Kittie Bruneau : L'aventure, c'est l'aventure
Arts visuels

Kittie Bruneau : L’aventure, c’est l’aventure

L’artiste en bohème et en femme libre; la peinture comme une entreprise étonnante et inclassable: c’est l’oeuvre de KITTIE BRUNEAU. La force des choses.

Kittie Bruneau est un des peintres les plus importants de sa génération. Cette génération, c’est celle des Armand Vaillancourt et compagnie. Sa peinture est dans la lignée de Pellan et de Borduas. Les deux à la fois, sans contradiction. Née en 1929, Kittie Bruneau voyage encore aujourd’hui, emportant ses pinceaux, ses palettes de couleurs de la Gaspésie jusque dans l’Ouest canadien. Elle a transporté ses pénates dans des dizaines de villes et villages, notamment sur l’île Bonaventure, construit plusieurs maisons-ateliers et peint des centaines de tableaux. Au Mexique, elle fait de la céramique; au Japon, de la gravure sur bois. En 1966 (elle avait 37 ans), le Musée d’art contemporain lui offrait une exposition solo. Plus récemment, c’est le Musée régional de Rimouski qui proposait une rétrospective de son oeuvre. Sans compter toutes les expositions dans différentes galeries depuis 50 ans… Attirée par les cultures autochtones, elle est allée à la rencontre des Amérindiens de Calgary. De la danse à la peinture, sa vie est ponctuée de séjours en Chine, au Tibet, en Inde, où elle s’imprégnera de la philosophie orientale; voyages pendant lesquels elle a réalisé des vidéos sur la vie en ashram. La peinture demeure, à travers la multiplicité de ses expériences, une constante. Comme Kittie Bruneau le confiait à Nicole Thérien en 1991 dans la revue Esse (l’auteure a aussi signé il y a quelques années un ouvrage sur Kittie Bruneau publié chez les Éditions 400 coups): "Ma peinture se lit comme un journal." Entrelacement de la vie et de la création, son oeuvre picturale forte et affranchie – elle est presque un mouvement à elle seule! – a toujours suscité un grand respect de ses pairs. Étonnant d’ailleurs que Kittie Bruneau n’ait pas encore eu le prix Paul-Émile-Borduas…

Depuis le début des années 1980, la galerie Estampe Plus offre régulièrement ses cimaises à l’artiste. Entre mer et terre regroupe une vingtaine d’oeuvres, des acryliques sur toile, des gravures, des oeuvres sur papier en continuité avec son travail passé. Dans ses tableaux, comme dans ses dessins ou ses gravures, les plans se superposent, amenant le regard vers les profondeurs, ouvrant sur autant de possibilités de sens. Des figures, des oiseaux, un soleil, des poissons, une infinité de signes cavalent sur la surface avec un trait qu’on qualifiera de libre, plus que naïf ou enfantin bien évidemment. Une peinture d’une luminosité réjouissante; de l’art contre la grisaille… Maintes figures renvoient à différentes cultures que l’on reconnaît pourtant d’emblée. En fait, ces "indices" qui parsèment les toiles de Kittie Bruneau, écrivait Jean Dumont dans Parcours en 1991, "sont l’inventaire d’une complexité du monde dont les éléments nous habitent. Et dont nous ne sommes sans doute qu’une accumulation parmi d’autres". Toutes ces figures et ces signes viennent activer la surface dans un temps unique et suspendu, non linéaire. Comme si tout se passait là au même moment: le monde, l’univers, le cosmos – à la fois sa création et sa destruction – saisi dans quelques mètres carrés de toile.

Jusqu’au 21 novembre
À la galerie Estampe Plus
Voir calendrier Arts visuels