Eija Keskinen : Corps de travail
Celle qui croit dur comme fer que le père Noël vient de Finlande s’est transformée, depuis son arrivée en septembre dernier, en véritable fan de la Vieille Capitale. EIJA KESKINEN nous offre un livre-souvenir de son passage dans la très belle ville de Québec. Réjouissant.
En résidence depuis septembre au Studio d’artiste international de Méduse, l’artiste finlandaise Eija Keskinen est enchantée par son séjour au Québec. La preuve? Du Château Frontenac aux drapeaux de Québec et du Canada, elle s’est tatoué les icônes incontournables qui s’offrent aux premiers regards des visiteurs du monde entier. Elle a reproduit l’image de sainte Anne sur son épaule, le célèbre château sur son dos, un béluga sur sa poitrine, une fleur de lys sur son avant-bras. Une collection d’images d’Épinal ayant pour support son propre corps. Ces tatous, elle a pris bien soin de les photographier et en a fait de petits livres: un journal de bord où elle s’adresse à sa mère, lui décrivant son périple. Le livre permet de diffuser ses dessins, mais c’est aussi une façon de faire un pied de nez à certaines conceptions de l’art: "L’art est souvent pour une élite, nous rappelle-t-elle. Les gens croient qu’ils doivent payer cher… D’ailleurs, tout le monde connaît Monet parce qu’ils ont vu ses oeuvres dans un Taschen!"
D’abord peintre, Eija Keskinen imprime ses livres d’artiste depuis 1994. Le premier, With Love, With Love, reproduisait des photographies de 12 femmes posant avec leur fleur ou leur plante préférée. Des images doublées de descriptions des végétaux: une première écrite par les modèles elles-mêmes et une seconde résultant des recherches plus "scientifiques" de l’artiste. Avec With Love, Macho Love ce sont des hommes flanqués de leurs véhicules favoris – voitures, bicyclettes, motos – que l’on découvre page après page. Un de ses plus récents opus, This Ultimate Thing, collige des têtes de mort et autres squelettes qui peuplent les t-shirts, les bijoux ou la peinture ancienne. Le tout est agrémenté d’une discussion des plus sérieuses entre "La Reine des Catacombes" et "The King of Trash". Le livre rose et noir se termine sur une citation du Marquis de Sade: "Il n’est pas de meilleur moyen pour se familiariser avec la mort, que de l’allier à une idée libertine." De l’univers de la moto à celui du squelette, on se rapproche lentement de celui du tatou…
Fascinée par le travail d’un artiste tatoueur et par toutes ces images que les gens inscrivent sur leur corps, Eija Keskinen s’est intéressée à ces ornements corporels. Évidemment, le travail qu’elle a réalisé se distingue de celui des artistes du body art qui testent les résistances du corps allant parfois jusqu’à la souffrance. Il s’avère aussi infiniment plus soft que les oeuvres de l’artiste belge Wim Delvoy par exemple, qu’on a vues à la Biennale d’art de Québec à l’automne 2000, où des peaux de porc tatouées étaient exposées comme des tableaux. Ici, le corps de l’artiste est simplement le support de figures aux traits volontiers naïfs; donnant un art à la facture pop, au ton (apparemment) léger. Les chutes Montmorency ou un garde du 22e régiment: Eija Keskinen n’a rien négligé pour immortaliser son séjour, qu’elle illustre d’un coup de crayon à la fois psychédélique et proche de l’esthétique de la bd. Ce récent opus sera probablement le prétexte à de nouveaux tableaux. Pour l’heure, les photographies qu’on y retrouve allouent une seconde vie à cet ensemble de tatous pittoresques. Vernissage en présence de l’artiste, le jeudi 13 décembre dès 17 h à la petite galerie de l’Oil de poisson.
Du 13 au 17 décembre
À la petite galerie de l’Oil de poisson
Voir calendrier Arts visuels
Bloc-notes
Curieux/Curiosités
Deux photographes forment un duo dont on peut voir les oeuvres à la Galerie des arts visuels. Ève Cadieux a photographié des vêtements de poupée épinglés sur des fonds sombres. Ses grandes photographies évoquent des souvenirs d’enfance qu’on devine secrets et précieux. Quant à Françoise Cormier, les dizaines de clichés qu’elle présente sont des photographies de passants, croqués de la fenêtre de son atelier montréalais. Délibérément banales, mais ô combien évocatrices, elles rappellent le caractère fugitif propre à la photographie. Une qualité qu’on retrouve à la fois dans le geste du photographe et dans l’apparition momentanée du sujet photographié. À voir jusqu’au 21 décembre prochain.
Vernissage à Baie-Saint-Paul
Le Centre d’exposition de Baie-Saint-Paul inaugure, le vendredi 15 décembre dès 16 h, une exposition de tableaux de Rita Letendre, réunis par le commissaire Hedwidge Asselin. Née en 1928, Rita Letendre a participé à plusieurs expositions aux côtés des signataires de Refus global. Elle poursuit depuis plusieurs décennies une oeuvre picturale où dominent la couleur et le geste. Jusqu’au 30 mars 2002.
Lancement
Folie/Culture lance son Petit Dictionnaire des idées reçues sur la folie et autres considérations. Cette fois, il s’agit d’un flip book (quelle bonne idée!) avec 263 entrées et un folioscope de l’artiste saguenéenne Sylvie Cotton. Vous en voulez un vous aussi? L’objet sera en vente lors du lancement ce jeudi 13 décembre dès 17 h. Chez Rouje.