Jade, trésor suprême de Chine ancienne / Histoire des collections : Les immortels
Arts visuels

Jade, trésor suprême de Chine ancienne / Histoire des collections : Les immortels

Un monde sépare le linceul de la princesse chinoise Dou Wan et la momie égyptienne Nen-Oun-Ef. Pourtant, du Musée de la civilisation au Musée de l’Amérique française – où se retrouvent respectivement les deux trésors – il n’y a qu’un pas. Promenade dans le temps.

Il y a bel et bien une momie égyptienne qui loge au Musée de l’Amérique française… Cette trouvaille, on la doit d’abord à notre passage à l’exposition Jade, trésor suprême de Chine ancienne en escale au Musée de la civilisation dans sa grande tournée canadienne. C’est la pièce incontournable et la plus imposante de l’exposition, un linceul de jade datant de la dynastie des Han de l’Ouest (206 av. J.-C.- 220 ap. J.-C.), qui a aiguisé notre curiosité et guidé ensuite nos pas vers le Musée de l’Amérique française. Symbole de la recherche d’immortalité, le costume de 2160 petites pièces de jade est cousu avec quelque 700 grammes de fil d’or. Il a été trouvé en 1968. Le corps de la princesse chinoise Dou Wan n’y est plus, mais on a reconstitué le costume. Le jade est pour les Chinois un symbole de richesse et d’autorité. Et, on s’en doute, il était réservé à l’aristocratie. À l’ère primitive, on lui attribuait des pouvoirs surnaturels: protection ou communication avec l’au-delà. Pour Confucius, "les qualités du jade se comparent aux vertus "du gentilhomme admiré de tous"." Il faut le rappeler, le Musée nous donne à voir des objets qui viennent jusqu’à nous, sans que l’on ait à se déplacer au bout du monde ou à marcher jusqu’à ce mystérieux temple retiré dans les montagnes: 120 objets dont les plus anciens remontent au néolithique (10 000 à 3000 ans av. J.-C.); les plus récents, au début du XXe siècle. Figurines de jade de diverses couleurs, objets décoratifs, utilitaires et rituels forment un bestiaire miniature. Des motifs de dragon, cigale, poisson, phénix, bouvier peuplent ces petits objets qui participent à notre découverte – déjà entamée notamment avec Xi’an, capitale éternelle – de la culture orientale.

Inopinément, cette belle exposition nous a conduits jusqu’au Musée de l’Amérique française à la recherche d’une momie égyptienne. Voilà un excellent prétexte pour découvrir ce musée et aussi pour renouveler cette expérience faite récemment au Royal Ontario Museum de Toronto au contact d’une momie dont la présence était des plus troublantes… Si, à l’instar du linceul de jade, auquel on attribuait des vertus de conservation exceptionnelle, la momie avait pour but de donner pour l’éternité un lieu (un corps) à l’âme du défunt, on ne peut être qu’interdit devant la présence de cet homme de Thèbes âgé aujourd’hui de… 3500 ans. Son corps momifié et squelettique gît dans un tombeau de bois sur lequel on devine des figurines peintes en rouge et bleu. Sur place, on apprendra que cette momie a été achetée au Caire en 1868 par l’abbé Louis-Nazaire Bégin et que c’était la première à parvenir en Amérique du Nord. Ce qui nous apparaît difficilement acceptable aujourd’hui l’était pourtant il n’y a pas si longtemps. Enfin, Nen-Oun-Ef n’est pas la seule curiosité de la collection du Séminaire de Québec; on y trouve aussi des collections de papillons, de coléoptères d’Amérique du Nord, un petit pingouin empaillé, une statuette de Bouddha, plusieurs tableaux (Hamel, Légaré, Suzor-Côté) et des objets scientifiques. Si la première vocation de cette collection était éducationnelle, on ne peut que reconnaître qu’elle poursuit toujours la même et honorable finalité. Une mine d’or. Sachez que les mardis sont gratuits au Musée de la civilisation comme au Musée de l’Amérique française.

Jade, trésor suprême de Chine ancienne
Jusqu’au 2 septembre

Musée de la civilisation

Voir calendrier Arts visuels

Histoire des collections
Exposition permanente

Musée de l’Amérique française

Bloc-notes
Le don d’ubiquité
Autre "deux pour un", cette fois, il s’agit de deux expositions des oeuvres de Thierry-Nicolas Bélanger, terminant une maîtrise à l’Université Laval. Il présente plusieurs pièces réalisées pendant la dernière année. Le premier volet de Lointainement proche est présenté aux Ateliers du roulement à billes et le second à la Galerie le 36 de la rue Couillard. Des plans de métal soudés, travaillés et transformés forment des sculptures aux intentions tantôt narratives, parfois plus abstraites. Jusqu’au 30 mai aux Ateliers et jusqu’au 12 mai à la Galerie le 36.

Antoine Dumas chez Lacerte
Deux mots sur cette sympathique exposition. Le travail de l’image d’Antoine Dumas se rapproche délibérément de l’illustration. Ces tableaux, parce qu’il s’agit de peinture à l’huile en l’occurrence, font des commentaires sur l’actualité et l’histoire de la ville de Québec. L’artiste commente les fusions municipales, dépeint des scènes de rue ou des paysages. Franchement, les 18 tableaux nous en disent long sur la ville de Québec, que le peintre affectionne particulièrement. Dumas a un parcours impressionnant; il a exposé partout. Son travail a donné lieu à plusieurs publications. Jusqu’au 20 mai 2002.