Rentrée arts visuels : L’art en mouvement
Deux grands événements, fort différents mais tout aussi vitaux, marquent cette rentrée: côté cour, l’hommage à Jean-Paul Riopelle au Musée du Québec; côté jardin, la Rencontre internationale d’art performance présentée par le Lieu.
Hommage à Riopelle
D’abord Riopelle, dont on ne se lasse pas de fréquenter les peintures, les sculptures et les estampes. L’hommage que lui rend le Musée du Québec est à la hauteur de cet homme excentrique et passionné disparu l’hiver dernier; l’événement, baigné de l’aura du créateur et de son époque. Comme le souligne le directeur du Musée, John R. Porter: "On célèbre l’oeuvre, mais aussi l’homme." Cela explique la présentation de quatre voitures de la propre collection de Riopelle dans l’auditorium du Musée, le tout accompagné d’un coffret regroupant diverses photographies de ses Bugatti, de son voilier, de son corbillard immatriculé "DCD". C’est sous la plume de John R. Porter qu’est racontée la passion de Riopelle pour les voitures dans une jolie petite brochure. Étonnamment, le petit côté fétichiste (ou plutôt relique) de cette "exposition" de bagnoles est plutôt sympathique. Des nombreuses activités du mois consacrées à Riopelle au Musée, on retient aussi la présence de la chanteuse et harpiste Jorane, le 22 septembre prochain, qui improvisera à partir d’oeuvres du peintre. Événement aussi que la publication d’un magnifique conte sur la liberté (notre préféré de cette collection jeunesse) écrit par Gilles Vigneault. Le poète a puisé ses personnages dans le bestiaire de Riopelle, peuplé notamment de singes et d’une tortue, d’un hibou et de milliers d’oies. Vigneault en fera d’ailleurs la lecture publique le 15 septembre. Le Musée vient aussi de publier un beau livre sur l’histoire de la collection des oeuvres de Riopelle par le Musée du Québec, qui en possède pas moins de 300. Sous la plume du directeur, l’ouvrage retrace l’histoire de la collection et du coup, celle aussi des directions successives de l’institution nationale, de Gérard Morissette en passant par Guy Viau. Et bien sûr, on profitera de ce mois consacré à Riopelle pour revoir ses oeuvres et découvrir les récentes acquisitions du Musée dans la salle qui est consacrée au peintre.
Rencontre d’art performance
La production actuelle, quant à elle, on la retrouvera surtout sur les cimaises des galeries et des centres d’artistes; dans la rue, à l’îlot Fleurie. LASCAS se poursuit dans l’allégresse dans tous les centres d’artistes de Québec qui sont occupés par l’art contemporain du Mexique pendant tout le mois de septembre. Au Lieu, quartier central de l’événement LASCAS, on a également entamé les trois fins de semaine d’art action qui se déroulent du 29 août au 15 septembre. Il s’agit de la 13e édition de la Rencontre internationale d’art performance à l’agenda du Lieu depuis 1984. La dernière édition de cet événement nous a laissé de bons souvenirs en repoussant encore les limites de nos conceptions de l’art. La performance se présente souvent sous la forme de courtes actions déroutantes, à mille lieues du numéro d’acrobate, bien qu’elles relèvent souvent de l’exploit. Exigeante pour les artistes et parfois aussi pour les spectateurs. En outre, on y expérimente de plus en plus les différents rapports possibles avec le public, dont les plus fructueux sont les contacts imprévisibles avec celui de la rue; les intrusions dans l’espace urbain et dans le quotidien. Pour l’heure, nos attentes sont du côté de l’opération Black Marquet, une organisation européenne à "configuration variable" d’artistes dont les pratiques ont en commun l’"Art of meeting". On y verra des gens comme Roi Vaara de Finlande, des artistes de Singapour, d’Allemagne, de Hollande et de Pologne qui s’activeront à l’îlot Fleurie et au Lieu du 5 au 8 septembre. C’est l’Autre Caserne qui accueillera en rafale la dernière fin de semaine du 12 au 15 septembre, où on assistera aux performances d’une vingtaine d’artistes.