L'année en arts visuels : Revue
Arts visuels

L’année en arts visuels : Revue

En arts visuels, l’année 2002 fut marquée dans les médias par un de ces grands débats sans intérêt comme on en élabore souvent dans notre société.

En arts visuels, l’année 2002 fut marquée dans les médias par un de ces grands débats sans intérêt comme on en élabore souvent dans notre société. Pourtant, dans le milieu des arts, les vraies problématiques et causes ne manquaient pas: promesses non tenues par l’administration du maire Tremblay d’augmenter substantiellement le budget du Conseil des arts de Montréal après plusieurs années de stagnation et de compressions; difficulté d’avoir une Biennale digne de ce nom avec un budget aussi mince; étroitesse de notre marché où les grands et petits collectionneurs sont rares; sentiment par les artistes de plus de 40 ans de ne plus avoir de débouchés économiques, d’étouffer, d’avoir fait trop rapidement le tour du milieu après qu’une ou deux de leurs oeuvres eurent été achetées par le Musée des beaux-arts et par le Musée d’art contemporain; non-reconnaissance de nos artistes à l’étranger et même dans le reste du Canada…

Mais non, ce n’est pas l’une de ces inquiétudes qui a monopolisé les journaux et les intellectuels. Même la manifestation à la mairie ainsi que la lettre de l’artiste Emmanuel Galland parue dans Voir à propos du budget du Conseil des arts de Montréal semblent rester lettre morte… Une grosse polémique s’est constituée autour d’une question bien plus essentielle: fallait-il ou ne fallait-il pas déplacer La Joute de Riopelle!?! Question fondamentale pour la survie des artistes actuels…

Une sculpture de Riopelle était donc au Stade olympique. Quitte à montrer mon ignorance, je dois dire que je fus – avec bien d’autres – surpris d’en apprendre l’existence. J’avais un vague souvenir de la pièce en question. C’était bien un Riopelle?

Et ce n’est peut-être pas un hasard si cette oeuvre que tout le monde s’arrache, le grand maître étant mort, est ainsi tombée aux oubliettes. Car la question que semblent ignorer plusieurs des débatteurs – et qui devrait être LA problématique essentielle – n’est-elle pas de savoir s’il s’agit d’une bonne sculpture?

Comme beaucoup de gens du milieu des arts, j’ai noté, lors de sa rétrospective au Musée des beaux-arts cette année, que Riopelle était un grand peintre – et cela surtout dans les années 50 et 60 – mais qu’il ne fut pas un grand sculpteur. Et sa Joute ne fait pas exception. Alors, honnêtement, savoir si elle doit être placée au centre-ville ou rester au Stade olympique… Si les institutions gouvernementales souhaitent s’approprier les restes du maître, grand bien leur fasse. On préfère ici – autant au provincial qu’au fédéral – le culte des morts à la glorification de la culture des vivants. À entendre tous ces gens se disputer autour de La Joute, on croirait entendre des héritiers se battre sur les moindres bébelles de leurs parents. Pourtant, une des leçons que nous aurions dû retenir de la triste aventure de Refus global n’est-elle pas que notre société n’a pas été capable de s’occuper des artistes vivants?

Si l’exposition Richelieu, l’art et le pouvoir, qui a eu lieu cette année au Musée des beaux-arts, nous a appris quelque chose d’important, c’est que la notoriété d’une nation passe par la renommée de ses artistes et par l’appui que l’État donne à son art vivant.