Alors dansez maintenant : Danse à quatre
Arts visuels

Alors dansez maintenant : Danse à quatre

Rivalisant d’audace quant aux lieux possibles d’intervention artistique, une troupe de joyeux lurons repousse encore les limites du genre en parcourant en cinq jours pas moins de 40 villages, entre Québec et Rivière-du-Loup. Dérive rurale.

Du 9 au 13 août, Carl Bouchard, Sylvie Cotton, Martin Dufrasne, Julie-Andrée T. et le cinéaste Dominic Gagnon feront un road happening pendant lequel la bande s’arrêtera ici et là: à Daaquam, Cabano, Saint-Anaclet et j’en passe, pour faire de chaque escale le lieu de performances dansées et autres actions spontanées. Alors dansez maintenant, c’est à "l’image de la cigale épicurienne de La Fontaine dont la morale serait inversée", écrivent les artistes. C’est aussi un projet un peu fou, né au détour d’une conversation après une soirée de danse entre amis. Carl Bouchard raconte: "Après souper, on s’est mis à danser, mais danser comme ça se peut pas. Puis, on s’est dit: "On fonde une troupe de danse et on part en tournée!" De l’idée farfelue au passage à l’acte, le projet s’est articulé en collaboration avec Folie/Culture, l’organisme tout désigné pour appuyer ce genre d’entreprise à risque: un travail artistique d’"insertion dans le tissu social" comme le privilégie Folie/Culture dans son excellent travail de "prévention, de promotion et de protection de la santé mentale et du bien-être".

Dans le véhicule de tournée: une génératrice, un système de son et des disques, de Diane Dufresne en passant par Ginette Reno, Jean Leloup et Ramasutra, jusqu’à Monique Leyrac; du répertoire québécois. La troupe dansera devant les guichets automatiques, dans les terrains de camping, sur les parvis d’église, au bord de la route, dans les stationnements de centres commerciaux; en solo, en groupe. On dit même qu’elle projette de se commettre dans quelques lieux privés, piscine et gazon. Toujours est-il que cela se fera dans un esprit festif "honnête, sincère et de contamination", comme le dit Carl Bouchard. En outre, il faut le souligner, ces artistes envisagent la danse pour son côté "amateur", rejoignant en cela, comme ils l’écrivent, "une forme de pratique historique de la performance par ses qualités liées au rudimentaire et au naturel spontané plutôt qu’à la chorégraphie". D’un lieu à un autre, ils formuleront l’intervention suivante en fonction des réactions, de la réception; ils exploreront différents comportements hors normes qui se transformeront au gré des rencontres. C’est de l’ordre du risque, disait-on? En effet, on ne peut ignorer les difficultés inhérentes à l’abandon que commande la danse dans un contexte si inusité, le risque de la performance dont le dénouement n’est pas assuré.

En circulant dans les villages, hors du circuit Québec-Montréal ou autres centres urbains, ce projet sort des cadres fréquemment offerts aux artistes. C’est, dans ce sens, une rencontre du territoire, d’un public non initié. La troupe veut aussi "subvertir un cliché persistant à propos de la personnalité de l’artiste et de sa place dans la société". Combiné à cela, celui du fou du village et un statement esthétique: "Leur supposée folie, lit-on dans le communiqué, deviendra force, voire attitude, un positionnement, un discours esthétique, déplaçant ainsi des conventions de bienséance en valorisant l’élan et la non-retenue." Vous voudriez être un petit oiseau pour tout voir? Le cinéaste Dominic Gagnon réalisera un film d’art témoignant des déplacements, archivant à la fois les discussions, en voiture ou au motel, et bien sûr, les performances. La vidéo sera présentée cet automne à Québec.

Du 9 au 13 août

De Québec à Rivière-du-Loup
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Portes ouvertes à Saint-Jean-Port-Joli
Si d’aventure vous partez aussi dans le Bas-Saint-Laurent, le samedi 10 août, le centre Est nord est ouvre ses portes de 13h à 17h pour présenter les oeuvres des artistes en résidence. Les Québécois Jean-Pierre Aubé, Josée Dionne, Joseph Lefèvre et le Japonais Yasufumi Takahashi présenteront leurs installations. On y inaugure également une exposition des oeuvres de Rutger Emmelkamp (Pays-Bas) et de Sarah Stevenson (Québec), en résidence dans les studios de Saint-Jean-Port-Joli au printemps dernier.

Jana Sterback – Penser tout haut
Également à Saint-Jean-Port-Joli, en collaboration avec la galerie de l’UQAM, Louise Déry a concocté une exposition de Jana Sterback à l’École, au 333, avenue de Gaspé Ouest. C’est la dernière fin de semaine; l’exposition se termine le 11 août.

Isabelle Laverdière à Expression
Le Centre d’exposition de Saint-Hyacinthe a invité Isabelle Laverdière à produire une oeuvre sur le thème de l’agriculture. La citadine en elle s’est inspirée de sa culture livresque (les fables de La Fontaine…) et a utilisé diverses matières comestibles: gras, chocolat, sucre et blé. On vous rendra visite au 495, rue Saint-Simon, Saint-Hyacinthe. Jusqu’au 25 août.