Atom Egoyan au MAC : Mémoire collective
Atom Egoyan a besoin de vous. De passage à Montréal la semaine dernière, pour annoncer qu’il effectuera une résidence au Musée d’art contemporain (MAC) afin d’y créer une oeuvre, le célèbre cinéaste en a profité pour faire appel à la collaboration du public.
Pour réaliser sa création, qui sera présentée au MAC en septembre 2002, Atom Egoyan souhaite que le public lui prête des magnétophones (pour bande magnétique 1/4 de pouce) datant des années 50, 60 et 70… De plus, il désire obtenir des souvenirs relativement à l’usage de ces machines! Que va-t-il donc faire de tout ça? Une pièce un peu nostalgique sur la mémoire? Ce serait mal connaître le cinéaste. Ce dernier entreprendra plutôt une réflexion sur la notion de communauté.
"La société est avant tout une question de générosité individuelle. Avec ce geste de venir porter une enregistreuse ou de venir raconter une histoire liée à cet objet, s’énonce avant tout une manière d’entreprendre un dialogue avec autrui. Une forme de voyage pour énoncer son appartenance à un groupe. Ainsi, je veux réfléchir sur comment se forment les communautés."
En invitant Atom Egoyan au MAC, le Musée d’art contemporain continue un projet des plus intéressants, celui d’ouvrir ses portes à des pratiques de divers univers artistiques et à des créateurs multidisciplinaires. Le public se souviendra de l’installation de François Girard, présentée à l’automne 99, et produite dans le cadre de cette résidence.
Ceux qui voudraient participer à ce projet se renseignent au numéro (514) 873-8888 ou sur le site www.macm.org. On peut aussi communiquer directement avec l’artiste à l’adresse suivante: [email protected].
Clark persiste et signe
Ça y est, la Galerie Clark déménage! Après maintes pressions scandaleuses des propriétaires de l’immeuble où il est situé – en ce mois de novembre, la galerie n’est pas chauffée! -, ce centre d’artistes a trouvé de nouveaux locaux. Il quitte la rue Clark, où il était depuis 1982, chassé par la spéculation immobilière et les condominiums.
La galerie ne va pas pour autant perdre de vue son mandat unique dans la communauté montréalaise. Dans ses nouveaux locaux, au 5455, rue De Gaspé, dans le Mile-End, elle continuera d’offrir aux artistes un service d’atelier de menuiserie, avec un espace plus grand. Mais il y aura une nouveauté notable: la galerie sera située au rez-de-chaussée, avec des vitrines donnant sur la rue. Comme le souligne Yann Giguère, membre de la galerie, cela afin que "l’art soit aussi vu par des gens qui ne mettent jamais les pieds dans une galerie". Quant au choix du lieu, il a été motivé par le fait que "cet immeuble est déjà occupé par plusieurs ateliers personnels et que le quartier est habité par de nombreux artistes". Giguère va même jusqu’à croire que "plusieurs galeries nous suivront. En fait, nous sommes des précurseurs"!
Les activités débuteront en février 2002 pour les ateliers, et en mars pour la galerie, avec un événement surprenant… Suivront deux solos de peinture de Numa Dallaire et Luce Meunier.
Comme dernière exposition au centre-ville, Clark propose une intervention de Glassbox, un centre d’artistes autogéré à Paris. Depuis 97, il s’est spécialisé dans des interventions hors-murs en France et à l’étranger. On retiendra surtout de l’ensemble la participation d’Eric Frost Tabuchi. Sa pièce I Love Neil Young qui reprend le logo I Love New York, ou encore ses photos d’une ruine moderne jouent intelligemment sur des ambiguïtés visuelles et narratives.
Jusqu’au 2 décembre
Au Centre d’art Clark
L’art de la mode
Trente photographes portent un regard sur autant de couturiers français: voilà l’expo Motif(s), déjà montrée en 2000 dans le métro parisien sur des panneaux publicitaires et qui aurait gagné à être ainsi exhibée à Montréal. Ce qui apparaît inusité dans un espace public très passant ne l’est pas nécessairement dans un lieu comme le Centre de design de l’UQAM, où l’on s’attend à voir ce type d’intervention. Néanmoins, quelques photos valent le détour.
L’image de Filippa Lidholm pour Christian Lacroix est fabuleuse, à la fois digne de Richard Billingham et de Donigam Cumming. C’est sans aucun doute la photo la plus originale, même si l’idée d’utiliser un modèle âgé n’est pas, loin de là, une innovation. Pourtant, même les filles branchées de la série télé Absolutely Fabulous, folles groupies de ce couturier, seraient stupéfaites devant cette image criarde…
Jean Pierre Domingue, pour Balmain, s’inspire astucieusement d’Helmut Newton. Il montre un jeune homme torse nu remontant avec une cravache la jupe d’une fille aux poignets attachés… Quant à l’imaginaire de Tan Kadam, pour Christian Louboutin, il est proche de l’esthétique de Kiki Smith.
Le tout n’est pas inintéressant, mais le problème est que, justement, trop souvent, on flaire une source d’inspiration dans l’art contemporain ou plus ancien. Ici, une pietà façon Michel-Ange; là, une reprise de l’esthétique de Sam Taylor-Wood… Quand la mode de l’art devient l’art de la mode. Le système publicitaire récupère plus vite qu’Imelda Marcos achetait des chaussures!
Jusqu’au 11 novembre
Au Centre de design de l’UQAM