout autant. Chez les Anglais, quoiqu’ils demeurent, nous semble-t-il, plus conventionnels, certains paysages attirent l’attention, ainsi que des oeuvres plus symbolistes.

Cette sélection, comme le souligne le musée, met en valeur les différences et les liens entre les écoles anglaise et française, ainsi que "les origines de la tradition figurative française et l’essor du paysage anglais", deux approches de la nature qu’on retrouve dans les dessins comme dans la peinture. Il est évidemment toujours très instructif de découvrir des dessins peu connus des grands artistes qui ont marqué les siècles passés, qu’il s’agisse seulement de productions périphériques, comme le sont les esquisses préparatoires à des tableaux, ou bien de dessins plus élaborés. Ne serait-ce parce qu’ils sont rarement reproduits dans les livres (sauf peut-être dans les monographies d’artistes), leur passage au musée n’est pas à négliger. Même si ce genre d’exposition n’est pas des plus sensationnels, il permet d’emmagasiner un certain nombre de nouvelles images, venant parfaire nos connaissances encyclopédiques.

Jusqu’au 22 avril
Au Musée du Québec
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Collectif de résistance ludique S.O.S. Humanité
Si la critique concernant le Sommet des Amériques, qui se tiendra en avril prochain à Québec, se fait encore discrète du côté des artistes, elle existe pourtant bel et bien. L’éditorial du dernier numéro de la revue Inter, publiée par le Lieu, invite les artistes à descendre dans la rue. Mais encore, il fallait bien qu’entre tous les artistes en arts visuels, quelqu’un se lève pour soutenir une résistance concrète. Et qui de mieux désigné que le sculpteur Armand Vaillancourt? Entouré de l’heureux activiste et animateur hors pair, François Gourd, ainsi que d’un collectif d’artistes, il saura assurément insuffler une couleur originale et festive au mouvement de contestation.

Le plan? D’abord, une fête de résistance, le 5 avril au Medley à Montréal, afin d’amasser des fonds pour la construction de la sculpture qu’Armand Vaillancourt érigera à Lévis: un gigantesque S.O.S. qui veut "pénétrer le périmètre de sécurité par les yeux". Poèmes et chansons à partir du code morse seront aussi diffusés sur les ondes radiophoniques de Québec, histoire de contourner le périmètre cette fois par… l’auditif. Le collectif diffusera aussi des affiches, t-shirts, macarons, sous le thème du S.O.S. créé par Vaillancourt, un message de résistance "contre la dictature économique". On invite aussi tous les artistes à créer leurs propres S.O.S. À surveiller.

Yann Farley et Ouverture sur le monde
Ce n’est pas tant la présentation des cinq petites murales exposées au Café Jane B. à Limoilou qui suscite l’intérêt comme le travail plus général de ce jeune artiste qui poursuit en marge du système, comme tant d’autres d’ailleurs, son travail de création. Même si depuis le début de la saison, les oeuvres que recrute et expose Clode Tremblay dans les cafés sont sérieusement inégales, la volonté de multiplier les réseaux de diffusion demeure des plus légitimes. Yann Farley, jusqu’au 6 avril, au Café Jane B.