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Martin Dufrasne : Nouveaux visages
Après son baccalauréat en design de l’environnement en 1993 à Montréal, Martin Dufrasne a décidé, dans une sorte de pied de nez à ses amis qui partaient pour Paris ou New York, de poursuivre ses études à… Chicoutimi!
Nicolas Mavrikakis
Photo : Victor Diaz Lamich
Après son baccalauréat en design de l’environnement en 1993 à Montréal, Martin Dufrasne a décidé, dans une sorte de pied de nez à ses amis qui partaient pour Paris ou New York, de poursuivre ses études à… Chicoutimi! Et sa vie a pris un chemin inattendu. Là-bas, il découvre "une communauté artistique très engagée" et décide de devenir lui-même artiste. Depuis, Dufrasne nous a offert des créations d’une très grande intelligence.
À Chicoutimi, il se joint au collectif L’Oreille coupée et rencontre Carl Bouchard avec qui il réalise plusieurs oeuvres autour de la notion de couple: des performances, des installations et une série de photos montrant des jumeaux, des siamois, des amants, des ennemis… L’une de ses photos nous montre Bouchard et Dufrasne se faisant la barbe, l’un et l’autre, avec de longs rasoirs bien affilés! Une pièce sur les interactions entre individus et sur la confiance.
La notion d’échange est d’ailleurs celle que Dufrasne poursuit dans toute sa démarche, avec ou sans Bouchard. S’y énoncent des questions, dans une approche post land art, autant sur le type d’échange que nous pouvons avoir avec la nature que sur l’envahissement de l’esthétique dans notre quotidien.
Savez-vous qu’il existe des critères de beauté pour les pommes de terre? Avec un code qui permet de trier celles qui se retrouveront sur le marché et celles qui seront jetées? C’est ce que Dufrasne a découvert en montant une exposition sur la beauté et ses normes en 1998 à Québec. Ces patates, il les a exposées et données par la suite à une soupe populaire car pour lui, "le temps d’exposition n’est toujours qu’une étape du projet".
En 2001, à la Galerie Skol, son expo Se refaire un salut a été une des grandes révélations de l’année. Il y a poursuivi cette idée de l’art qui sort du temps de son exposition, en déballant tous ses biens pour les offrir en troc aux visiteurs. Une intervention digne de l’esthétique relationnelle et de sa tentative de doubler le système capitalisme par des activités a priori non rentables…
En mai prochain, Martin Dufrasne participera à un projet du Théâtre du Grand Jour sur le thème de la liberté. Il parlera "de la liberté de ne pas répéter les mêmes attitudes de rencontre, les mêmes schémas de contact…". Comment va-t-il donner corps à cela? C’est à surveiller.