Biennale internationale d'estampe contemporaine de Trois-Rivières : Le goût de l'encre
Arts visuels

Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières : Le goût de l’encre

La deuxième édition de la Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières regroupe pas moins de 300 estampes d’une cinquantaine d’artistes provenant d’autant de pays. À l’ère de la reproductibilité technique.

On ne peut que se réjouir que cet événement ouvre ses cimaises à la production de la relève et à des oeuvres assez audacieuses, donnant du coup des airs actuels à l’estampe. D’ailleurs, on insiste là-dessus: il s’agit d’"estampes contemporaines". Le jury a donc privilégié une sélection d’oeuvres alliant la connaissance du médium avec la recherche et l’originalité. Par ailleurs, il est toujours aussi surprenant de constater que les artistes continuent de travailler ces techniques anciennes que sont la gravure sur bois, la gravure sur cuivre ou sur pierre. Impossible de nommer tous les artistes sélectionnés pour cette seconde édition de la Biennale mais, avouons-le, nos préférés puisent leurs motifs dans la société de consommation, frôlent l’esthétique de la bande dessinée, proposent parfois des critiques sociales, intègrent à l’estampe la photographie ou l’image numérique. Tantôt leurs estampes ont une facture industrielle, tantôt il s’agit d’une imagerie irrévérencieuse, ou encore on a affaire à un traitement qui rappelle celui du pop art. La plupart des oeuvres sont de grand format. Trois lieux au centre-ville de Trois-Rivières les accueillent. En parcourant les trois niveaux que compte la Galerie d’art du parc, on peut voir la plupart des estampes. Tout près, la maison Hertel-de-la-Fresnières en expose une autre partie, tout comme la Maison de la culture.

D’abord, il faut signaler les oeuvres de l’artiste indien R. Balasunbramanian, qui se démarquent avec sept grands formats, des gaufrages et des chines collés à des formes géométriques dorées et argentées sur fond sombre. Avec des oeuvres remarquables, l’Albertain Derek Michael Besant exprime différentes idées du mouvement par une juxtaposition d’images de noir et de blanc, superbement travaillées en contrastes. Il y a aussi les pièces d’Elmyna Bouchard, qui a d’ailleurs reçu le Prix de la collection Loto-Québec et dont on a vu l’excellent travail à la galerie Madeleine Lacerte au cours des dernières années; il faut voir aussi les dessins minimalistes du Belge Chris Delville, auxquels des titres comme Le Nouvel Ange à la barbe brune donnent une note onirique. Cela sans compter la frénésie du détail dans le dessin de l’Ukrainien Oleg Denisenko, la densité de la ligne de Wieslaw Haladaj, les rural satires de l’Américain Tom Hunk, proche de la critique sociale du peintre Siquieros; sans compter le travail subtil du motif de Lucio Passerini.

L’estampe, faut-il le préciser, est un travail très exigeant. C’est un médium qui, comme l’écrit Louise Desaulniers dans le catalogue de la Biennale, a le mérite d’imposer "une réflexion préalable à la réalisation de l’oeuvre". Une réflexion sur le travail à faire, qui se poursuit pendant la longue réalisation où chaque étape demeure essentielle. En outre, cette deuxième édition de la Biennale permet de constater que malgré toutes les nouvelles façons de réaliser des images, l’estampe a encore à nous dire autant sur l’image elle-même que sur la société. En témoignent les supermen du Texan Brian Johnson, les gravures sur bois de Dora Helen Mackie, les fantasmes de design industriel du Hollandais Rob Voerman (mention honorifique du jury de la Biennale). Bien que les oeuvres rassemblées dans les deux salles de la Maison de la culture de Trois-Rivières ne soient pas les plus convaincantes, il faut toutefois absolument s’y rendre, ne serait-ce que pour voir les grandes aquatintes du Suédois Magnus Hedman. De ces encres sourdent des forêts présentant la richesse de textures si spécifique à la gravure. Voilà donc réunies plusieurs pièces révélatrices des qualités qui sont si particulières à l’estampe: cette présence sensuelle de la matière, de l’encre, du papier.

Jusqu’au 2 septembre
À Trois-Rivières
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Bloc-notes
Deux gars, deux filles
L’été se déroule au ralenti dans les centres d’artistes. Sauf à l’Oil de poisson où les activités se poursuivent avec le Salon du flou, une exposition collective qu’on peut voir encore jusqu’au 5 août. Y sont présentées deux bandes vidéo d’Isabelle Hayeur, des paysages manipulés avec subtilité et pertinence. Tout en nuances encore, l’installation de petits objets bleus d’Odile Trépanier, déjà présentée à Ex Teresa à Mexico ce printemps, ainsi que des peintures de Phil Irish et d’Henri Venne complètent le tableau.

Temps d’exposition
Chaque année, l’Oil de poisson remet à un finissant de l’Université Laval le prix Tomber dans l’oeil. Celui du printemps 2000 a été attribué à Richard Lemoine. On se souvient de ses sculptures cinétiques, machines inutiles et sonores, qu’il avait alors présentées. Après un mois dans les ateliers de l’Oil, Lemoine occupe la petite galerie du centre jusqu’au 5 août prochain.