Rentrée arts visuels : Dehors septembre
Des conférences à ne pas manquer, encore et encore des interventions d’artistes dans la ville, de l’art en action, de l’art dans les galeries, dans les musées. À la recherche de l’art qui questionne, enivre et dérange.
Un des événements de la rentrée, sinon des prochains jours, est sans contredit Arts d’attitudes, concocté par le Lieu. Une occasion qui permettra, pour paraphraser Richard Martel, coordonnateur du Lieu, de lier la théorie et la pratique. Ce qui fait événement, c’est le passage à Québec du critique d’art et écrivain français Nicolas Bourriaud, qui participera à une discussion (le dimanche 9 septembre à 13h – il faut réserver vos places) qui clôturera les trois jours d’"activités" se déroulant du 6 au 9 septembre prochains. Auteur notamment de l’ouvrage Esthétique relationnelle, paru en 1998, Bourriaud définit certaines pratiques contemporaines où il ne s’agit plus de produire des objets, mais de créer des situations. Un ouvrage incontournable sur l’art qui se fait. On pourra aussi entendre des habitués du Lieu: le légendaire Pierre Restany, le volubile Guy Sioui-Durand et les critiques d’art québécois Michaël La Chance et Patrice Loubier. Des artistes français et québécois seront également là – ici, comme à Montréal d’ailleurs, une partie des activités artistiques de cet automne s’intègrent à la saison de la France au Québec. C’est donc à trois jours extrêmement denses que nous convie le Lieu avec, en sus, des soirées D.J. À voir, le jeudi 6 septembre, une performance de Martin Dufrasne. Vendredi, à 17h, il faudra être au lancement du livre Art Action 1958/1998. Une brique de 490 pages publiée par Inter, qui recense l’art action depuis 40 ans, tant ici qu’à l’étranger. À voir aussi vendredi, les performances de Julie André T. et d’un autre personnage légendaire, le poétique Jean-Claude Gagnon, un artiste dont les performances sont rares; raison de plus pour y être.
On connaît maintenant l’expertise de la Chambre blanche en termes de projets in situ. C’est peut-être d’ailleurs un des centres d’artistes du Québec qui s’y connaît le plus en la matière. Leur dernier cru est exceptionnel. Sur les toits, c’est quatre artistes: Nathalie Allard, Alexie Bellavance, Florent Cousineau et Odile Trépanier, qui sont intervenus respectivement à la bibliothèque Gabrielle-Roy, sur le toit de l’édifice CDTI, sur les Ateliers du Roulement à billes et sur le toit de l’ascenseur du Faubourg. On peut d’ores et déjà apprécier les installations et cela jusqu’au 30 septembre. Du côté d’Engramme, on ne peut que se réjouir de voir déjà un solo de la jeune artiste Sophie Privée. Elle présente de grands formats vraiment extraordinaires, tout en nuances, où se côtoient sur une même surface sérigraphie, dessin et peinture. À voir absolument d’ici le 23 septembre. Après les installations photographiques dans la ville, Vu poursuivra sa deuxième Année photographique avec une exposition de Patrick Altman en duo avec Vid Ingelevics, suivis en novembre de Rodrigue Bélanger et Éric Boutin.
Une exposition collective, L’Ère des mutants ou L’Être humain dépossédé, se déroulera à la fois chez Madeleine Lacerte et à l’Oil de poisson, et se veut le volet visuel du sixième Congrès mondial de l’Association internationale de sémiotique visuelle, qui se tiendra à Québec du 16 au 21 octobre. Le titre du colloque, Le Visuel à l’ère du post-visuel, est plutôt séduisant. Faudra voir maintenant le contenu dont on ne connaît pas encore les détails. Un indice: le colloque est organisé notamment par Marie Carani, professeure d’histoire de l’art à l’Université Laval. En écho à la théorie sont réunis, par le commissaire Claude-Maurice Gagnon, chez Madeleine Lacerte, les oeuvres de Lucie Archambault, Ivan Binet, Paul Lacroix, Jean-Pierre Morin, Sophie Rauch, Gabriel Routhier, Carlos Sainte-Marie et Marc Séguin. À l’Oil de poisson se retrouveront les Guy-Ann Albert, Carl Bouchard, Nathalie Bujold, Lucie Fortin, Claude-Maurice Gagnon lui-même, François Lemay, Nicolas Roy, BGL et Jacques Samson. Tous ce beau monde donnera de la matière à penser aux sémiologues.
Débute aussi dès le 8 septembre, à la galerie Trompe-l’oeil, La Robe écrite, une exposition des oeuvres de Carole Baillargeon. C’est suffisant pour nous faire bifurquer par Sainte-Foy. Folie-Culture organise une foule d’activités dont il faut se tenir au courant, mais ce qui retient le plus notre attention, c’est le défilé de camisoles de contention à la salle Multi de Méduse, le 15 novembre prochain. Des artistes vont créer des camisoles de force à leur guise. On peut s’attendre à tout avec Pierre Beaudoin, Mariette Bouillet, Henri-Louis Chalem, Nathalie Derome, Martin Dufrasne et Carl Bouchard, Johanne Huot et Denis Simard, Christine St-Maur et d’autres. Le Musée du Québec nous réserve aussi quelques événements en art contemporain. Dès le 17 septembre, le Musée présente une importante exposition solo de l’artiste Bill Bazan, Ombres cosmologiques. Aussi attendue est l’exposition collective Ludique, sous la direction de la commissaire Marie Fraser. Elle regroupe des artistes d’ici et de France – devinez pourquoi? Y sont donc réunis des artistes "qui exploitent les potentialités poétiques, fictives et critiques du jeu", dixit la documentation de l’institution. Des noms? De la France: Adel Abdessemed, Boris Achour, notamment. D’ici: Claudie Gagnon, Sylvie Laliberté, Serge Murphy, BGL, l’excellent artiste Jean-Pierre Gauthier et Claire Savoie. Et il faudra bien évidemment compter aussi sur l’imprévu.