André du Bois et Florent Cousineau : On ne naît pas sculpteur, on le devient
ANDRÉ DU BOIS et FLORENT COUSINEAU occupent l’espace de Rouje. Fragiles assemblages de bois et de pierre, colonnes de béton monumentales, les oeuvres des deux artistes nous parlent à leur façon de l’inachevé et du transitoire. À fleur de peau.
Si on connaît bien le travail de Florent Cousineau, ses installations et ses interventions in situ, on connaît peut-être moins celui d’André du Bois. On peut donc apprécier pour une des premières fois à Québec le travail de ce sculpteur du Bas-Saint-Laurent qui partage avec Florent Cousineau maintes affinités. Les deux sculpteurs ne craignent guère "de faire et défaire", comme ils le disent eux-mêmes. Ils ont tous les deux des démarches artistiques transparentes où la somme des oeuvres éclaire le processus de création comme si chaque pièce naissait de la précédente et présumait de la prochaine. Dans l’espace d’exposition de Rouje, Cousineau a coulé une dizaine de colonnes de béton. Chaque cylindre de béton est le lieu d’interventions réalisées à partir des formes qui émergent au gré du démoulage, là des pigments improvisent des paysages, ici c’est une forme qui se détache; chaque intervention travaille à révéler la sensualité des surfaces de béton. Chantier d’envergure s’il en est un, autant que celui qu’il a fait avec Déplacements obscurs en 1997 à la Chambre blanche, pendant lequel il a couvert d’un lac de béton le sol de la galerie pour ensuite le défaire, le transformant en rivière en débâcle. Autre oeuvre monumentale et délicieusement éphémère est cette pluie intermittente qu’il avait concoctée lors de l’événement Sur les toits en août 2001. La série des colonnes est aussi d’envergure et nécessite un détachement similaire, ne serait-ce que lorsqu’on envisage que les grandes colonnes de béton seront bientôt démolies… Un travail de sculpture où l’objet est envisagé pour lui-même et qui vient aussi ébranler l’idée de pérennité – encore – associée à l’art.
Cet aspect éphémère, on le trouve aussi dans la sculpture de Du Bois; à la fois dans la facture de non finito des objets et dans le procédé d’assemblage laissant délibérément les sculptures en suspension quant à leur destinée et leur forme définitive. Devant chacune de ces pièces, c’est la précarité même de la vie dont il est question. Troublantes, elles sont faites d’assemblages de bois de grève troublé, de verre suspendu à un fil de fer, de formes fixées au mur comme un dessin dans l’espace ou déposées au sol. Chaque pièce forme de petits paysages fragiles; certains tourmentés, d’autres plus ironiques. D’une grande "délicatesse" en tout cas, comme on peut le lire sous la plume de John K. Grande dans la revue Espace, commentant les oeuvres de Du Bois présentées au musée du Bas-Saint-Laurent en 1999: "Il émane de ses formes complexes, taillées puis assemblées, des relents existentialistes d’un Giacometti […]". Comme si la nature, source principale de ses matériaux trouvés, prenait le relais et devenait, une fois transformée, le miroir de notre condition humaine. Vulnérables, instables, parfois précaires, ses oeuvres portent en elles les traces du passage du temps inscrit à même un morceau de bois trouvé sur la grève. Ce temps inhérent au travail d’accumulation, de cueillette de matériaux, à celui du travail d’atelier aussi. Sur la brèche propose, comme on peut le lire dans le communiqué, "un univers toujours à la limite d’un déséquilibre, d’une déconstruction, d’une disparition". Le vernissage a lieu ce jeudi 7 novembre dès 17h en présence des artistes.
Du 7 au 24 novembre
À la galerie Rouje
Voir calendrier Arts visuels
Bloc-notes
À vos tricots
Ivon Bellavance, connu pour ses pièces excentriques, lampes cocons et autres variations autour du tricot, présente le résultat d’une résidence collective en collaboration avec des étudiants de l’École des métiers d’art. Bellavance a fait notamment du décor pour le théâtre, une oeuvre pour le Cirque du Soleil, a participé à l’exposition de Robert Lepage Métissages au Musée de la civilisation, etc. Le vernissage a lieu ce vendredi 8 novembre à 17h au centre Matéria. Le Journal Arachnée se poursuit jusqu’au 20 novembre.
Souvenirs des Îles-de-la-Madeleine
Puisqu’il faut parfois sortir des sentiers battus, l’exposition des tableaux de Joanne Ouellet à la galerie Sarenhes est l’occasion idéale. Des maisons jaunes et bleues offrant leurs flans au vent du fleuve, dominées par de grands ciels lumineux peuplent ses paysages. Des tableaux sages mais sereins, peints sur le motif avec une attention qui témoigne d’une sensibilité aux couleurs et aux grands espaces. Il y a parfois de la peinture de chevalet étonnante… Jusqu’au 18 novembre.
Québécitude et B European
Regart présente le travail photographique de Joëlle Ferly. Autoportraits doublés de narration à même l’image, ces oeuvres interrogent la situation des Québécois et celle des Européens noirs. Artiste française d’origine caraïbéenne, Joëlle Ferly travaille à Londres. Jusqu’au 24 novembre.