Gwenaël Bélanger : Ma préférence à moi
De l’estampe contemporaine qui réfléchit sur la notion de choix, c’est ce que propose la jeune production de GWENAËL BÉLANGER. Sondages absurdes mais grandes interrogations esthétiques.
Après Skol, le Musée de Rimouski et la galerie Vertical de Laval notamment, Gwenaël Bélanger expose chez Engramme. Ici, pas d’intérêt prononcé pour le travail de la matière, mais une approche de l’estampe davantage conceptuelle, mais non moins visuelle. Entendons-nous: Bélanger utilise la sérigraphie "parce que c’est un moyen de faire des grandes images rapidement". On est tout de suite dans le ton. La sérigraphie permet en effet de produire des images à la facture analogue à celle de l’affiche publicitaire, un rendu aussi proche de celui du pop art, qui vient tout de suite à l’esprit comme référence devant ce genre de travail. Et pour cause, la sérigraphie utilisée d’abord en publicité, c’est l’oeuvre d’Andy Warhol qui l’a fait entrer dans l’univers des "beaux-arts". Effet secondaire: le procédé a depuis ce temps acquis ses lettres de noblesse. Plus près de nous, on pense tout de suite au travail d’estampe du regretté Pierre Ayot qui utilisait la sérigraphie sur des objets tridimensionnels et jonglait avec les notions de représentation.
Aux murs de l’espace d’exposition d’Engramme, deux grandes murales. La Cible de choix, un grand panneau cartonné rouge et blanc, a déjà été passablement trouée (donc déjà exposée). On est invité à y lancer à notre tour des dards en piquant nos icônes préférées; à choisir dans un all over de juxtaposition entre des dizaines d’icônes impersonnelles et schématisées. Des images d’objets courants, une chaise, une souris ou une banane. Une autre murale répond à cette première où on peut voir cette fois les mêmes icônes imprimées avec les choix de l’artiste énoncés par des cercles sérigraphiés, des X comme autant d’interventions et de signatures. Cependant, le répertoire des formes est si vaste que devant cette abondance, toute possibilité d’arrêter un véritable choix s’avère difficile. C’est la morale de l’histoire. "Ce que j’espère, écrit-il, c’est d’amener le spectateur vers des réflexions sur l’esthétique, la séduction, la subjectivité." Ce dernier objectif étant atteint.
Le travail de Bélanger est ludique et pleinement efficace, quand il nous interpelle sous le mode du slogan publicitaire. Un de ces projets d’envergure qu’il a réalisés est son intervention dans 200 espaces publicitaires de wagons de métro. Les affiches de cette intervention urbaine sont d’ailleurs exposées dans les fenêtres de la galerie. Ce sont nos pièces préférées. Comment ne pas être séduit devant cette étrange invitation: "Choisissez le gâteau le plus chargé de sens poétique", une phrase chapeautant neuf gâteaux imprimés en noir sur blanc. Le tout est poliment irrévérencieux à l’égard de la pérennité et de la conservation des images, voire envers la sérigraphie elle-même. Pour en dire davantage sur l’artiste, il affirme ne pas faire partie de ces artistes qui ne travaillent que pour eux-mêmes… Le traitement que Bélanger fait subir à l’image sert son propos et ces réflexions autour de la notion de choix et des questions de goût qu’il articule d’ailleurs avec brio. Cette production a le mérite aussi de faire écho à des considérations plus générales à l’égard des multiples choix qui s’offrent à nous et constituent notre identité. Qu’ils soient réels ou illusoires.
Jusqu’au 26 mai
Chez Engramme
Voir calendrier Arts visuels
Bloc-notes
L’Art contemporain expliqué aux néophytes
C’est le titre de la conférence-performance que donnera l’artiste français Dominique Angel chez Vu, le vendredi 3 mai à 20h. Un titre qui s’inspire du titre du célèbre essai de J.F. Lyotard, Le Post-moderne expliqué aux enfants et de la non moins célèbre performance du légendaire Beuys expliquant l’art à un lièvre mort: tout cela ne peut qu’attiser notre curiosité. Qui plus est, il est rare que le centre photographique s’aventure dans l’univers de la performance. Le tout sera suivi de l’inauguration de l’exposition Pièces supplémentaires.
Chefs-d’oeuvre impressionnistes du Musée des beaux-arts du Canada
Il ne reste plus que quelques jours, en fait jusqu’au 5 mai prochain, pour voir les 13 oeuvres de Van Gogh, Monet, Renoir, Cézanne, Gauguin et Degas. Si vous n’êtes pas trop familier avec leur peinture, c’est l’exposition idéale pour s’introduire à l’art des impressionnistes ou pour voir ne serait-ce que ces deux tableaux: Waterloo Bridge: Le Soleil dans le brouillard (1903) de Claude Monet et Prairie et ferme du Jas de Bouffan (1885-1887) de Paul Cézanne. Le tout présenté "dans une mise en espace feutrée et chaleureuse, rappelant les salons européens de la fin du XIXe siècle". N’oubliez pas aussi que depuis le 14 mars dernier, l’accès est gratuit pour les sept salles des collections du Musée du Québec.