La Grande Marée : Une couleur: Rouje
L’ouverture d’une nouvelle galerie peut parfois prendre des allures d’événement. C’est le cas de celle de Rouje qui entend dynamiser la vie artistique de Québec et provoquer une rencontre entre les artistes et les acheteurs. Sans compromis.
Elle manquait dans la vie culturelle de Québec. Depuis son ouverture en 1996, dans le modeste espace de la rue Saint-Vallier Est, puis sur Marie-de-l’Incarnation, les expositions à la galerie Rouje étaient des événements franchement uniques. On y assistait à des vernissages pas comme les autres; des artistes et des amateurs d’art de divers milieux s’y retrouvaient dans une ambiance loin des mondanités rasantes. La renaissance de cette galerie, dans un lieu désormais à la hauteur de ses aspirations, promet. Ce diffuseur privé parle en termes de "décloisonnement, de diversification", "d’engagement artistique" et… d’implication dans le quartier. Avec une structure administrative souple favorisant la réalisation de projets dans de courts délais – ce qu’on ne peut que saluer -, l’équipe se laissera volontiers guider par l’imprévu, l’actualité et toutes les bonnes idées. Réagir rapidement, organiser plusieurs expositions simultanément et, surtout, ouvrir le lieu à diverses activités, lancements de disques, projections vidéo et cie, tout cela inscrit la galerie dans un créneau original et encore peu exploité.
Rouje s’est installée, on en a déjà parlé dans ces pages, dans un superbe espace situé au rez-de-chaussée d’un immeuble sis sur la rue Saint-Joseph. Le lieu a de la gueule, quoi! Pour pendre la crémaillère, l’équipe de Rouje a concocté une exposition collective réunissant une centaine d’artistes de Québec qui présenteront pour la plupart des oeuvres inédites. Des artistes de divers horizons, certains plus aguerris, d’autres de la jeune production. Des oeuvres de Chantal Gilbert, de Paul Lacroix à celles de Yanick Pouliot et de Sophie Privé en passant par des pièces de Carole Baillargeon, d’Isabelle Laverdière ou d’Helga Schlitter. Cette première exposition de la saison s’annonce peut-être éclectique – avec le risque que cela comporte -, mais assurément généreuse. En fait, cet événement est surtout une occasion de prendre le pouls de la vitalité des arts visuels à Québec. C’est ce que souhaite d’ailleurs l’organisation: "Un des objectifs, résume Éric Couture, c’est de faire un portrait le plus large possible de ce qui se passe à Québec. Si ça nous amène à découvrir des artistes, c’est tant mieux!"
Il y aura donc, sur la centaine d’oeuvres exposées, des pièces d’artistes inconnus, qui méritent d’ailleurs toute notre attention. Qu’on pense seulement aux étonnantes gouaches de Monique Dupont, qui produit selon ses fantaisies depuis une quinzaine d’années et expose pour la toute première fois; ou encore aux oeuvres d’étudiants en arts visuels, comme la sculpture de Jean-Robert Drouillard, une statue de bois gravée de graffitis, ou comme l’existentielle piste de course de Jean-François Cooke et Pierre Sasseville. De la sculpture donc, il y en aura, avec des pièces de Florent Cousineau, de Jacques Samson, de BGL et de Donald Darby. On y verra aussi beaucoup de peinture, de la photographie, du dessin, de la gravure; des oeuvres de Carlos Saint-Marie, Denis Thibeault, Marcel Jean. Évidemment, faut-il le préciser, il est impossible de les nommer tous. Il faudra donc y être en compagnie de l’équipe de Rouje qui se jette à l’eau avec, sur son radeau, une centaine d’artistes de Québec.
Du 30 août au 30 septembre
À la galerie Rouje
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