Sémaphores : Signes d’intérêt
Un événement d’envergure nationale se déroule pendant tout l’été à Lévis. Neuf artistes du Québec ont installé leurs oeuvres en bordure du Saint-Laurent. L’art de l’espace public.
Il n’y en a jamais trop, de ces événements où les artistes occupent la rue, les parcs et autres espaces publics, modifiant, interrogeant, signalant et transformant le paysage pour un temps. C’est ce que parviennent à faire avec bonheur les neuf artistes réunis à Lévis par Céline Allard et Denis Dallaire de Regart. L’événement, une première pour la Rive-Sud, est doublé d’une exposition à la galerie du centre d’artistes Regart et d’un volet populaire lors duquel des artistes donneront des ateliers de création toutes les fins de semaine de l’été. Évidemment, le grand moment de Sémaphores, c’est l’allée des neuf sculptures installées dans le nouveau parc linéaire Le Parcours des Anses le long du Saint-Laurent. Nos pas nous amènent d’une sculpture à l’autre, nous permettant d’envisager de différentes façons le thème de l’événement Sémaphores défini d’abord comme étant "un poste sur le littoral communiquant par signaux optiques aux navires […]". C’est un défi pour ces interventions de trouver leur place entre les signes maritimes et urbains. Feu de grève de Cozic est constitué de trois imposants blocs de béton sur lesquels trône une grappe de ballons métalliques où virevoltent des rubans colorés. Cette oeuvre de Cozic s’apparente à une flamme qui scintille au bord du fleuve, c’est aussi et surtout un jeu de formes et de matières; de contrastes entre le lourd et le léger, du choc du béton et du vinyle. Il s’agit en fait d’un étrange objet, dont le statut apparaît ambivalent: au premier regard, la chose semble banale, c’est le second regard qui nous en révèle les qualités esthétiques. L’intelligence, l’ironie et le savoir des sculpteurs Yvon Cozic et Monic Brassard s’incarnent dans cette oeuvre; leur signature pop, qui suit le duo depuis plus de 30 ans, tout autant. On a rarement la chance de voir des oeuvres de Cozic à Québec et on se réjouit de sa participation à cet événement.
Ainsi, d’une sculpture à l’autre on découvrira différentes façons d’interpréter les possibilités signalétiques de la sculpture. La proposition de Paul Béliveau, surtout connu pour son travail de peintre, découpe dans le ciel des profils de chiens girouettes, n’assaillant point ici les cyclistes, mais les saluant au passage. Le grand triskèle de Paul Lacroix, formé du profil de trois jambes, tourne à vive allure et répond avec énergie aux forces éoliennes. Paul Lacroix réussit comme toujours à nous transporter dans son univers poétique. Bien que le motif soit une variation élaborée à même son inépuisable répertoire d’images, il parvient à en faire quelque chose d’inattendu et à produire un objet suffisamment étrange pour émerveiller. Quant à Caroline Flibotte, elle a installé une coupole de verre bleu éclatant supportée par une structure de bois; une pièce qui affirme sans ambiguïté son statut de sculpture et qui donne une touche de couleur à l’ensemble. L’oeuvre de Martial Després, quant à elle, passe presque inaperçue le jour, mais signale, la nuit venue, le mouvement des marées. Jean-Yves Vigneau a installé un long porte-voix qui transmet et amplifie les sons. Et ce sont des oies de bois que Lise Labrie a fixées au sol, un voilier d’oies schématisées peintes de rayures noires et blanches. Enfin, l’intérêt de la pièce de François Mathieu loge dans la fonction de paratonnerre de sa sculpture. Quant à Francine Larivée, elle a semé des dizaines de coquelicots de couleurs différentes qui changeront au cours de l’été. Il semble cependant que la plupart de ces oeuvres n’exploitent qu’à demi les possibilités monumentales du site. Elles se font même presque discrètes face à l’immensité du fleuve. Cela dit, chaque intervention parvient tout de même à attirer le regard par sa présence incongrue et, une fois qu’on se trouve à proximité, à s’affirmer comme signe aux portées ludiques, poétiques et esthétiques.
Jusqu’au 27 octobre
À Lévis
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Les artistes de Saint-Jean-Baptiste exposent
La bibliothèque de Saint-Jean-Baptiste accueille les oeuvres de 10 artistes qui habitent le quartier: Jacqueline Bouchard, Odette Fortier-Auclair, Jean-Claude Gagnon, Johanne Huot, Danièle Lessard, Lauréat Marois, Marcel Marois, Aline Martineau, Helga Schlitter et Bill Vincent. Plusieurs d’entre eux ont une réputation internationale. Exposition présentée par l’Institut canadien et la Ville de Québec. À voir, jusqu’au 13 août prochain.
Dixième Biennale nationale de céramique
Quatre commissaires et céramistes ont rassemblé les meilleurs céramistes de partout au Canada, des provinces atlantiques jusqu’en Colombie-Britannique. Avec pour thème "Autoportrait", les artistes peuvent sortir allègrement de la fonction qu’on attribue a priori à la céramique. À la galerie d’art du Parc, au centre d’exposition Raymond-Lasnier et à la maison Hertel-de-la-Fresnière à Trois-Rivières. Jusqu’au 1er septembre.