Solstice des Amériques : Le jour le plus long
Le solstice d’été ne sera pas que la journée la plus longue de l’année. Ce jeudi 21 juin, l’îlot Fleurie est l’hôte d’une action militante d’animation urbaine. Invitation à une fête païenne.
La vocation culturelle et communautaire de l’îlot Fleurie n’est jamais apparue aussi essentielle que pendant le Sommet des Amériques. Trois jours et trois nuits où l’îlot a été une zone de liberté, de ravitaillement et surtout un lieu de fête dans la ville assiégée. Ce jardin consacré à l’art public est devenu, à la différence de bien des parcs urbains, un véritable lieu de rencontres. Pour commémorer la fameuse soirée du samedi 21 avril, pendant laquelle se sont réunis spontanément et pacifiquement des milliers de manifestants dansant autour d’un feu, la journée du solstice d’été était tout indiquée: "Il faut rappeler, témoigner, maintenir la flamme allumée", comme le dit si bien un des organisateurs de l’événement, Bernard Gilbert. Pour préparer cette fête à caractère païen, une cinquantaine de bénévoles se sont mis à l’oeuvre depuis quelques semaines.
À l’ordre du jour se succéderont du matin jusqu’au soir: discussions, créations de sculptures, expositions, activités dont le point culminant sera un feu du solstice. En plus de la présentation de quelque 35 photographies prises pendant le Sommet des Amériques que Gaétan Gosselin a regroupées (dont quelques-unes faisaient partie de l’exposition Pleins gaz! chez Vu), un groupe de huit étudiantes de l’École-atelier de sculpture de Québec construira une sculpture musicale faite de matériel recyclé. Hommage au tam-tam monstre du 21 avril, la sculpture servira aussi d’instrument de percussion. Dès l’après-midi, on pourra assister à une table ronde et à des débats sur les effets de la mondialisation. Le tout sera suivi d’un repas communautaire, d’une soirée de tam-tam, et au crépuscule, on présentera deux heures de matériel vidéo tourné pendant le Sommet.
Un des moments les plus attendus est sans doute l’arrivée de ce qu’on appellera désormais l’Artefact des Amériques. L’artefact, "produit artificiel d’origine humaine", s’incarne fort à propos dans la voiture de l’artiste James Partaik, calcinée par une bombe lacrymogène en avril dernier. Transportée du quartier Saint-Jean-Baptiste jusqu’à l’îlot Fleurie, elle deviendra sculpture, monument commémoratif, installée en permanence dans le jardin urbain. James Partaik constate à quel point la mémoire olfactive est évocatrice et permet de se souvenir, puisque l’odeur des gaz lacrymogènes demeure encore aujourd’hui imprégnée dans sa voiture. Une fois installée sous l’autoroute, le temps, les passants, les gens du quartier se l’approprieront, comme le souhaite l’artiste.
Le 21 juin
À l’îlot Fleurie
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De l’estampe à son meilleur
L’exposition collective de l’été chez Engramme présente les oeuvres de 16 artistes. En plus du thème "Nature et technologie" (organismes génétiquement modifiés ou clonage), le collectif s’est aussi proposé de travailler sur de grands formats. Le résultat est plus que concluant. L’exploration des grands formats a été une source de plaisir évident pour chaque artiste, en plus des réflexions fructueuses que suscitent les oeuvres sur la reproductibilité propre à l’estampe et la répétition du même, chère aux techniques de clonage. En outre, cette exposition donne une place importante à la jeune production. Une relève qui ne passe d’ailleurs pas inaperçue. Ne serait-ce que l’oeuvre de Sophie Privé, où la sérigraphie imprimée sur une grande toile côtoie parfaitement la peinture et le dessin. L’imposante chimère de Manon Bourdon, une figure féminine majestueuse, produit d’une condensation d’êtres fabuleux, fascine tout autant. On peut aussi apprécier les oeuvres de Denise Blackburn, Tania Girard-Savoie, Pauline Hébert, Michael Johnson, Paul Langlois, Louise Lasnier, Claude Michaud, Sonia Pinaud, Anne-Marie Robert, Madeleine Samson, Nicole Simard, Diane Thuot et Chanh Trung Truong. À voir jusqu’au 15 juillet.
Lauréat Marois: égal à lui-même
On ne reste jamais sur sa faim devant les oeuvres de Lauréat Marois. Depuis les années 1970, cet artiste s’est fait connaître avec un travail de sérigraphie revisitant le paysage. On le connaît aussi pour son enseignement, sans compter les nombreux prix qu’il a reçus. Le titre de l’exposition, Silence visuel, réfère, comme nous le confiait l’artiste, à son espace de création: "L’atelier est une île, dit-il. Le titre reflète cette attitude dans mon travail." De l’indicible donc, que seule la fréquentation de l’oeuvre peut élucider. Ses dessins, tantôt réalistes, tantôt pur travail de la surface, mais toujours extrêmement raffinés, expriment des dualités dépassant celle de la figuration et de l’abstraction, suscitant davantage une oscillation entre matérialité et spiritualité. À voir jusqu’au 9 juillet, à la galerie Madeleine Lacerte.