Paméla Landry : Touche-moi
À Saint-Jérôme, une mini-rétrospective des dernières années du travail de Paméla Landry a lieu ces jours-ci au Centre d’exposition du Vieux-Palais. Même si je n’aime guère la lecture pseudo-féministe et simpliste par laquelle les critiques (et même l’artiste) ont tendance à expliquer et limiter son oeuvre, voici une bonne occasion de revoir ses créations exposées ici et là, entre le Musée du Québec en 2001 lors de l’expo Le Ludique, et plusieurs galeries comme B-312 ou La Centrale.
À Saint-Jérôme, une mini-rétrospective des dernières années du travail de Paméla Landry a lieu ces jours-ci au Centre d’exposition du Vieux-Palais. Même si je n’aime guère la lecture pseudo-féministe et simpliste par laquelle les critiques (et même l’artiste) ont tendance à expliquer et limiter son oeuvre, voici une bonne occasion de revoir ses créations exposées ici et là, entre le Musée du Québec en 2001 lors de l’expo Le Ludique, et plusieurs galeries comme B-312 ou La Centrale.
Ma pièce préférée est sans nul doute Le Centre de la caresse présentée en janvier dernier chez Optica. Voilà une oeuvre qui rappellera aux amateurs d’art le gazon parlant et appelant à le toucher de l’expo La Pelouse en Amérique du Centre canadien d’architecture. Différents types d’objets hybrides y demandent notre participation: un étrange punching-bag dans lequel on enfouit ses mains; un matelas accroché au mur évoquant les portes capitonnées des bureaux de certains notables, notaires ou médecins – mais aussi les tapis d’entraînement des gymnases – attend qu’on s’y appuie; une sorte de gros contenant entouré d’une ceinture invite à des caresses sur ses parties les plus délicates… De ces objets sont émises alors par une voix très douce des paroles faisant penser à des slogans de pubs: "Repose-toi, je suis là"; "Sois sans inquiétude, je m’en occuperai"; "Vous, vous savez me faire plaisir"…
Voilà un dispositif à la fois consolateur et inquiétant! Car, en fait, à qui se déleste-t-on ainsi du poids de nos vies? Qui console-t-on par nos caresses? Juste des systèmes mécaniques symboliques des systèmes de pouvoir et de force de nos sociétés? Cette oeuvre arrive à créer une distanciation – exactement ce qu’il faut – par rapport aux discours du réconfort qui hante nos systèmes de représentation sans que cela tombe dans l’ironie si conventionnelle de nos jours. Le spectateur s’y verra faire, conscient de son désir de réconfort et des moyens parfois stupides par lesquels il y arrive.
L’installation Tes yeux, tes seins, tes mains, ta bouche est, quant à elle, bien révélatrice du fonctionnement du désir si on fait attention à ne pas la réduire à une simple critique de la libido masculine. Elle y perdrait de sa force. Bien sûr, ce petit train, qui se promène dans la galerie, chargé d’un ballon de foot, d’un autre de soccer ainsi que de deux balles de base-ball, symbolise les fesses, le sexe et les seins d’une femme. Mais est-ce pour cela qu’on doit y lire nécessairement une attaque de la manière – puérile? – dont le corps de la femme est vu par les hommes. L’amour et le désir que l’on porte à un être passent aussi par une parcellisation de son corps sans que, pour autant, il s’agisse absolument d’une réification malsaine de celui-ci. Et puis, surtout, la féminité a-t-elle besoin à ce point de la masculinité et de ses symboles pour se construire elle-même?
Insistons: ce n’est pas le féminisme qui pose ici problème. Bien au contraire. Mais c’est la littéralité avec laquelle certains plaquent ces théories sur les pièces de Landry qui est appauvrissant pour l’oeuvre. Heureusement,bien souvent les pièces de cette artiste dépassent cette limite.
Jusqu’au 28 avril
Centre d’exposition du Vieux-Palais à Saint-Jérôme
À signaler
La Fondation Daniel-Langlois et le studio de création Époxy Communications viennent d’annoncer une nouvelle bien intéressante. Ensemble, ils ont élaboré un DVD-ROM sur le célèbre artiste Michael Snow. Plus de 80 oeuvres s’y retrouveront et, bien sûr, une section entière sera dédiée à sa fameuse série des Walking Woman. L’utilisateur pourra plonger dans l’univers de Snow grâce à de multiples reproductions photographiques, mais aussi par des animations et simulations 2D/3D, des textes, des dessins et notes de l’artiste, des enregistrements sonores, des extraits de films, une bibliographie ainsi que des répertoires et outils de recherche. Le lancement est prévu pour octobre 2002. À surveiller.