Année photographique à Québec : Duel à la caméra
Chez Vu, la deuxième Année photographique se poursuit avec la production de RODRIGUE BÉLANGER et d’ÉRIC BOUTIN. Dans la salle européenne, ÉVANGÉLINE LEBLANC présente un film photographique. De l’irrévérence et du lyrisme.
Le titre de l’exposition des photographies de Rodrigue Bélanger et d’Éric Boutin est tout à fait à la mesure des oeuvres exposées. En écho à Rose & Tétanos viennent tout de suite Éros & Thanatos. Les deux titres évoquent à leur manière les pulsions de vie et de mort. Mais surtout, ce titre se moque, sans équivoque mais gentiment, des références à la mythologie grecque, encore fréquentes chez certains artistes en arts visuels. Mais l’irrévérence n’est pas que le lot du titre. Chez Rodrigue Bélanger et Éric Boutin, énième duo à explorer la formule de la deuxième Année photographique à Québec, consistant à la production à quatre mains d’une série d’oeuvres, c’est le travail photographique même qui est mis en question. Les deux comparses, armés de leurs ciseaux et autres exactos, ont joyeusement altéré autant les négatifs que les impressions papier. Ici, une assiette est incrustée dans le paysage, là, ce sont des collages, une couche de peinture ou de vernis; autant de traces qui viennent rompre le calme et l’impassibilité de la surface photographique.
D’une photographie à l’autre, on retrouve une facture loin du rendu léché qu’on nous sert le plus souvent en photographie. Même si le résultat pourrait être encore plus radical – et quoique ce ne soit pas nécessairement "nouveau" -, cette production a le mérite de remuer une certaine conception du fini photographique. Ainsi, elle n’apparaît pas seulement comme une production en laboratoire, mais aussi comme celle d’un travail d’atelier. Le résultat se présente sous forme de diptyques et de triptyques mettant en lien les différentes prises de vue qui demeurent, quant à elles, plus conventionnelles. Outre les poussières et autres accidents, on s’attarde au parcours de la lune, aux lumières sur la ville; au détail d’un paysage industriel ou à une vue d’atelier. Pour Boutin et Bélanger, "il y a un sens, mais il n’est pas déterminé par des liens littéraux. Ce sont des liens de l’ordre de la perception". Presque à l’autre bout du spectre des possibles, on peut voir dans la salle européenne le film photographique de la designer graphique Évangéline Leblanc, produit dans le cadre de sa maîtrise en arts visuels à l’Université Laval. S’y déploie une succession de photographies doublée d’un récit poétique. En plus des qualités difficilement contestables des prises de vue, Évangéline Leblanc fait la démonstration de l’utilisation du multimédia – son film ayant été réalisé à partir du logiciel Director. La transformation de l’espace de la galerie en salle de cinéma permet au dispositif de fonctionner pleinement. En fin de compte, la proposition de Bélanger et de Boutin et celle de Leblanc s’opposent autant par leur facture que par leur propos: la première est d’un matérialisme avoué aux discours volontiers ironiques, la seconde plonge plus candidement dans l’immatérialité et le lyrisme.
Jusqu’au 25 novembre
Chez Vu
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Vidéo 101
Avec Trames horizontales/Défilement vertical, le Musée du Québec pose un jalon de plus dans son implication pour la diffusion de l’art actuel. Le Canada et le Québec ont déjà une tradition importante en production de vidéo d’art. En témoigne la sélection de bandes québécoises et canadiennes choisies par la commissaire Anne Golden. Une vidéaste montréalaise à qui Antitube consacrait d’ailleurs, l’année dernière, une soirée de programmation vidéo.
Au Musée, on se réjouit de voir les six cellules du pavillon Charles-Baillargé se prêter si bien à l’expérience. Chaque espace offre en effet un lieu privilégié pour la présentation de vidéos. On peut y visionner le troublant vidéo de Chantal duPont ainsi que ceux de Richard Fung, Nelson Henricks, Manon Labrecque, Sylvie Laliberté et Paul Wong. S’ajoute aux projections dans les cellules la présentation des oeuvres d’une trentaine d’artistes, trois heures de vidéos programmés les jeudis et dimanches après-midi. On y trouve un peu de tout: de la recherche strictement formelle aux récits de vie; de la frivolité de Sylvie Laliberté à la contemplation sombre et quasi mystique de Suzanne Vachon, en passant par le délirant anti-lipsync d’Ana Rewakowicz. C’est d’ailleurs une oeuvre de Rewakowicz qui occupera dès décembre – à la suite de celles de Claudie Gagnon et de BGL – le hall du Musée du Québec. Jusqu’au 30 novembre au Musée du Québec.
Vernissages
Le Lieu inaugure, ce jeudi 8 novembre dès 20 heures, l’exposition Exhaler… inhaler, une "installaction" de trois artistes d’Irlande du Nord: Brian Connolly, Brian Kennedy et Alastair MacLennan. Chez Rouje débute aussi ce jeudi dès 17 heures, l’exposition des oeuvres d’Isabelle Laverdière. Une artiste qui a participé récemment à plusieurs événements collectifs et dont l’exposition solo est très attendue.