Annabel Howland : Perspective aérienne
Sous le scalpel d’ANNABEL HOWLAND, la photographie s’envole: sans cadre et aux dépens de la représentation, au delà des repères habituels et des conventions. Léger comme l’air.
Des photographies prises d’avions d’où les nuages et la division des terres apparaissent sous un autre jour; des vues qui fascinent et nous font voir une autre dimension de la réalité. Ces photographies, Annabel Howland les a prises en survolant l’Amérique du Nord. Mais là où ces images changent de statut – passant de la photographie-souvenir à l’image scientifique -, c’est lorsqu’elle les découpe, en ne conservant que certains éléments de la structure. Ne demeurent ainsi que les réseaux de lignes déterminant la division des terres, des portions de rectangles, de cercles ou des nuages. Le résultat est d’une facture high-tech tributaire, selon les propos de l’artiste, du procédé mis en oeuvre selon un système rigoureux. Ce rendu contraste avec le procédé de découpage. Voilà un travail d’envergure, à la fois simple, minutieux et très efficace. Une fois découpées, ces images (photographies couleurs ou sérigraphies sur papier) deviennent davantage graphies que photos; parcelles et fines bandes de papier collées et épinglées au mur. Cartographies sans repères.
Pour Annabel Howland, la photographie n’est pas affaire de séduction. Plus objets qu’images, ces photographies sont, il est vrai, conceptuelles, mais aussi poétiques. Il y a une quasi-absence de support pour ces images dont les limites se confondent avec les murs de la galerie. Des photographies à l’air libre, anti-autoritaires, qui ne s’imposent pas au regard avec un cadre qui vient nous dire haut et fort: me voici! Ces oeuvres nous font reconsidérer notre façon de voir le monde, examiner à nouveau l’image photographique et sa spécificité. Pas étonnant donc de constater que depuis 10 ans, le travail remarquable de cette artiste anglaise, qui vit et travaille à Amsterdam, ait passablement voyagé. Vu à Londres bien sûr, mais aussi à P.S. 1 à New York (un super lieu de production et de diffusion de l’art contemporain à Long Island), son travail a aussi été présenté à la sixième édition du Mois de la photo en 1999, où elle présentait chez Skol une installation photographique. Elle y a alors remporté le prix Contact attribué à un photographe de la jeune génération. Chez Vu, elle expose Terre tranchée et elle est également en séjour de production, travaillant dans les laboratoires et tentant d’ escalader les montagnes environnantes pour voir le monde d’en haut…
Jusqu’au 21 avril
Chez Vu
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Bloc-notes
L’Art et la psychanalyse
Les artistes Katleen Verret, Pierre Ringuette et le psychanalyste Marcel Gaumond (Cercle Jung de Québec) ont eu la bonne idée d’inviter Christian Baillard, un psychanalyste jungien reconnu internationalement, à prononcer une série de conférences qui se dérouleront du 16 au 23 avril à l’Université Laval et au Musée du Québec. Christian Baillard est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment d’un livre sur Jung publié dans la collection Que sais-je? et aussi d’un superbe ouvrage magnifiquement illustré, Le Musée imaginaire de Carl Gustav Jung, publié chez Stock en 1998; il est également un des traducteurs du célèbre psychanalyste. Bref, son passage est une occasion unique d’en apprendre davantage sur la psychanalyse de l’art, qu’il enseigne d’ailleurs à l’École nationale des beaux-arts de Paris. Depuis Freud et ses textes sur Léonard de Vinci, par lesquels il inventait la désormais critiquée phychobiographie, la psychanalyse a aussi servi d’outil théorique pour l’analyse d’oeuvres et pour la réflexion autour du processus de création.
Vendredi à 19h30, lors d’une première conférence intitulée L’Inconscient est-il créatif?, Baillard discutera des diverses conceptions que les psychanalystes ont de l’inconscient. Le séminaire de samedi, Don Quichotte dans le cabinet du psychanalyste, sera réservé aux spécialistes de la relation d’aide. Le lundi 22 avril à 15h30, avec le titre évocateur La Psychanalyse est-elle triste?, Baillard retracera, à travers l’analyse d’oeuvres de Dürer et de Cranach, la remise en question de la doctrine freudienne qu’a effectuée Jung. Mardi à 19h30, Baillard se rendra au Musée du Québec où il prononcera un essai de psychanalyse de l’art à partir d’une fresque d’Herculanum. Pour plus de détails, École des arts visuels: 656-7631, Musée du Québec: 643-2150.
Le printemps des ateliers ouverts chez Rouje
Quelques mots sur cette exposition collective où il y a de tout. Même un tableau de Denis Jacques. On y retrouvera ainsi plusieurs bonnes pièces, notamment un surprenant collage d’Ulysse Dubois, un tableau étonnant d’Alain Côté, une toile de Gabriel Lalonde qui rappelle sérieusement Kandinsky, une variation géométrique de Nicolas Roy et l’installation de verres de Nancy Saint-Hilaire, qui a aussi concocté l’expo. Même si la plupart des pièces ne réinventent pas le monde, et malgré que l’accrochage ne semble pas toujours les mettre en valeur, elles sont toutes produites par des artistes engagés dans des démarches artistiques sérieuses. Jusqu’au 21 avril.