Le Regard de l'Autre : Habiter le centre
Arts visuels

Le Regard de l’Autre : Habiter le centre

Poser un regard sur soi, dans le silence et la plénitude, se connaître soi-même… c’est l’invitation que nous lance BGL. Design intérieur.

BGL

marque encore un point. Cette fois-ci, c’est au Lieu avec une installation qui donne tout son sens à cette pratique. Le trio de "sculpteurs-installateurs" révolutionne presque le genre. Et ce n’est pas de l’inflation verbale. Leur bunker de bois et de carton transforme l’espace qu’on reconnaît à peine et reprend le dispositif que le trio a expérimenté au Musée d’art contemporain (MAC) cet automne. On peut en effet voir l’installation de deux points de vue, qu’on vous laissera expérimenter par vous-même. Après l’Abondance difficile à regarder au Musée du Québec, À l’abri des arbres, au MAC, Le Regard de l’Autre nous transporte dans un univers beaucoup plus épuré, où chaque élément à une fonction. C’est un espace zen dans le sens fort du terme. L’installation est composée de deux salles qui occupent la galerie mur à mur. Des espaces construits de toutes pièces pour favoriser l’introspection. En même temps, on a l’impression de sortir d’une séance de massage ou d’entrer dans un étrange sauna. Les serviettes blanches sont disposées avec soin; les bouteilles d’eau bien rangées. Ici et là, des clins d’oeil à une certaine rhétorique clinique de l’art contemporain.

Dans la première pièce, on découvre un étalage de divers miroirs. Première étape (quand même subséquente au stade du miroir de Lacan), où on rencontre son propre regard et celui des autres, leur acquiescement, leur reconnaissance… Ah! le miroir et son reflet qui nous trompe et nous fascine! Puis, la seconde pièce se présente comme un espace propice au retour sur soi. Sur un tapis trône une longue et étroite cheminée transparente s’élevant jusqu’au plafond. Un tube d’adduction transportant des volutes de fumée tout droit sorti du sol. LA pièce de résistance. Magnifique. Métaphore du temps qui passe, le dispositif circulaire semble conduire l’encens qui revient sous la forme de fines gouttes d’eau. Elles s’écoulent une à une et tombent dans un petit bassin noir (un miroir d’eau) sur lequel on se penche tel Narcisse en quête de son image.

C’est un bon exemple d’esthétique relationnelle doublée d’une sensibilité hors du commun au monde. Une sorte d’écho de la société, comme le précisait Jasmin Bilodeau. La résonance, pourrait-on ajouter, de la recherche de sens qui refait surface, même si on ne cesse de se dire que notre bonheur est proportionnel à notre richesse. Heureusement, il y a constamment, dans les propositions de BGL, ce côté délibérément bancal de la construction qui nous ramène sans cesse à l’opacité de la matière et nous rappelle que, malgré la facture réaliste, on est encore dans la fiction. Et, ultime plaisir: on peut, si on le désire, voir l’envers du décor. Ces trois artistes demeurent donc toujours aussi ingénieux. Même qu’ils font dans le méta-recyclage, puisqu’une bonne partie des matériaux utilisés pour cette installation provient de leur installation du MAC. On retrouve encore dans cette oeuvre une rare limpidité du propos et le sentiment que les possibilités de significations sont inépuisables. En somme, c’est un centre de ressourcement des plus convaincants: l’église idéale, le lieu du pèlerinage de l’amateur d’art. Autel pour athée en quête de sens.

Jusqu’au 17 mars
Au Lieu

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Bloc-notes
Autour de l’oeuvre de Rita Letendre
Dans le cadre de son exposition sur l’oeuvre de Rita Letendre, le Centre d’exposition de Baie-Saint-Paul invite le public à une conférence de Hedwidge Asselin sur la carrière de l’artiste le samedi 2 mars prochain à 15 h. On y procédera également au lancement de la publication Rita Letendre, Le Feu et l’Esprit, signée par l’historien d’art François-Marc Gagnon et à la projection du film Les Couleurs de l’émotion, réalisé par Michel Moreau.

Jean-Claude Gagnon chez REGART
Dans l’univers de la performance à Québec, Jean-Claude Gagnon occupe une place bien particulière. On doit admettre faire partie de ces gens qui craquent devant cet artiste dont la personnalité prend toute son ampleur sur scène. Il est aussi un des principaux instigateurs de l’art postal à Québec, avec le collectif Réparation de poésie. Ainsi, il a depuis de nombreuses années colligé un nombre impressionnant de montages, livres d’artistes et maintes publications qu’il présente au centre d’artistes de Lévis. Lors du vernissage, on pourra assister à une performance, une conférence et un atelier d’art postal. Le dimanche 3 mars à 13 h chez REGART. L’exposition se poursuit jusqu’au 24 mars.

Kino ou comment présenter de la vidéo autrement
Ce rassemblement de créateurs de partout au Québec se donne comme défi de produire des petits films en un temps record. Le plus intéressant, c’est que toutes les bandes vidéo que les gens amènent sont présentées sans aucune sélection ni censure. C’est la diffusion vidéo démocratisée. Et ma foi, la dernière cuvée nous a fait passer de très bons moments. La prochaine soirée Kino a lieu ce dimanche 3 mars, à 20 h chez Rouje au 228, rue Saint-Joseph.