Julie Andrée T.
fait partie des artistes de la nouvelle performance. Depuis 1994, elle s’est produite maintes fois au Québec, à Toronto et en Allemagne. Son matériau principal? Son corps, dont elle teste les limites. Elle sera dans la métropole américaine cet automne pour la saison du Québec à New York, avec le Lieu évidemment, le principal ambassadeur de l’art d’action d’ici. Elle a fait ses études à l’Université Concordia et a passé une partie de sa vie à Québec; elle est d’ailleurs un des membres fondateurs du collectif d’artistes Roche Papier Ciseaux. Son travail est déconcertant par certains aspects violents, mais aussi et surtout d’un grand intérêt pour ses qualités formelles et son effet poétique. Rejointe en Allemagne récemment, elle nous expliquait comment elle élabore ses performances: "Je m’inspire beaucoup de la vie, des gens. En regardant les gens dans la rue. Et en poussant encore plus loin ce qu’on fait. En faisant des choses encore plus absurdes."
Lors de son passage au Lieu en avril dernier, elle a d’abord fixé au mur une liste des actions à exécuter. Une liste qu’elle a d’ailleurs suivie à la lettre, alternant entre l’intensité de l’action et la distance froide devant les choses à faire: "C’est là-dessus que je travaille pour les prochains mois: sur cette idée de la liste. C’est une méthode très formelle et en même temps, tu peux sortir de cette formalité et amener autre chose de très humain […]. J’aime partir de quelque chose de très structuré pour aller vers quelque chose de plus troublant." Faisant tantôt un aller à quatre pattes avec des tasses de café fixées aux pieds et aux mains, un retour en rampant au sol ou en se frappant au mur, elle incarne par son art la volonté radicale de l’artiste de transcender le quotidien et de nous faire voir notre propre aliénation. Une chose est sûre, il ne s’agit pas de représentation: "Je n’acte pas la douleur, précise-t-elle, quand je mets ma tête dans le Pepsi-cola, je le fais vraiment." Elle s’inscrit dans la tradition du body art, en explorant la capacité de son corps à assumer la douleur. Un art qui réinvente un rapport aux objets usuels et détourne les gestes quotidiens: "C’est là-dessus que je travaille. Ce que je choisis comme objet, c’est important. Il y a quelque chose de poétique ou de métaphorique. La poésie, ce n’est pas seulement le soleil, le ciel: c’est comme dans Baudelaire, il y a quelque chose d’effrayant… Y a une certaine beauté dans la violence…" Et elle sourit, en plus!
Le 7 septembre
À l’îlot Fleurie
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