Chantal Séguin : Portrait d'esprit
Arts visuels

Chantal Séguin : Portrait d’esprit

Un élégant portrait de femme en mosaïque de miroirs, un fond de mer en céramique turquoise; gouttelettes, diamants, coeurs. CHANTAL SÉGUIN a créé des assemblages monumentaux. Espace  aquatique.

C’est une très belle pièce que cette mosaïque de miroirs parcourant le grand pan de mur blanc de la galerie de l’Oil de poisson. Une mosaïque épurée et délicate, qui se donne des airs de grande fresque. "C’est une image de femme qui devient un bijou en soi", précise celle qui a taillé un à un les petits morceaux de miroir et les a assemblés, constituant le dessin de cet être immatériel penché sur une rose déposée au sol. Chantal Séguin vogue dans le monde de la légèreté et de la romance; elle est fascinée par les techniques anciennes, la gravure sur bois, la céramique, des techniques dont elle est aussi en mesure de se détacher. On connaît surtout de son travail sa production de gravures sur bois. Elle a participé en mars 2001 à l’événement Latinos del Norte à Mexico et a aussi participé à plusieurs expositions collectives, en Chine et au Portugal notamment.

Cette exposition nous montre où l’a menée son étude récente de la technique de céramique. Quand on l’interroge sur ce choix, Chantal Séguin explique "qu’il n’y a rien qui peut rendre la densité de la couleur comme la céramique". Sans parler de sa pérennité bien sûr. Si elle est plus prisée par les artistes contemporains européens, nous la fréquentons moins ici. Séguin nous présente donc sa récente production d’objets de céramique (sûrement très marginale pour les puristes), des panneaux de bois gravés et autres petites pièces fixées aux murs, réalisés en collaboration avec la Maison des métiers d’art.

Ce sont des variations autour de quelques motifs (coeur, diamant, formes végétales, visages). De ces expérimentations a émergé la réalisation de la pièce maîtresse de l’exposition, la mosaïque murale.

On pourrait presque considérer cette production comme décorative (n’en est-il pas ainsi de la tradition de la mosaïque?), cependant puisque nous ne sommes pas devant la seule appréciation d’un travail bien fait, voire artisanal, elle commande autre chose. Qui plus est, la céramique ici n’a rien de fonctionnel, elle n’est pas léchée du tout et affiche une inutilité qui lui confère un tout autre statut. Si on affirmait que Chantal Séguin fait de l’anti-céramique, elle revendiquerait probablement une approche plutôt poétique. Enfin, au contact de ces oeuvres, particulièrement du grand portrait de femme, presque immatérielle, on est en face de la plénitude qu’accompagne la fréquentation de grands tableaux abstraits. À elle seule d’ailleurs, cette pièce aurait suffi. Chantal Séguin a voulu nous en montrer davantage. Ce choix est peut-être discutable, mais il a le mérite de nous introduire au coeur de son travail de création.

Jusqu’au 23 juin
À l’Oil de poisson
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Bloc-notes
La désinvolture selon Francine Simonin
Il y a plusieurs très bonnes expositions à voir en ce moment. On voudrait parler de tout! Arrêtons-nous aux oeuvres récentes de Francine Simonin chez Madeleine Lacerte. C’est tellement rare que les femmes font un art d’une telle impétuosité! D’une main, une cigarette, de l’autre un large pinceau, Francine Simonin peint, comme le faisait Jackson Pollock, sur ces grands papiers et sur ces toiles déposés au sol. Elle expose des estampes et, exceptionnellement, des tableaux qu’elle n’avait pas présentés depuis les années 1980. Elle revient avec des grandes toiles pas sages du tout. Des oeuvres sabliers, où on devine sous les superpositions de couches le temps (rapide et fugace) passé à les faire. Rien à prouver à personne. Ouvres récentes de Francine Simonin, jusqu’au 16 juin.

Le Bel Arpenteur
C’est le titre d’une lithographie que Serge Murphy a réalisée pendant sa résidence d’édition chez Engramme. Murphy fait partie de la douzaine d’artistes ayant tenté l’expérience de la lithographie avec, comme guide, Denis Simard, aussi commissaire de l’exposition. Quelle bonne idée d’exposer ces gravures! À voir, les lithos de Michel Saulnier, Juan Pablo Villalpando, André Lacroix, Michèle Drouin, Monica Biagioli, George Bogardi, Babette Cooymans, Jeannie Thib, Gaëtan Gosselin et le collectif de Folie/culture. Horizons ouverts, jusqu’au 30 juin.

Sémaphores
Sémaphores, c’est un événement d’art public organisé par Regart. Jean-Yves Vigneau, Lise Labrie, Paul Lacroix, François Mathieu, Cozic, Martial Després, Paul Béliveau, Caroline Flibotte et Francine Larrivée occupent le parc linéaire de Lévis avec leurs sculptures. Notre sculpture préférée est celle des Cozic: des blocs de béton soutiennent une flamme faite de sacs métalliques et de petites banderoles colorées. L’événement est doublé d’une exposition en galerie, qui nous semble quant à elle moins incontournable. On espère en reparler plus longuement bientôt. À l’est de la traverse de Lévis, jusqu’au 27 octobre.

Lumens O2
Lumens, après le Sommet des Amériques, aura probablement un sens un peu différent. Lors de l’édition 2000 du Mois Multi, la comédienne Pascale Landry, masque à gaz au visage, déambulait dans un écran de fumée. Les productions Recto-Verso reviennent avec une nouvelle version de cette installation scénographique monumentale de Caroline Ross. À la salle Multi de Méduse, du 14 au 16 juin.