Ateliers de création : Les nouvelles recrues
Espace libre et communautaire, lieu d’échange et d’expérimentation, les Ateliers de création ne sont pas des ateliers d’"art-thérapie". Et le résultat, pas tout à fait de l’"art brut". À la recherche de néologismes.
Une superbe exposition se déroule jusqu’au 6 octobre prochain dans le studio d’essai du complexe Méduse. Les oeuvres – surtout de la peinture -, le montage, le lieu: tout est impeccable. Et cela, on le doit en partie à Giorgia Volpe, qui a monté l’exposition où chaque pièce est suspendue avec soin dans le vaste espace noir. Les couleurs éclatantes des oeuvres y sont parfaitement mises en valeur. Jacky Chassé, aussi animateur des ateliers d’arts plastiques, est également fier du résultat. Pendant la dernière année, les deux artistes ont guidé la vingtaine de membres participant à ces ateliers pour personnes ayant ou ayant eu des problèmes de santé mentale. Le résultat est des plus convaincants. Du reste, si quelqu’un a pu pensé que le complexe Méduse était le lieu élu d’un cercle fermé d’artistes, la seule présence des Ateliers de création dans le complexe fait la démonstration du contraire…
Les tableaux de Serg Demers pourraient presque rivaliser avec ceux de Paul Klee, la pratique de la tempera de Claude Bussières est des plus respectables. Les collages d’Andrée Bourret sont surprenants; le cahier de croquis de Ruth Veilleux, inspiré. On y voit en effet, page après page, se succéder des dessins aux titres plus évocateurs les uns que les autres: La Couleur des chiffres, La Diversité de l’être, Femme OGM. Certains dessins sont philosophiques, dira-t-elle, d’autres plus existentiels: "C’est rien qu’un jeu pour exprimer des idées, des émotions. Les dessins sont inconscients. C’est fait au hasard, poursuit-elle. Mais le titre, lui, est réfléchi." Les propos de Ruth Veilleux sont exemplaires de ce que peuvent générer les Ateliers de création, où les participants savent poser un regard sur leur travail. Et il y a de tout: du travail abstrait sur la couleur aux paysages et scènes de genre, des portraits ou de petites sculptures, en passant par des collages un peu moins sages.
On peut se demander si la fréquentation de cette production sans prétention et empreinte d’une sorte de "sincérité" – qui n’est pas nécessairement garante de qualité ou d’intérêt – commande une remise en question de nos critères d’appréciation habituels. Mais il faut peser nos mots, au risque de tomber dans les lieux communs. Anne-Claire Pilotte coordonne le projet depuis plus de deux ans et se bat littéralement contre les préjugés. Un exemple? "Dire que c’est libérateur et que c’est thérapeutique, dit-elle, c’est comme dire que l’art peut changer le monde!" Et vlan! Ainsi, la pratique de l’art, pour une personne ayant des problèmes de santé mentale, ne serait pas plus libératrice qu’elle peut l’être chez n’importe quel autre individu. Autre mise au point: dans ces mêmes pages, nous avons déjà qualifié d’"art brut" le travail que font les participants des Ateliers de création. Le terme, répandu et habituel, est loin de satisfaire Anne-Claire Pilotte: "Appeler ça de l’art brut, c’est un cliché! lance-t-elle. Quand les gens arrivent dans les ateliers, ils veulent arrêter d’être catégorisés." Nos yeux désormais dessillés, reste maintenant à trouver les bons mots…
Jusqu’au 6 octobre
Au studio d’essai de Méduse
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Bloc-notes
Nos mères
L’exposition organisée à la Galerie d’art du Tracel du Centre d’art Maison Blanchette de Cap-Rouge est, quant à elle, sans équivoque: c’est une exposition de dessins, dont 13 proviennent des Impatients (la Fondation pour l’art thérapeutique et l’art visuel du Québec). On pourra aussi y voir une vingtaine de dessins de Clémence Desrochers illustrant les récits de René Jacob. L’exposition Nos mères "amorce une réflexion sur la mère et sur la mémoire, sur la famille […] et sur la pluralité des regards". À voir aussi, pour compléter la réflexion. Jusqu’au 31 octobre.
La peinture de Jean-François Lavoie
Le projet Ouverture sur le monde offre la possibilité à des artistes d’exposer dans des cafés et des bars. On le sait, la présentation d’oeuvres dans ces conditions n’est pas toujours des plus heureuses. Mais il y a parfois des exceptions. C’est le cas des tableaux de Jean-François Lavoie, étudiant à l’Université Laval. Même si les personnages qui hantent ses toiles sont presque dépourvus d’incarnat et le traitement encore sage, Lavoie convainc tout de même par sa passion indéniable pour la peinture et un lyrisme qu’il affirme et défend. Au Clocher penché, jusqu’au 4 novembre.
Vernissages
Un des meilleurs moments pour rencontrer les artistes, ce sont les vernissages, pendant lesquels ils ne demandent qu’à échanger avec le public. Ce jeudi 4 octobre a lieu celui de l’exposition Portraits botaniques de Tanya Morand. Dès 17 h chez Rouje. Le vendredi 5 octobre, ce sont les photographies de Patrick Altman et de Vid Ingelevics ainsi que l’installation de Diane Morin qu’on inaugure chez Vu, dès 20h.