Sylvette Babin : Sans discipline fixe
Artiste de la performance, de l’intervention et de la vidéo, SYLVETTE BABIN n’a pas d’atelier et expose rarement son travail en galerie. À la Chambre blanche, elle est devenue, pour quelques semaines, sédentaire. Présent idéal.
Les notions d’interdisciplinarité, d’hybridité, de rapports au corps et à l’autre prennent tout leur sens quand on envisage le travail de Sylvette Babin. Rien à voir avec un discours à la mode: pour cette artiste, il ne peut en être autrement. Son oeuvre se mesure avec les mots intégrité, nécessité, intensité. L’artiste montréalaise originaire de Gaspésie fait un travail de performance qui n’a rien de spectaculaire; il en est ainsi également de sa production vidéo, de même que des multiples interventions qu’elle a réalisées depuis quelques semaines dans l’espace de la Chambre blanche. Son approche de la performance se veut aussi "dénuée de représentations anecdotiques", comme elle l’écrivait dans la revue Espace à l’été 2000. Le risque motive cette artiste qui se met volontiers dans des situations de vulnérabilité. Lors des Rencontres internationales d’art performance du Lieu à l’automne 2000, elle déambulait dans la foule réunie à l’Autre Caserne, un tamis métallique aux allures de masque d’escrime sur le visage, percé vis-à-vis de sa bouche. C’est ainsi qu’elle allait vers les "spectateurs", prenait leur pouce qu’elle munissait d’un microcondom (des petits doigts de latex qu’on retrouvera probablement aussi dans son installation à la Chambre blanche). Une fois le doigt protégé, elle l’introduisait dans sa bouche et offrait ensuite à l’"actant" un petit verre de porto en guise de récompense! Répétition du geste jusqu’à épuisement de la boisson… Voilà qui témoigne de la teneur des actions de Sylvette Babin où elle explore des zones d’incertitude et d’instabilité, interroge les notions de territoires physiques d’une manière assez archétypale, on en conviendra.
À la Chambre blanche, elle est arrivée avec en poche une bande vidéo et quelques croquis. Au fil des jours, les actions et leurs traces se sont accumulées, marquant le passage du temps: bandes sonores, vidéo montrant l’artiste s’enroulant dans une laine blanche, mur recouvert d’un all-over de motifs imprimés à l’aide d’un pochoir sculpté dans des pommes de terre… Musique enfantine, interventions minimales et monochromes, résultant d’une approche ludique, de gestes répétitifs, de réflexions sur l’aliénation. Toujours dans une volonté de trouver un certain état de neutralité. Enfin, une production à laquelle le néologisme installaction sied à merveille. En plus, des images de l’atelier où on peut voir l’artiste en action sont diffusées en temps réel dans le Web par le biais de deux webcams installées dans l’espace. Artiste sous surveillance ou mise à nu du travail de création? Cela semble être une autre façon pour Sylvette Babin d’assumer la dimension de fragilité que comporte le travail de performance. Une autre façon peut-être d’assumer et de partager un état d’incertitude qui lui a été jusqu’à aujourd’hui, tel qu’en témoigne le déroulement de ses performances – dont elle ne connaît pas toujours le dénouement -, extrêmement fécond. On en fera peut-être l’expérience le soir du vernissage (le vendredi 5 avril à 20 h). Sylvette Babin poursuivra sa résidence jusqu’au 14 avril. D’ici là, on peut en suivre le déroulement dans le site de la Chambre blanche: www.chambreblanche.qc.ca.
Jusqu’au 14 avril
À la Chambre blanche
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Bloc-notes
Le tour du monde de l’estampe en 31 jours
Depuis le 21 mars, on peut voir chaque semaine une nouvelle sélection de gravures provenant du Cabinet de la cinquième Triennale mondiale de l’estampe de petit format Chamalières 2000. En tout, 438 estampes provenant de 99 pays sont présentées chez Engramme. La première cuvée d’une centaine de gravures valait joyeusement le déplacement. C’est d’ailleurs super intéressant de voir réunies sur les mêmes cimaises des oeuvres d’artistes de Macao, d’Israël, du Liban ou du Mexique. D’une oeuvre à l’autre, on cherche à cerner des particularités régionales, mais elles témoignent toutes de l’intérêt de ces artistes pour la gravure et leurs qualités sont indéniables. Chaque semaine, les murs se couvriront d’oeuvres nouvelles. À voir. Prochains vernissages: le jeudi 4 avril à 17 h et le 11 avril à la même heure.
Le printemps chez Rouje
Ce printemps, qui tardait encore à se montrer le bout du nez quand nous écrivions ces lignes, sera peut-être au rendez-vous jeudi le 4 avril à 17 h chez Rouje pour le vernissage de l’exposition collective des artistes des Ateliers ouverts. L’organisation profite de son année intercalaire – puisque les prochains ateliers ouverts auront lieu à l’automne 2003 – pour présenter les oeuvres de 33 artistes membres.
Collectif de l’ Oil de poisson
On inaugure une exposition collective des membres du centre d’artistes. Gabriel Routhier, dont on a vu les tableaux chez Lacerte et chez Rouje pendant la dernière année, occupera la Petite Galerie de l’Oil. Vernissage le vendredi 5 avril à 20 h.