Jocelyn Gasse : Production industrielle
La peinture de JOCELYN GASSE fait partie de celle qu’il faut voir et revoir. On la dit sombre, mais aussi exceptionnelle. Paysage industriel.
Devant les tableaux de Jocelyn Gasse, on ne peut que s’attarder longuement. Pour découvrir d’abord la fougue de cette peinture où chaque trait est peint avec ardeur, où les rouges, les verts, les ocres attisent la surface et s’imposent à nous. Pour y déceler ensuite ici deux personnages en conversation (en règlement de compte?), y deviner là deux chiens se suivant sur le bord d’une flaque d’eau, et percevoir, enfin, un oiseau sur un fil électrique. Une faune qui se retrouve au milieu de zones industrielles, ces lieux qu’on reconnaît sans pour autant les avoir vus. Comme les bâtiments de l’usine Daichowa où Gasse s’adonne depuis longtemps à des séances de dessin d’observation, tel un pèlerin arpentant les arrière-cours de centres commerciaux colligeant des souvenirs de l’environnement urbain. Il s’inspire de ces lieux qui n’intéressent personne, tel qu’il le dit lui-même. Ces paysages, comme Gasse en fait depuis 20 ans (il a fait pas moins de 400 tableaux, petits et grands), sont désormais ponctués de voitures, un rouge dont on devine la forme, une vieille bagnole bleue aux phares étincelants: autant de motifs qui viennent équilibrer la surface comme le fait une tache de couleur dans une composition abstraite. Le profil d’une autoroute à l’horizon, les automobiles garées sur des pans de couleurs, les architectures qui apparaissent ici et là, tout cela donne une résonance actuelle à ces grandes compositions. Certains pourront dire que Jocelyn Gasse fait encore et toujours le même tableau, mais pour qui le découvre et apprécie sa peinture, elle témoigne d’une maîtrise remarquable de cet art.
C’est la première fois de Jocelyn Gasse présente une série de tableaux de grands formats et il occupe à lui seul magistralement les cimaises de la Galerie des arts visuels de l’Université Laval. Leur dimension, qui nécessite une implication physique du peintre, commande aussi celle du spectateur. Ce sont des tableaux sombres, au sens propre comme au figuré. Ils sont en effet tout sauf calmes et tranquilles; loin du champêtre, du bucolique et du pastoral. Plutôt tourmentés, en fait. D’ailleurs, ce sont les sujets noirs animant sa peinture qui ont tenu sa production à l’écart du réseau des galeries privées. Et puis, il y a aussi la technique sur laquelle nous devons faire un arrêt obligé, tellement elle s’impose. Gasse peint à l’huile, "par nécessité" et ce médium confère à ses tableaux une grande richesse. On pourrait rapprocher sa palette et sa fougue de celles de Delacroix, par exemple. En fait, cela fait si longtemps que Gasse s’est intéressé aux peintres romantiques français, que ce sont les spectateurs qui lui rappellent ses filiations historiques. Ces références, elles sont surtout liées à la technique. À l’exemple de plusieurs peintres, Gasse n’utilise pas de blanc. C’est la surface même de la toile qui joue ce rôle et qui lui permet d’obtenir cette profondeur si particulière. Un simple détail? C’est pourtant là que loge le secret des ciels dans les tableaux de Gasse comme de ces horizons où quelques lignes deviennent une architecture. Et il y a surtout la couleur appliquée tantôt au doigt, tantôt au pinceau et ces traits vifs qui occupent tout le champ entre les bâtiments industriels, les voitures et les humains. Comme si l’air matérialisé par la peinture devenait tout à coup perceptible.
Jusqu’au 3 mars 2002
À la Galerie des arts visuels
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Bloc-notes
Bill Vincent, en duo avec lui-même
C’est LA semaine de cet artiste talentueux et toujours fort apprécié. Il nous offre deux expositions solos coup sur coup. D’abord, chez Rouje, Bill Vincent présente Vanitas, un ensemble de peintures réalisées autour de l’idée du passage du temps… Voilà sans doute une autre façon d’exprimer le passage du temps. Mais on peut faire confiance à Bill Vincent, la pertinence de sa production n’a rien d’éphémère. Le vernissage a lieu le jeudi 14 février dès 17 h sur la rue Saint-Joseph. Le lendemain, Vincent récidive avec une exposition de gravures chez Engramme. L’inauguration a lieu le vendredi 15 février dès 17 h.
Diane Landry au Mois Multi
Le Mois Multi se poursuit avec Mody Bleach (de Grenoble) le 21 février, une performance audio et cinématographique, coproduite par Antitube et Recto-Verso. Mais d’abord, il faudra voir les deux interventions de Diane Landry: le vendredi 15 février à 19 h, elle présentera la performance Le Bras laurentien, qui sera précédée par l’inauguration de son installation École d’aviation (présentée à Boston, à la Mercer Union de Toronto et à la Biennale de Montréal), dont le vernissage a également lieu le 15 février à compter de 17 h. Jusqu’au 24 février, au Studio d’essai du complexe Méduse.