Bettina Hoffmann : Moi et l'autre
Arts visuels

Bettina Hoffmann : Moi et l’autre

BETTINA HOFFMANN vit et travaille à Montréal et à Berlin. Ses superbes et fascinantes photographies sont présentées pour la première fois à Québec chez Vu. L’artiste ou le don  d’ubiquité.

Quatre femmes discutent autour d’une bouteille de vin, deux amies se font des confidences étendues sur un lit, six autres vêtues de noir sortent de funérailles, un groupe pose sur le bord de la route. Ces images, d’abord banales, prennent un tout autre sens quand on réalise que ces femmes sont toutes la même personne, comme l’écrivait d’ailleurs fort pertinemment Si Si Penaloza lors de l’exposition des oeuvres d’Hoffmann à la galerie torontoise YYZ. Cette même personne qu’on retrouve dans ces photographies, c’est l’artiste elle-même multipliée, clonée, sujet de ces étranges mises en scène. Elles sont étranges, ces photographies, notamment parce qu’on n’y perçoit nulle trace des manipulations de l’image. Elles s’apparentent d’abord en fait à toutes celles qui prétendent à la transparence si spécifique à ce médium par excellence de la représentation. Et c’est ainsi que nous sommes déjoués par la technologie, comme l’écrivait Josée Vinette dans Etc Mtl en juin 2000 à propos des oeuvres de Bettina Hoffmann présentées alors chez Optica. Mais, évidemment, ce n’est pas tout. Les photographies de cette série intitulée Affaires infinies montrent, comme le proposait encore Vinette, non seulement la construction et la fabrication de l’image féminine, voire la perte d’identité, mais aussi que ce traitement des images est désormais démocratisé, puisque chacun peut avec son propre ordinateur modifier à sa guise son image. On est obligés, comme d’autres l’ont fait, de convoquer ici le célèbre "Je est un autre" d’Arthur Rimbaud et toutes les questions identitaires qui s’ensuivent; la relation que l’on a avec soi-même, si déterminante et représentative de celle que l’on a avec les autres. Cette réflexion nous introduit aussi aux propos de la seconde série d’oeuvres de cette exposition, Maître et Chien. Production récente de l’artiste, ces photographies mettent en scène des humains dans la position du meilleur ami de l’homme: l’artiste à quatre pattes buvant dans un bol déposé sur une table, un homme assis sur un tapis qui prend la posture d’un chien, alors que son maître derrière se prélasse sur un divan. Dans cette série, comme dans celle des Affaires infinies, on perçoit encore et toujours cette tension, cette incertitude provoquée par l’incongruité de l’image qui nous invite à explorer les profondeurs psychologiques de l’identité, de la ressemblance et de son corollaire: l’altérité. Incontournable.

Jusqu’au 10 février
Chez Vu
Voir calendrier Arts visuels

Bloc-notes
L’oeuvre de Denis Juneau au Musée du Québec
Il faudrait parler plus longuement de la très belle exposition rétrospective de l’oeuvre de Denis Juneau. D’abord parce que l’exposition Ponctuations au Musée du Québec, présentée jusqu’au 7 avril prochain, nous fait découvrir ce peintre de la seconde génération des plasticiens de Montréal, tournant autour de Guido Molinari et de Claude Tousignant notamment. La première génération, moins radicale, s’est formée autour de 1955 avec les artistes Louis Belzile, Jauran, Fernand Toupin. Bref, il faut absolument voir les tableaux géométriques de Denis Juneau, ses jeux optiques des années 1960, ses magnifiques cercles bleus et orangés, de même que ses sculptures, dont Archétypes, trois demi-cercles de 1958, qu’on garde en mémoire, mais aussi de très beaux tableaux des années 1980 et d’autres plus récents, plus en transparence. Il faut souligner le remarquable travail de L’Atelier in situ, qui a réalisé la conception du design de l’exposition, et bien sûr celui de la commissaire Nathalie de Bois.

Vernissage
Les inoubliables vernissages quasi hebdomadaires sont d’ores et déjà recommencés chez Rouje. On inaugure cette semaine l’exposition des tableaux de Laurent Gagnon. La date et l’heure? Jeudi 24 janvier dès 17 h. L’exposition se poursuivra jusqu’au 10 février prochain au 228, rue Saint-Joseph Est.

Appel d’offres
Le Conseil de la culture des régions de Québec et Chaudière-Appalaches invite les artistes en arts visuels vivant dans les arrondissements 1, 3, 4 et 8 (c’est un code) à proposer des oeuvres afin de leur permettre de se faire connaître chez eux, qu’ils vivent à Saint-Nicolas ou à Beauport. Les dossiers sont à remettre avant le 8 février 2002. Pour plus d’information sur ce projet de la nouvelle ville, contactez Andrée Lapointe au 523-1333.