Thierry Froger : Crever l’écran
Avec des fragments de corps projetés sur des écrans plus inusités les uns que les autres, l’installation de THIERRY FROGER nous habille pour mieux nous déshabiller. Projection et identification.
Thierry Froger est un jeune artiste français sorti de l’École régionale des beaux-arts de Nantes en 1996. Depuis, il a produit un nombre considérable d’oeuvres, dont plusieurs réalisées lors de l’année du post-diplôme international de l’ERBAN. Cette école, une des plus dynamiques de France, avec celles de Marseille et de Paris, a formé plusieurs artistes français importants, dont certains étaient présents au Musée du Québec cet automne lors de l’exposition Le Ludique. C’est à la Chambre blanche que revient l’honneur d’accueillir le jeune artiste pour son premier séjour au Québec. Froger présente une installation de projections de vidéos, de films Super 8 et de diapositives. Sorte de mise au point et de tour d’horizon de ses préoccupations, son installation intègre autant des oeuvres réalisées depuis 1998 que de nouvelles réalisations qui nous permettent d’envisager l’envergure de son travail. Le problème de l’écran motive son intérêt pour l’histoire (ou plutôt la pré-histoire) du cinéma et pour le caractère éphémère de ces images projetées: du théâtre optique du XIXe aux lanternes magiques du XVIe siècle, jusqu’à la caverne de Platon, mythe par excellence sur l’illusion des images.
Des écrans de cinéma au saint suaire – ce linceul qui a servi à essuyer le visage du Christ et sur lequel il aurait laissé son empreinte -, il n’y a qu’un pas: "L’écran qui reçoit l’image-lumière, écrit l’artiste, serait au fond une catégorie de suaire particulière qui ne garderait aucune trace de la rencontre, une véronique sans capacité d’absorption iconique." Ces supports de l’image représentant des fragments du corps, ce sont les spectateurs eux-mêmes qui les portent, invités à se vêtir de vêtements blancs dès leur entrée à la Chambre blanche. Ce sont aussi des draps immaculés suspendus ou des bacs remplis de neige. Les écrans en mouvement côtoient aussi un écran fait d’une boule de neige suspendue sur laquelle sont projetées quelque 80 têtes de révolutionnaires guillotinés de 1789 à 1797: de Louis XVI jusqu’à Robespierre, en passant par Charlotte Corday (celle-là même qui a assassiné Marat dans son bain tel qu’immortalisé par Jacques-Louis David). Au fur et à mesure que se succèdent les têtes, la boule de neige fond. Thierry Froger ne craint pas de faire des liens historiques ou linguistiques qui alimentent son travail. C’est ainsi qu’il relie le dispositif de la guillotine à celui de l’appareil photo, et le saint suaire à l’écran. Trop de discours? Soyez sans crainte, il y a aussi des résultats. Vernissage le vendredi 8 février dès 20 h.
Jusqu’au 24 février
À la Chambre blanche
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Bloc-notes
Festival du cyberart du Studio XX
C’est la cinquième édition de ce festival d’arts médiatiques montréalais présentant des oeuvres produites exclusivement par des femmes. Cette année, le Studio XX s’est associé à la Chambre blanche et présente un volet du Festival à Québec. Au programme, une oeuvre dans le Web de l’Américaine Christa Erickson, une performance art-réseau en direct à compter de 13 h le samedi 9 février, suivie d’un atelier ergonomique pour la parfaite cybernaute. Également au programme, une présentation de Caroline Gagné et, à 21 h, La Morue, une performance de Diane Landry qu’il faut, nous a-t-on dit, ab-so-lu-ment voir. Dimanche, ça se poursuit avec une présentation de Christa Erickson, de Mariela Yeregui et d’Odile Trépanier, suivie de Agua Alta, une performance de Pascale Trudel. Les 9 et 10 février prochains, à la Caserne Dalhousie.
Vernissages
On inaugure l’exposition des oeuvres de Jocelyn Gasse, à la Galerie de l’Université Laval, le jeudi 7 février dès 16 h. Suivra chez Rouje, le vernissage d’Expo’d’colle, un collectif d’une vingtaine d’artistes qui ont réalisé des collages pour l’occasion. Les Jean-François Lavoie, Sophie Privé, Nicolas Laverdière, Jasmin Bilodeau, Ulysse Dubois et Odile Trépanier seront de la partie. Le 7 février dès 17 h sur la rue Saint-Joseph. Autre vernissage à ne pas manquer, chez Madeleine Lacerte, où on inaugure l’exposition des tableaux de Claude Guertin. Vendredi 8 février dès 17 h.
Regart
En plus de son appel de dossiers régulier pour la programmation 2002 et 2003, dont la date de tombée est le 15 février, Regart veut, avec le projet Interligne, intéresser les artistes de la relève à exposer, pour la première fois, leurs oeuvres liant l’écriture et les arts. Date limite: le 29 février prochain. Pour plus d’info: 837-4099.
Est-Nord-Est
Le Centre Est-Nord-Est invite les artistes et les commissaires à proposer leur candidature pour les séjours en résidence pour les années 2002 et 2003. Fondé en 1987, le centre situé à Saint-Jean-Port-Joli a conservé son caractère des plus conviviaux et sa réputation n’est plus à faire. Qui dirait non à quelques semaines au bord du fleuve? Date limite: le 28 février prochain.