Double Breath / Double Souffle : Chercher l’inspiration
Avec l’installation Double Souffle, l’artiste italien SILVIO WOLF revisite les chants de gorge traditionnels inuits en travaillant sur notre dualité linguistique. Mots cachés.
Si un des aspects du travail d’artiste en résidence est de considérer les spécificités, voire l’esprit d’un lieu, l’approche de l’artiste italien Silvio Wolf est à cet égard exemplaire. Ce n’est pas le premier séjour au Québec de ce photographe devenu vidéaste et dont la pratique intègre désormais une dimension sonore. Lors de son exposition au Musée du Québec en 1999, il est intervenu dans les cellules de l’ancienne prison en introduisant des reproductions de tableaux québécois des XVIIe et XIXe siècles. Depuis le début d’octobre, il travaille à la Chambre blanche dans cet espace neutre, dont il veut à tout prix conserver l’état premier par des interventions immatérielles et intangibles. Bien avant son arrivée de Milan, Wolf s’est proposé de travailler sur la coexistence du français et de l’anglais, si spécifique au Québec. Cela peut sembler un peu agaçant, puisqu’il s’agit bel et bien pour nous d’un lieu commun et, surtout, d’une question mille et une fois recensée. Il s’est aussi intéressé, en bon Européen, non seulement à notre dualité linguistique, mais également à une des langues des peuples d’origine, l’inuktitut, et aux chants de gorge traditionnels inuits. À ces réserves (ce n’est pas un jeu de mots), il répondra que les Nord-Américains visitent bien Pompéi quand ils vont en Italie… Ainsi, ce ne sont pas les questions politiques qui l’ont particulièrement intéressé, mais davantage la volonté d’aller aux origines afin de parvenir à un autre niveau de compréhension de la coexistence des différences.
La première étape de son travail a consisté en une cueillette de mots: "J’ai fait une collection de mots. Des mots entendus dans la rue, au café, dans une librairie, à l’église, au musée", raconte l’artiste manifestement passionné par ces recherches singulières. Un artiste apparemment comblé de se retrouver dans cet atelier laboratoire. Les mots qu’il a attrapés au vol, ce sont par exemple: débâcle, patience, chemin, nuit blanche, ministère des âmes ou bien touch, cold fire, streets, book, rising sun. Rapidement, il a réalisé que c’était davantage le son plutôt que le sens qui l’interpellait. Il a ensuite choisi de les faire réciter, puis chanter, a rapidement trouvé des interprètes, une femme et un homme, la première francophone, le second anglophone. Ce sont leurs voix que nous entendrons dans l’espace de la Chambre blanche; des voix que nous pourrons aussi entendre à la place D’Youville. Deux voix se répondant comme dans les chants de gorge inuit, forme toute désignée pour exprimer sa définition du souffle et du langage: "Dans ma conception, écrit-il, la notion de respiration est le signe primaire de la vie autant que le signe d’une communication entre les hommes. Parler et respirer sont inséparables l’un de l’autre: la respiration unifie la nature des êtres autant que les paroles peuvent les séparer…" Les variations du souffle émis par les voix sont mesurées et la projection vidéo d’un oscilloscope nous informe de leur cadence; aux murs, une photographie et une projection diapositive. Au sol: la translittération en inuktitut des mots recueillis par l’artiste. Des mots qui deviennent dès lors de purs signes visuels et des codes abstraits à déchiffrer. Vernissage: le vendredi 26 octobre, à 20h.
Jusqu’au 4 novembre
À la Chambre blanche
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Bloc-notes
Tranchez/Coupez/Hachez
Cette saison, le Lieu s’est donné comme objectif de soutenir particulièrement la jeune production et le travail en collectif. Cette fin de semaine, ce sont les Fermières obsédées qui occuperont un local désaffecté de la rue du Pont. Annie Baillargeon, Mélissa Charest, Eugénie Cliche et Catherine Plaisance continuent de s’approprier pour mieux les parodier les activités propres aux Cercles des Fermières. On ne sait trop ce qu’elles nous réservent cette fois: préparation de gelée de pommettes? morcellement en fragments d’une catalogne? Pour l’heure, on peut affirmer qu’on assistera à la distribution d’"éléments de leur construction" qui nous permettront de conserver leurs images. Action performative le samedi 27 octobre à 20h; projection vidéo dimanche entre 18h et 20h. Au 390, rue du Pont.
Michel Saulnier en résidence chez Engramme
Cet artiste de Saint-Jean-Port-Joli, reconnu pour son travail de tableaux-assemblages de bois peint, a réalisé une vingtaine d’oeuvres d’art d’intégration des arts à l’architecture, et ses sculptures font partie de plusieurs collections. Michel Saulnier est actuellement en résidence d’édition dans les ateliers d’Engramme et présentera le résultat de son travail de gravure sur bois le vendredi 26 octobre de 16h à 18h.