Sculpture-nature : Briser la glace
Ce ne sont pas les frontières élargies de la nouvelle ville qui nous ont amenés jusqu’à Cap-Rouge, mais la seconde édition de l’événement Sculpture-nature et la sympathique exposition à la Galerie d’art du Tracel. De neige et de bronze.
Le Centre d’art Maison Blanchette organise pour la deuxième année son événement Sculpture-nature pendant lequel les cinq artistes de la Galerie d’art du Tracel, aidés de leur équipe respective, sculpteront des glaciers échoués sur la grève du Saint-Laurent. Ce centre d’art, avec ses ateliers d’artistes, ses cours et sa galerie, est un des lieux culturels les plus dynamiques de l’ouest de la nouvelle ville. Et, qualité non négligeable, le lieu offre un point de vue privilégié sur le fleuve, la rivière Cap-Rouge et le Tracel qui la traverse. Le marathon de sculptures est doublé d’une exposition-vente regroupant des oeuvres d’artistes de la galerie; Pierre Dolbec, Thérèse Blanchet-Dolbec, Carmen Guay, Michel O’Connell-Guibord et Céline G. Lapointe présentent des pièces d’aluminium, de pierre, de bronze et de résine. Des artistes très actifs, qu’on pense notamment à Céline G. Lapointe, qui travaille autant le marbre que le bronze. Mais ce qui donne une dimension particulière à cette exposition, c’est qu’on peut y voir aussi une douzaine de sculptures provenant du Musée du bronze d’Inverness. Se côtoient donc des oeuvres contemporaines et plusieurs éditions (non pas les bronzes réalisés par les artistes eux-mêmes mais par le Musée d’Inverness) d’oeuvres d’artistes québécois reconnus, notamment Alfred Laliberté, Suzor-Côté, Louis-Philippe Hébert et d’autres plus récentes de Roger Langevin et de Charles Daudelin.
Entre toutes, deux petites sculptures de Charles Daudelin retiennent particulièrement l’attention. Ce sont des bronzes réalisés par l’artiste, dont le Prince de 1999, peut-être les plus modernes de l’exposition. Dans la sculpture de Daudelin en effet, l’objet est complètement émancipé du socle, alors que la plupart des oeuvres présentées dans l’exposition demeurent fixées à des bases. Cela leur donne, il va sans dire, un caractère plus conventionnel. Les sculptures de Daudelin, quant à elles, sont mises en situation réelle. Un exercice auquel se livreront d’ailleurs les cinq artistes qui tailleront à coups de ciseaux, de râpe et de hache des blocs de glace sur la grève. Ces glaciers, dont les strates de différentes textures de glace marquent le temps, les artistes les transformeront dimanche le 10 mars de 11 h à 15 h 30 pendant la marée basse. Dès 16 h, les morceaux de glace repartiront au gré des courants. Si le bronze, ce matériau noble par excellence, fascine tant, c’est pour sa pérennité. Une qualité qui contraste avec celle de la glace, dont la dimension éphémère et périssable commande une approche différente. À la discrétion des artistes.
Jusqu’au 12 mars
Au Centre d’art Maison Blanchette
Voir calendrier Arts visuels
Bloc-notes
Horizon vertical
Quelques mots sur les oeuvres récentes de Denise Blackburn chez Estampe-Plus. Ces gravures affirment une assurance et une plénitude exprimées par le travail de la ligne, par de superbes compositions formant des paysages de nuances comme on en retrouve dans l’art oriental. Incidemment, Denise Blackburn travaille sur des papiers chinois, les surfaces sont colorées au thé ou à l’acrylique et ponctuées du vif trait de pointe sèche qu’on lui connaît. La remarquable Suite Fabriano, 12 gravures presque totalement encrées de noir, variation à partir d’une même plaque, est une des bonnes raisons pour faire un saut à la galerie Estampe-Plus. Y expose également l’artiste française Nathalie Verdier. Jusqu’au 21 mars prochain.
Sacré dedans
Le sculpteur François Mathieu, qui occupe la Petite Galerie de l’Oil de poisson, est parvenu par un tour de force à donner une rare ampleur à cet espace. Une immense cloche de métal a été suspendue au plafond de la petite pièce. L’ingéniosité de cette oeuvre, référant à notre folklore religieux et architectural, réside dans la façon dont s’y est pris François Mathieu pour introduire l’imposante machine dans l’espace. À découvrir. Jusqu’au 24 mars.
Bestiaire du futur
Jean-François Fillion présente un faux muséum d’histoire naturelle à la galerie Trompe-l’Oil. Ces simulacres transgénomiques constituent les pièces d’un bestiaire du futur: ossements et crânes d’homme-éléphant, d’homme-cheval ou d’homme-chat. Des sculptures de résine présentées sous verre, dont certaines sont accompagnées de véritables radiographies donnant une troublante vraisemblance à la proposition. Jusqu’au 17 mars.
Un art viscéral
Il faut aller voir les oeuvres gravées de Bill Vincent chez Engramme. Cette production est plus austère que ses tableaux présentés récemment chez Rouje. Mais la qualité du travail d’estampes, que les connaisseurs et les amoureux du travail de la matière reconnaissent, demande qu’on s’incline bien qu’on ne déborde pas d’enthousiasme pour les sujets et l’iconographie ( le passage du temps et la mort exprimés par la représentation d’organes et autres fragments de chair. Exigeant. Castel Caro et autres histoires, jusqu’au 17 mars.