Musée du Québec : À chacun sa muse
Le Musée du Québec inaugurait récemment trois nouvelles expositions. Les broderies des Ursulines, des tableaux d’histoire et les oeuvres de PATRICK COUTU viennent tenir compagnie à la galerie de personnages de Bourdelle. Air climatisé.
Avec la sympathique exposition consacrée aux broderies des Ursulines, le Musée attire un public qui pourra y découvrir des univers fort différents, voire opposés, allant de la peinture historique du XVIIIe siècle aux oeuvres contemporaines de Patrick Coutu. Quelques mots d’abord sur Le Fil de l’art. Les broderies des Ursulines de Québec. Que peut-on redire d’un travail si minutieux, d’une virtuosité et d’une patience si remarquables, sinon qu’il fait partie d’un autre temps (!). Mais surtout, on ne peut qu’avoir un sentiment de respect devant ces occupations solitaires et méditatives. Un travail de moine, pourrait-on dire. Organisée par Christine Turgeon en collaboration avec le Musée des Ursulines, l’exposition réunit quelque 50 pièces de textiles: de précieux parements d’autel du XVIIe siècle attribués à Marie de l’Incarnation, différents ornements liturgiques et autres volutes et scènes religieuses brodées de fils d’or et de soie. Tout cela demeure évidemment un peu austère, mais nos efforts sont récompensés. Enfin, accompagne cette exposition un superbe – mais un superbe – catalogue qui retrace à la fois l’histoire des Ursulines et de leur art. Il faut aussi voir la nouvelle exposition: "Je me souviens." Quand l’art imagine l’histoire. Le Musée du Québec poursuit le déploiement de sa collection permanente. On retrouve de grands personnages historiques, les Dollard des Ormeaux, Papineau, Jacques Cartier peints par les Georges Delfosse, Napoléon Bourassa et Théophile Hamel. Plusieurs tableaux qu’on a déjà vus, mais qu’il fait toujours bon fréquenter. Une section spéciale, avec dispositif techno-pédagogique à l’appui, s’intéresse à la réalisation par Eugène-Étienne Taché (c’est à lui qu’on doit notre devise) de l’Hôtel du Parlement du Québec. On finira bien par l’apprendre, notre histoire…
Dans la salle consacrée à l’art actuel, on trouve quelques oeuvres de la jeune production de Patrick Coutu; exposition accompagnée, il va de soi, d’une respectable publication. Finissant de l’UQAM en 1997, Coutu a depuis notamment exposé à l’Espace virtuel de Chicoutimi, au centre d’art et de diffusion Clark et au centre d’art Saidye Bronfman. La Moderne (acquise par la collection prêt d’oeuvres d’art en 2001) fait, comme le titre l’indique, un clin d’oeil à l’art du XXe siècle. Il s’agit d’un bunker multicolore, fait de panneaux de bois et de tôle, qui nous laisse voir par quelques ouvertures un vaisseau spatial des plus bancals ainsi que d’autres vestiges liés à la construction de l’engin: autant de témoins matériels du processus de création. Le bunker et les photographies sont autant de pièces du récit fictif autour de la conquête spatiale avec maintes évocations du quotidien de l’artiste et autres incursions incongrues provoquant des ruptures dans la transparence du récit. Tout cela participe d’une esthétique trash — avec laquelle d’ailleurs nous sommes désormais familiers – mais qui demeure paradoxalement "bien propre". Le bazar (autant celui à l’intérieur du bunker que celui représenté sur certaines photographies) est contenu dans une forme qui lui permet de passer sans trop de compromis de l’atelier au musée.
Au Musée du Québec
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Encore Riopelle?
Les lectures de l’oeuvre de Jean-Paul Riopelle semblent loin d’être épuisées: c’est ce qu’entend démontrer le Musée des beaux-arts de Montréal en présentant cette exposition estivale consacrée au "plus grand artiste canadien du XXe". Bien que prévue bien avant le décès du célèbre peintre en mars dernier, elle prend conséquemment des allures d’hommage. Les quelque 73 pièces ont été puisées à même la collection du Musée de la rue Sherbrooke, complétées par les oeuvres de celle du Musée du Québec et, fait notable, on pourra voir plusieurs tableaux rarement exposés provenant de la collection de Power Corporation.
Pour Stéphane Aquin, conservateur de l’art contemporain et commissaire de l’exposition, "c’est une lecture très profilée de l’oeuvre de Riopelle qui permet de donner toute sa signification à la dernière période". Ainsi, la disparition récente du peintre permet d’envisager la dernière période avec plus de distance. Comme le précisait Aquin: "Riopelle rencontre l’histoire de l’art dans les années 50, 51, 52, 53. Ensuite, il continue à être un grand artiste!" Autre élément de relecture non négligeable: on essaie de ne plus le "reconduire constamment à Borduas". Dans le catalogue – numéro hors série de Connaissance des arts -, on peut lire les textes de Jeffrey Spalding, Serge Guilbaut, François-Marc Gagnon et Stéphane Aquin. À voir au Musée des beaux-arts de Montréal, jusqu’au 29 septembre.