Yvette Chabot : Corps circuits
Arts visuels

Yvette Chabot : Corps circuits

Elle a une feuille de route étonnante, conserve depuis des décennies un leitmotiv déterminant son approche: la création, la création, la création. À 70 ans et des poussières, YVETTE CHABOT étonne par la vitalité de son travail.

Les tableaux et les sculptures d’Yvette Chabot exposés à la galerie de la bibliothèque Louis-Hamelin de Cap-Rouge ont envahi l’espace comme autant de mutants venus d’une autre planète. Sur des panneaux de bois, du sable, un assemblage de circuits électroniques, des fragments de claviers et de fossiles se disputent l’espace et recomposent des saynètes dans lesquelles évoluent des figures en suspension dans l’espace du tableau. Personnages surpris d’être là au milieu de cet univers inventé où les roues des voitures sont des morceaux de ce qu’il reste d’une vidéocassette; où une pièce d’ordinateur devient le corps d’un personnage. Depuis une dizaine d’années, Chabot récupère des pièces désuètes d’ordinateurs, momifiant ces objets de plastique et autres résidus du monde de l’électronique. Au début, se souvient-elle, certaines pièces étaient en or; maintenant elles sont surtout en étain. Quoique l’on retrouve, d’une oeuvre à l’autre, la répétition d’un même dispositif, on y découvre cependant un travail marqué d’une signature très personnelle. Un univers dans lequel évoluent des personnages futuristes, un brin robotisés, perplexes face au monde et finalement porteurs de certaines craintes et d’interrogations sur l’avenir.

Tout cela nous ramène, dans le dessin, la composition et la facture générale, à l’esprit de l’Art brut d’un Jean Dubuffet où on trouve le désir d’un travail à l’écart des modes, créant des formes spontanées. En outre, intégrer des objets tridimensionnels dans un tableau n’est jamais une chose simple, cela fait délibérément vaciller le tableau dans une matérialité qui opacifie la représentation. Son statut devient incertain, le tableau s’affirmant davantage comme un objet. Et quoique la grande quantité de tableaux et de sculptures présentés eût probablement nécessité un espace plus spacieux pour qu’on les apprécie davantage, l’ensemble a le mérite de témoigner de la production prolifique de cette artiste. Étonnant de vigueur, le travail d’Yvette Chabot est aussi réfléchi et articulé. Celle qui affirme "qu’il faut toujours continuer la recherche; toujours se renouveler" prépare une exposition dans une galerie (Galerie 49) à New York et bientôt à San Francisco. Elle a un bagage de pédagogue, ayant enseigné pendant plus de 30 ans et fondé le département d’arts plastiques du collège de Cap-Rouge. Au début des années 1970, elle a fait ses Beaux-Arts avec comme professeurs les Marcelle Ferron, Fernand Leduc et Paul Lacroix. Pas étonnant qu’elle valorise tant la liberté et qu’on retrouve une égale fantaisie dans chacune de ses pièces.

Jusqu’au 16 décembre
À la bibliothèque Louis-Hamelin
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Bloc-notes
Marc Garneau
L’exposition des oeuvres du peintre et graveur Marc Garneau chez Madeleine Lacerte en est une d’envergure: une quarantaine d’oeuvres réalisées depuis 1995 occupent les deux espaces de chez Lacerte, nous introduisant au coeur de l’oeuvre de l’artiste. Des bois brûlés où les grandes surfaces de noirs rappellent les effets du fusain, des tableaux où la combustion du support détermine la composition de chaque oeuvre, comme elle participe au sens, tant le feu est évocateur. Autant d’oeuvres où les multiples traces de flammes cohabitent avec des morceaux de papier collés, avec des pans de couleurs; des bleus qui prennent toute leur ampleur. Comme l’écrivait l’historien de l’art Laurier Lacroix à propos de Garneau dans le catalogue Les Années de feu (2002): "Suivant la tradition de la peinture automatiste, ses tableaux portent la trace d’un art spontané et intuitif, où les repentirs, les collages de toiles, l’adjonction d’objets trouvés, l’accumulation d’ajouts variés et les marques des étapes de réalisation deviennent des composantes de l’oeuvre en train de se faire… " Intense. Jusqu’au 15 janvier 2003.

Vernissages
Pierre Bouchard chez Rouje
Alors que se poursuit l’exposition du collectif des Ateliers de la mezzanine, Rouje inaugure ce jeudi 5 décembre Mon territoire de Pierre Bouchard. Des joueurs de hockey en pleine action, prétexte à un dessin expressif et ironique. Vernissage dès 17h sur Saint-Joseph.

S-quad de Battery Operated
En résidence depuis le 21 novembre à la Chambre blanche, le trio Battery Operated, composé de Bérengère Marin-Dubuard, Thomas Couzinier et Toby Heys, travaille, comme c’est le cas ici, à distance. Deux des membres ont participé à la création d’un pseudo-laboratoire militaire, un lieu low-tech d’expérimentations sonores. Battery Operated pose un regard critique sur les recherches militaires ainsi que sur la façon dont les artistes utilisent la technologie. Vernissage le vendredi 6 décembre à compter de 20h.