Paul Béliveau : À livre ouvert
Le plaisir de la représentation, du rendu en trompe-l’oeil, de la juxtaposition d’images à décoder: tout ce qui caractérise l’art pictural de PAUL BÉLIVEAU y est. Garder son sang-froid.
Paul Béliveau s’en donne à coeur joie, c’est bien évident. En voyant la douzaine de tableaux qu’il présente à la galerie Estampe-Plus, on constate qu’il ne s’est en effet privé de rien. Passionné, travailleur acharné, il expose plusieurs des tableaux de sa production récente en même temps dans des galeries de Toronto et d’Ottawa. Ces mises en scène picturales, ce sont des natures mortes, des chroniques de vie et du temps qui passe, plus simples toutefois et sans le côté moralisateur trop appuyé des mémentos mori anciens. Des natures mortes auxquelles il fait, dans certains cas, l’honneur de grands formats, mais on n’en est plus à se conformer aux normes académiques. Ces normes qui se déplacent au gré des formes admises, dont il faudra bien parler un jour. Les tableaux de Paul Béliveau alliant le dessin et la peinture font se rencontrer des images qui établissent entre elles un dialogue, souvent basé sur des contrastes entre la nature et la culture. Le dispositif est à peu de chose près le même d’un tableau à l’autre: au premier plan les reproductions de livres, Goya et son temps, The World of Titian, parfois de vieux livres, d’autres d’occasion représentés pour leur seule qualité plastique. On reconnaît les collections, on fait l’inventaire des noms qui apparaissent, découvrant dans chaque tableau les lectures qui alimentent le travail du peintre. Paul Béliveau se plaît à nous faire voir un tableau de Van Gogh, La Dentellière de Vermeer dont il reproduit à son tour les reproductions. Dans certains tableaux les arrière-plans sont majestueux, on y voit les chutes de la rivière Chaudière ou l’escalier d’un palais italien.
Ce travail est le résultat d’une performance technique absolument singulière, d’un "métier" ancien que Paul Béliveau a développé à sa façon. C’est un très bon dessinateur, cela ne fait pas de doute. Ces tableaux à l’acrylique se rapprochent presque du rendu des oeuvres classiques, mais sans les tonalités de toutes ces toiles anciennes qui dorment dans les musées. Non, ce sont des couleurs plus vives, des couleurs pures, nous rappelant qu’on est bel et bien en 2001. Heureusement. Certes, cette peinture fascine par la qualité du rendu. On est séduit par la brillance des surfaces, la richesse des fausses étoffes de velours peintes à l’acrylique et, ma foi, c’est possible: par la précision de l’imitation. Et, il y a l’opulence de la présentation, les encadrements de bois cossus qui n’ont rien d’anodin. Dans ces oeuvres opère un désir de séduire où le dessin domine. Le dessin dans lequel l’artiste a peut-être tout investi. Est-ce nécessaire de le dire, on est à mille lieues d’une expression des pulsions vitales! Pas de sang, pas de peinture dégoulinant sur la surface. Pas de faux pas. Et pourtant, c’est une peinture rare possédant ses propres qualités, notamment celle de parvenir à nous communiquer toute la passion de Paul Béliveau pour l’histoire de l’art et son plaisir de peindre. Ces tableaux nous apparaissent quand même bien sages, nous abandonnant à notre quête d’exaltation et de recherche de l’inconnu.
Jusqu’au 22 décembre
À la galerie Estampe-Plus
Voir calendrier Arts visuels
Bloc-notes
François Mathieu chez REGART
François Mathieu, qui peut nous compter parmi ses nombreux fans, présente son travail récent au centre REGART à Lévis. En 2000, il a notamment obtenu le prix Événement Videre pour une oeuvre d’intégration à l’architecture, deux superbes peaux de vache tendues faisant office de continent. Rendez-vous au vernissage le dimanche 2 décembre, à 14h. Nous étions, et nous sommes encore, jusqu’au 23 décembre.
À la recherche de frissons?
C’est vrai, comme le titre le suggère, qu’on a la chair de poule en voyant la production que propose Jacky Chassé à la petite galerie de l’Oil de poisson. Une étrange installation dont chaque élément est aussi singulier que peuvent l’être les pièces de Pierre Hamelin, qui utilise également des os d’animaux et des figures empaillées. Mais ici, chaque objet est soigneusement travaillé: un renard empaillé sort d’un chapeau sortant lui-même d’une petite armoire, un drôle d’oiseau perché dans des habits ultra-sophistiqués et des objets au sol: bustes féminins et os calcifiés. Un univers noir, presque cauchemardesque, mais juste assez curieux pour ne pas l’ignorer. Une chair de poule au-dessus de l’ordinaire, jusqu’au 9 décembre prochain.
Avoir 20 ans
Vu fête son 20e anniversaire en grand. Depuis 1981, pas moins de 200 artistes ont exposé dans ce centre de diffusion et de production photographique. Plus de 80 artistes feront partie de l’exposition collective soulignant le 20e anniversaire et des oeuvres-souvenirs seront en vente. L’inauguration de l’exposition sera suivie d’une soirée avec le D.J. Marc B. Le vendredi 30 novembre dès 20 h.