Le visuel à l’ère du post-visuel : Aux postes!
Le visuel à l’ère du post-visuel , c’est le thème du 6e Congrès mondial de l’Association internationale de sémiotique visuelle, qui se poursuit jusqu’au 21 octobre. En parallèle, plusieurs expositions s’en font l’écho. L’art du temps présent.
Le commissaire Claude-Maurice Gagnon a réuni à l’Annexe de la galerie Madeleine Lacerte et à l’Oil de poisson les oeuvres de quelque 17 artistes. À la Galerie des arts visuels de l’Université Laval, Je pense donc je sens regroupe les travaux d’artistes des arts médiatiques. Serge Légaré y a rassemblé des pièces de Mario Bergeron, Éric Gagnon, Jean Dubois, Robert Saucier et les fascinantes photographies de Lynn Hughes questionnant l’identité. Même si la culture du post-visuel est associée d’emblée, comme elle l’est par exemple chez Saucier, à l’avènement des technologies dans tous les champs de l’image, pour le commissaire de L’Humain (dé)possédé ou l’Ère des mutants, Claude-Maurice Gagnon, "le post-visuel, c’est la possibilité de pouvoir travailler dans une multitude de perspectives. Ce serait autoritaire de dire que le post-visuel, c’est la technologie". Un débat par expositions interposées donc, qui montre aussi dans quelle mesure les artistes rejettent, utilisent les technologies ou y adhèrent. D’ailleurs, il faut aussi voir le travail d’estampes numériques de Suzanne Chabot et de Jacques Ste-Marie, présenté actuellement chez Linda Verge. Leurs propositions montrent comment l’image numérique cherche et parvient à égaler la facture, voire la richesse de l’image picturale.
À l’Oil de poisson sont réunis les oeuvres de Guy-Anne Albert, Nathalie Bujold, Nicolas Roy, Jacques Samson. L’installation de Carl Bouchard, toujours aussi éloquent avec ses photographies et son travail de sculpture, l’atelier de Lucie Fortin où chaque fragment porte un sens et les portraits numériques de François Lemay, les plus incarnés qu’ait réalisés l’artiste. Le projet serait incomplet sans les superbes oeuvres présentées chez Madeleine Lacerte. Les drôles et étranges sculptures de Lucie Archambault, les manipulations d’images d’Ivan Binet, les photographies toujours étonnantes et incontournables de Paul Lacroix, une sculpture hérisson de Jean-Pierre Morin, les clones de Sophie Rauch, l’immanquable portrait de Michel Foucault signé Gabriel Routhier et la peinture de Carlos Ste-Marie et de Marc Séguin. Ces oeuvres réunies résonnent dans l’actualité pour le commissaire chez qui de la notion de post-visuel à post-humanité, il n’y a qu’un pas. Un pas franchi par l’homme qui se sent peut-être l’égal de Dieu, mais pour qui envisager le futur est devenu extrêmement difficile.
L’Humain (dé)possédé ou l’Ère des mutants
Jusqu’au 28 octobre
À l’Oil de poisson et à la galerie Madeleine Lacerte
Je pense parce que je sens
jusqu’au 28 octobre
À la Galerie des arts visuels de l’Université Laval
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Bloc-notes
Québec Ateliers ouverts
Dernière des deux fins de semaine des Ateliers ouverts. Les 20 et 21 octobre prochains, 57 artistes ouvrent leurs ateliers au public et seront là pour discuter de leur travail au grand jour. Ce projet témoigne de la vitalité de la création en arts visuels à Québec et la nouveauté et la force de cette nouvelle édition, c’est la place faite à la relève. La vitalité des arts visuels à Québec n’est pas sans s’appuyer sur une volonté des pouvoirs politiques et Gaétan Gosselin, directeur des arts visuels au Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), invite la communauté artistique "à aller voter [aux prochaines élections municipales] pour que Québec demeure un chef de file dans le secteur culturel". Une exposition des oeuvres d’artistes participants se déroule à la bibliothèque Gabrielle-Roy où on trouve également les dépliants du parcours à suivre pour la visite des ateliers.
Shirin Neshat au MAC de Montréal
C’est une des plus importantes expositions d’art contemporain à voir cet automne. Les oeuvres de l’artiste new-yorkaise, originaire d’Iran, restent longtemps en mémoire, tant par leur qualité esthétique que pour ce qu’elles évoquent. Non seulement parce que les films et les photographies de Shirin Neshat imposent un temps d’arrêt, mais aussi parce qu’elles nous introduisent au monde musulman où les hommes et les femmes vivent dans des univers parallèles. Avec des oeuvres comme celles-là, on ne se demande plus à quoi sert l’art… Jusqu’au 13 janvier 2002 au Musée d’art contemporain de Montréal.
Un, deux, trois: Rouje
Si vous n’avez pas encore fait un saut chez Rouje, sachez qu’on inaugure ce jeudi à 17h la troisième exposition du mois: celle des photographies de Mathieu Avery. En plus des magnifiques petits tableaux de Tania Morand exposés depuis le 4 octobre et de la forêt d’acajou et de chêne d’Yvon Noël, quatre sculptures savamment travaillées occupent l’espace parfaitement.
De l’art pompier avant la lettre
Quelques mots sur l’exposition Les Génies de la mer au Musée du Québec. Quoiqu’on respecte a priori le travail sur l’art historique, il faut bien avouer que toutes ces figures de proue, dont certaines sont gigantesques (comme le pompeux buste de Napoléon 1er vêtu en empereur romain), et autres sculptures ornées de dorures, témoignent d’une esthétique à la limite du supportable. Et si ce n’était que cela. Toutes ces décorations navales proviennent d’anciens navires et autres vaisseaux de guerre français. Si on doute, ne serait-ce que quelques secondes, de la pérennité de la culture occidentale, tout cela a de quoi rasséréner… Reste le catalogue (aux couleurs dorées et bleu royal!), dont les infos historiques et encyclopédiques demeurent, il faut en convenir, instructives. Allez tout de même y jeter un coup d’oeil, quoique la soirée avec Loco Locass et Guy Sioui-Durand commentant l’oeuvre de Riopelle, ce vendredi à compter de minuit, risque d’être un peu plus passionnante…