Diane Létourneau : Bain de foule
Arts visuels

Diane Létourneau : Bain de foule

De la sculpture au design industriel, le parcours de DIANE LÉTOURNEAU est parsemé de mentions, de bourses et de prix. Quand l’art devient utile.

Vous ne connaissez peut-être pas encore le travail de design de Diane Létourneau. À moins que votre lecture de chevet soit la revue new-yorkaise Architectural Record – bible en matière d’architecture et de design -, où ses baignoires translucides l’ont fait connaître. Depuis deux ans, des centaines de commandes fusent de partout: du Pakistan, de l’Égypte, de la Chine. C’est que Diane Létourneau a séduit le monde du design avec ses créations dont les passages sont toujours des plus remarqués. C’est ainsi qu’elle a délaissé sa production en arts visuels où tout allait aussi rondement: expositions à la Chambre Blanche, à Skol, au Printemps du Québec à Paris, échange à Namur, passage au Musée du Québec. En arts visuels, elle réalisait ce qu’elle appelle des "outils d’approche": des lits pour cinq, des chaises pour quatre, des casques où les spectateurs enveloppés y découvraient des paysages. On en redemandait, mais d’autres projets l’attendaient: "J’étais toujours dans les machines, explique-t-elle, je voulais que les gens utilisent mes pièces. Tout cela n’était pas très loin du design!" Après quelques années de production en arts visuels, elle en est venue à la conclusion que si elle voulait aller plus loin, il lui fallait des moyens. Après qu’elle eut fondé Dolce design, on la nommait, en 1999, Jeune Personnalité d’affaires de Québec. On pourrait presque résumer son parcours comme suit: lorsqu’elle expose; elle obtient un prix! Mais, bien entendu, tout cela est le résultat de nombreuses heures de travail d’atelier. Le projet de baignoire translucide – qui lui a valu sa reconnaissance comme designer – a vu le jour après de multiples expérimentations dans son atelier de la rue de la Reine. C’est un objet absolument ingénieux autant à l’égard du défi technique que pour l’harmonie et l’originalité du résultat. Sa fameuse baignoire est désormais distribuée par la compagnie beauceronne Maax.

Entre deux participations à divers shows internationaux, Diane Létourneau continue de concevoir de nouveaux objets utilitaires qu’on peut voir dans les plus importantes revues de design. Mais, tout cela n’est que le début. Ses créations, délicieusement imprévisibles, peuvent passer d’une allure baroque à des formes totalement épurées: "Je n’ai pas envie de faire la même chose pendant 50 ans. Il y a des gens qui passent leur vie à changer une poignée de place! Quand ça fait deux ou trois fois que je fais la même chose, il faut que ça change." Pas question de faire du surplace. Mais encore, puisqu’il est plutôt rare que les sculpteurs s’aventurent dans l’univers du design industriel, on pourrait se demander si elle n’a pas quelques problèmes éthiques à la commercialisation de ses créations… Pas du tout. "Il est vrai que ça uniformise les objets, précise-t-elle, mais je réussis à faire des objets très personnels." Ce qui nous semble fondamentale et remarquable, c’est que sa créativité et le plaisir de voir apparaître un nouvel objet au monde se réconcilient dans la réalisation d’objets fonctionnels participants pleinement au réel. Des objets qui pourraient d’ailleurs rivaliser avec bon nombre de sculptures…