Xi’an, capitale éternelle : Maîtres anciens
La Chine fascine: Mao, les dynasties, le taï chi. L’exposition Xi’an, capitale éternelle ne vient rien démythifier. Tant mieux.
Selon l’horoscope chinois, l’année qui commence sera celle du Cheval. La légende remontant au VIe siècle veut que ce soit Bouddha qui ait invité les animaux du royaume aux célébrations du nouvel an. Une petite sculpture de pierre (un objet parmi des dizaines d’autres) les représente autant qu’ils sont: Rat, Boeuf, Lièvre, Tigre, Dragon, Coq, Chien, Cochon, Chèvre, Serpent, Singe et Cheval. Bouddha aurait attribué à chacun une année, donnant à cet horoscope un cycle de 12 ans. Deux mille deux sera donc l’année de celui qui peut courir 500 km par jour. Voilà un exemple des savoirs orientaux que révèle une visite au Musée de la civilisation, où se déroule une sympathique exposition sur la ville de Xi’an, qu’un reportage photographique de Michel Bouliane sur la Chine contemporaine vient compléter comme un point d’orgue. Mais, avant de s’émerveiller devant les statues de bronze, les vases anciens, les petits objets de jade ou ceux ornés d’or et d’argent, permettons-nous d’abord de bifurquer un peu vers l’actualité. Étant donné l’arrivée récente de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce, et puisque Québec et Xi’an sont désormais deux villes jumelées, comment ne pas penser que cette exposition tient ici peut-être plus qu’un rôle culturel? Tel qu’on peut le lire dans le communiqué du Musée, cette ville a joui d’"un rayonnement qui a connu son apogée avec la dynastie des Tang et qui témoigne, bien avant son temps, de la globalisation des marchés et de l’ouverture des frontières aux influences multiples". Mais parlons plutôt d’art.
Les 130 objets nous arrivent depuis Xi’an en Chine et témoignent de la "splendeur, du raffinement de cette capitale antique". Cette ville a été pendant près de 2000 ans (de 1050 av. J.-C. à 907 ap. J.-C.) la capitale de 13 dynasties. Et les artefacts réunis sont de belles portes d’entrée dans la culture chinoise. Plusieurs de ces objets résultent de fouilles effectuées dans des tombeaux autour de palais et de temples de Xi’an et de sa banlieue. Les vedettes de l’exposition, ce sont les soldats de terre cuite de la dynastie des Qin (celle qui a fait construire la Grande Muraille). Des photographies nous les montrent dans leur habitat initial, dans des tranchées où les statues avaient d’abord élu domicile. Les soldats protègent d’ailleurs toujours le tombeau du premier empereur. On y découvre aussi des objets plus inusités, comme un godemiché de pierre, de la dynastie des Zhou, symbole néolithique de fertilité représentant "la puissance générative des ancêtres". L’exposition comporte aussi plusieurs statues, dont une de Bouddha souriant légèrement, "reflétant la paix qui découle de l’atteinte du nirvana, destruction complète de l’ego et libération du cycle des renaissances de ce monde". Une des façons d’échapper à la "fatalité du devenir" selon nos lectures sommaires. Cette notion de nirvana a aussi été reprise par Freud (tiens!) "pour désigner la tendance de l’appareil psychique à supprimer toutes les tensions en vue d’atteindre la constance parfaite comme plaisir dernier", dixit le Robert historique… On s’égare? Ce n’est pourtant qu’un des nombreux chemins vers lesquels peut nous mener une visite au Musée de la civilisation…
Jusqu’au 2 septembre
Au Musée de la civilisation
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Bloc-notes
Cinq à sept, porto et séduction
La collection L’Image amie des Éditions J’ai vu fait se rencontrer écrivains et photographes et leur offre un espace de création commun. Le premier ouvrage paru en novembre 2000 regroupait des textes d’Herménégilde Chiasson et des photographies d’Ivan Binet, Paul Lacroix, Nathalie Caron, Richard Baillargeon, Denis Thibeault, Giorgia Volpe, André Barrette et Joanne Tremblay. Le plus récent, achevé d’imprimer "la veille des premières neiges" en novembre dernier, rassemble des photographies de François Lamontagne et des textes de l’écrivain Stanley Péan. On connaît le travail du premier, ses installations et photographies où s’articule la relation avec soi et les autres. Quant à Stanley Péan, en plus de sa pratique de critique littéraire, il a publié une quinzaine d’ouvrages. Dans Cette étrangeté coutumière, il est surtout question d’amour et de couple, de cocktails et autres cinq à sept où on entend jouer Just One of Those Things. On n’est pas en terrain inconnu. Et, malgré quelques saines et nécessaires réserves en début de lecture, la quarantaine de pages se lisent avec un réel plaisir. Les photographies de François Lamontage et les textes de Stanley Péan demeurent indépendants, mais jamais étrangers.
Cette étrangeté coutumière
de Stanley Péan (textes)
et François Lamontagne (photos)
Éditions J’ai vu
2001