Martin Bureau : Il danse avec les loups
Tableau dans le tableau, commentaires sur la peinture, sur les images; paysages, architectures et portraits condensés, le travail de MARTIN BUREAU en est un de fiction. Zapping pictural et bleus métalliques sur toile.
Martin Bureau fait partie de ces jeunes artistes qui pratiquent la peinture avec conviction. Son approche dialogue de diverses façons avec la photographie à partir de laquelle il travaille depuis le tout début de sa production. Il imite la trame de l’écran cathodique, tente de convertir les signaux magnétiques en peinture et parsème ses tableaux de pixels. Il s’intéresse autant à la facture de la vidéo numérique qu’à celle de l’écran de son vieux téléviseur. Tout cela concourt à donner à sa peinture un encrage dans le monde présent. Le plus souvent, Bureau construit l’image pour ensuite l’altérer. Mais surtout, il peint avec un égard pour la matière et une sensualité qui font de sa peinture une expérience physique. Cette peinture (à l’huile) que la lenteur d’exécution pourrait confiner à un autre âge, mais qui parvient pourtant à s’inscrire dans le monde contemporain en posant notamment un regard particulier sur l’abondance, maintes fois décriée, des images qui nous entourent.
Il faut le préciser, le travail de Bureau déborde le champ strict de la peinture. Il a réalisé des vidéoclips, notamment pour Fred Fortin, dont il a aussi illustré la pochette du dernier album, fait des clips pour WD-40 et Martin Lapalme, des photos pour Mara Tremblay, Steve Faulkner. Depuis 1996, il a participé au Symposium international de la nouvelle peinture de Baie-Saint-Paul, exposé ses tableaux dans les maisons de la culture de Montréal, au Musée de Rimouski, aux galeries Trompe l’oeil, Estampe-Plus, Madeleine Lacerte et bientôt à la galerie Lonsdale de Toronto. Sans compter que ses tableaux font partie de divers collections privées et publiques. L’essentiel, c’est que sa peinture semble toujours plus intelligible, ces propos sur l’art et sur la profusion des images se raffinent. Et sa pratique de la peinture semble suivre cette courbe ascendante. Les différents procédés – le "métier", pourrait-on dire – sont davantage intégrés et laissent la place à une exploration encore plus décontractée.
Pour ce deuxième solo chez Lacerte, Martin Bureau propose 18 tableaux: 6 imposantes toiles, dont La Meute, parodie des mondanités artistiques où le peintre s’est aussi mis en scène – un tableau, d’ailleurs, dont le Musée du Québec est déjà l’heureux propriétaire. Entre tous, ce sont les grands formats qui font le plus d’effet: les compositions comme l’ironique À propos de rien (2000), l’énigmatique Le Pacte (2002), Le Problème du texte (2001) et l’immense Dériver en surface (2002), bâtiment fragmenté englouti par les glaces du Saint-Laurent. Cet ensemble de grands formats est accompagné par la série Random, 12 tableaux formats écran télé qui sont le début d’une longue série à venir. Ces tableaux sont le résultat de zapping visuel: "La série Random a été super libératrice, raconte Bureau. Je pouvais me permettre n’importe quoi… Ça m’ouvre plein de possibilités." L’exposition est doublée d’un événement notable, on procédera en effet lors du vernissage au lancement d’une monographie intitulée Martin Bureau Écran-époque. Peintures/paintings 1996-2002, très beau livre publié par les Éditions Les 400 coups, qui permet d’envisager l’ensemble de l’oeuvre du peintre. L’éditeur en surprendra d’ailleurs plus d’un en publiant une monographie du travail d’un si jeune artiste. Les textes de Colette Dugas, Suzie Larivée, André Fortin et Martin Bureau accompagnent les quelque 49 reproductions d’oeuvres. Incontournable.
Jusqu’au 22 avril
À la Galerie Madeleine Lacerte
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Bloc-notes
Jocelyn Robert, récipiendaire
Jocelyn Robert, président fondateur d’Avatar et artiste multidisciplinaire, recevait en février dernier le premier prix de la catégorie Image du Festival d’arts médiatiques de Transmediale de Berlin, festival du même acabit qu’Ars Electronica à Linz en Autriche. Robert a reçu ce prix pour une réalisation vidéo-informatique, L’Invention des animaux. Une oeuvre qui n’a pas encore été diffusée ici. Pour Claudine Moquin, d’Avatar, l’Association de création et diffusion sonores et électroniques: "On est contents, parce qu’enfin les arts bizarres sont reconnus…"
La ville nouvelle selon Denis Thibeault
Les photographes qui fréquentent les laboratoires de Vu connaissent bien Denis Thibeault. Ce que l’on sait moins toutefois, c’est que le technicien de laboratoire est doublé d’un créateur discret dont on a trop rarement l’occasion de voir le travail. La galerie du Hall d’entrée du Cégep de Lévis-Lauzon lui a offert ses cimaises où on peut voir, jusqu’au 28 mars prochain, cinq photomontages où Thibeault reconstruit à sa façon quelques immeubles de la ville de Québec.