Création de résistance : Encontre champs
Arts visuels

Création de résistance : Encontre champs

Les artistes de Création de résistance s’opposent aux images et aux discours dominants avec, comme armes, une caméra à l’épaule et des salles de montage. Désobéissance  civile.

Une des promesses de l’avènement de la vidéo était de démocratiser le monopole de la création d’images. Création de résistance revendique cette dimension populaire de la vidéo et surtout son potentiel subversif. Pour la deuxième édition de l’événement, l’équipe de la Bande Vidéo a concocté une programmation de deux heures et demie, animée par le chanteur Mononc’ Serge, soirée pendant laquelle on verra défiler des vidéos dont la durée varie de quelques secondes à plusieurs minutes. Tel que le rappelle Éric Gagnon, vidéaste de la Bande Vidéo: "Création de résistance, c’est aussi une fête populaire." Populaire dans le sens d’"ouverte", autant à différents types de créations qu’à tous les publics (entrée libre). À la suite d’un appel à tous, la Bande Vidéo a reçu une quarantaine de vidéos dont une douzaine ont été sélectionnées. En plus, plusieurs pièces ont été produites par la Bande Vidéo et ses membres. Enfin, puisque "le côté résistance artistique, c’est aussi tout présenter", précise Éric Gagnon, les bandes vidéo non sélectionnées seront diffusées plus tard en soirée, pendant que Mononc’ Serge prendra le micro.

Les mots clés de la création de résistance? Détournement de contenu, contamination formelle, appropriation. Cela donne toutes sortes d’oeuvres de contestation, souvent anti-publicitaires: "Satyriques, pamphlétaires ou expérimentales", lit-on dans le communiqué. Dans celles qui sont attendues, il faut souligner plusieurs vidéos post-Sommet des Amériques, qui articulent des points de vue en rupture avec ceux véhiculés dans les médias. La vidéo de résistance, c’est aussi des bandes comme Le Louvre en rouge de César Saëz, un film de trois minutes où l’eau des bassins de la cour intérieure du musée parisien change de couleur, ou le rigolo Soleil de carton d’Henri Bernadet et de Bernard Lemoine, du bricolage filmé, simple et efficace, qui parodie l’existence aliénée par la consommation. Une autre oeuvre attendue demeure la vidéo de cette trentaine d’artistes qui ont travaillé sur le mode du cadavre exquis, réalisant chacun un segment de 10 secondes en considérant strictement celui de l’artiste précédent. Citons aussi un des morceaux qui risquent de faire quelques vagues: le clip de Jean-François Dugas et d’Éric Gagnon où Ronald McDonald (dans un costume de Steeve Lebrasseur) visite un club de danseuses. Très "gars" comme façon de résister, il va sans dire. Il y aura donc de tout: du plus élémentaire au plus élaboré, mais toujours de qualité, nous assure-t-on. Enfin, le tout sera entrecoupé de ce qu’on appelle dans le jargon des "bumpers", comme ces quelques secondes d’un Jean Chrétien en campagne électorale auxquelles on n’a pratiquement rien changé: des images qui prennent, sous le scalpel des vidéastes, un tout autre sens.

Le 26 mai
À la salle Multi
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Bloc-notes
Fatras à l’Université Laval
Comme chaque année, les finissants et les finissantes en arts visuels de l’Université Laval exposent leurs meilleurs travaux. Dans le lot (ils sont 28), soulignons notamment l’installation de Jean-Étienne Joubert. Une habile fiction autour d’un champignon, prétexte à différentes démonstrations: tantôt il devient, par le biais de la photographie, une explosion nucléaire; tantôt, le modèle d’une sculpture de béton et de bois ou les interstices d’un réseau complexe d’alimentation; tout cela doublé d’une recherche digne d’un vrai naturaliste. Les portraits et dessins aux excroissances diverses de Cécile Garnier se démarquent également, comme celui où des lames de couteaux sortent littéralement de la photographie. Il faut aussi souligner la particularité des oeuvres de Christine St-Maur, des sculptures intégrant des parties d’animaux, une vidéo tout aussi zoomorphe et une installation de gazon artificiel parsemé de petites pattes de poules. À voir, jusqu’au 2 juin prochain.

Giorgia Volpe au Lieu
Lors de l’inauguration de son exposition, Giorgia Volpe, entourée en grande partie de ses fans, a exécuté une performance pendant laquelle elle s’est démenée lascivement dans un long tube de tissu extensible dont on ne voyait pas la fin. La dimension narrative dominait la proposition formelle, au demeurant fort intéressante. Pendant les prochaines semaines, le public pourra apprécier les grandes photocopies d’images sensuelles tapissant les murs du Lieu, et surtout la superbe bande vidéo qu’on découvre au sous-sol du bâtiment. Dans l’autre peau, jusqu’au 4 juin, au Lieu.

La Série des couvents
Si vous n’avez pas encore vu les photographies de Clara Gutsche, il vous reste quelques jours pour visiter cette exposition où l’artiste a croqué la vie retirée des soeurs cloîtrées. À la Maison Hamel-Bruneau, jusqu’au 27 mai.