La Peinture au Québec depuis les années 1960 : Insolences d’un auteur
Dans La Peinture au Québec depuis les années 1960, ROBERT BERNIER fait se côtoyer les oeuvres de Jean-Paul Riopelle et celles de Tex Lecor. Rien de moins.
Après la parution en décembre 1999 du livre Un siècle de peinture au Québec aux Éditions de l’Homme, Robert Bernier récidive avec La Peinture au Québec depuis les années 1960. Un beau livre qui saura attirer les regards sur les rayons des librairies et initier le grand public à la peinture, d’autant plus que l’ouvrage se présente, par sa facture imposante, comme un livre de référence en la matière. Trois cent quatre-vingt-quatre pages, des centaines de tableaux, dont la qualité des reproductions demeure honnête. Bien sûr, on attend encore LE livre idéal, l’ouvrage utopique qui englobera toute notre histoire de l’art. Mais ce n’est pas l’ambition de Bernier, qui écrit en introduction: "[…] ce livre, qui n’a pas la prétention d’être exhaustif, est d’abord personnel. Il rend compte de mes propres observations, qui s’échelonnent aujourd’hui sur plus de vingt ans." On aura compris qu’il s’agit bel et bien des goûts particuliers de Robert Bernier. Des choix qui seront tantôt en coïncidence avec ceux des institutions et du milieu de l’art, mais le plus souvent puisés dans le bassin de la peinture commerciale, parfois même chez quelques artistes du chromos, ébranlant au détour la crédibilité de l’ouvrage. On trouvera ainsi beaucoup de fleurs et autres variations autour du corps humain. Bien des oeuvres qui ne nous sont pas étrangères pour les avoir vues dans les galeries d’art commercial, pendant les dernières années. Des artistes souvent en marge du monde de l’art contemporain: Dominic Besner, Jean Gaudreau, Johanne Cullen, Dominique Sarrazin. On y trouve du Johanne Corno. Cela donne le ton du livre. Et puis, faire se côtoyer sur un même plan la peinture de Riopelle et celle de Tex Lecor, c’est disons… audacieux? Soutenu par les oeuvres de plusieurs peintres incontournables, les Lemieux, Molinari, Gaucher, Hurtubise, Comtois, Tousignant et cie, ce livre a le mérite de décloisonner les différents mondes de la peinture, en réunissant dans un même ouvrage des peintres mineurs et d’autres majeurs. Il faut bien conserver quelques catégories…
Le livre n’a pas de prétention historique, mais il occupe quand même un vide que personne d’autre n’ose combler. Et pour cause. Les historiens de l’art les premiers – loin d’être naïfs – savent très bien que l’entreprise est des plus périlleuses. Ils savent que ce genre d’ouvrage général fait partie d’une autre époque. Époque où l’on croyait encore à une écriture positive, linéaire, une sorte de représentation de la marche du progrès où se succèdent les mouvements artistiques. Ce n’est pas un secret, il n’y a pas de méthode définie dans le livre de Bernier – il se passe de celles de l’histoire de l’art -, la seule méthode étant celle du point de vue subjectif et personnel, une certaine partialité revendiquée et soutenue par une authenticité et une passion bien réelle pour la peinture. Mais encore, il est difficile d’écrire un livre sur la peinture depuis les années 1960, puisqu’elle n’a pas été, nous semble-t-il, au coeur des préoccupations en art contemporain, bien que toujours présente. En ce sens, ce livre peut ainsi s’envisager comme un ouvrage qui veut défendre la peinture. Même si les textes, à la fois biographiques et anecdotiques, ainsi que le choix des artistes nous convainquent à demi – difficile de faire l’unanimité! – comme pour le premier opus de l’auteur, ce livre, Robert Bernier a le mérite de le porter seul sur ses épaules.
Bloc-notes
Jocelyn Robert, catalogue cédérom
Objet de luxe que ce catalogue cédérom sur le travail de Jocelyn Robert, récemment édité par la Bande vidéo. L’oeuvre de l’artiste multidisciplinaire, à la fois simple et sophistiquée, embrasse différentes disciplines, le son, la vidéo, l’installation, auxquelles sied à merveille le médium. Sur ce catalogue cédérom, la présentation et la facture sont claires; la navigation se fait sans peine, d’une manière des plus transparentes. Différent du travail de Robert, volontiers dans l’ordre du flou poétique et de l’indicible. Comme on peut le lire sur la pochette, Jocelyn Robert "est intéressé par la banalyse, par l’espace entre les riens, par une certaine épaisseur du temps[…]". Le catalogue est en vente à la Bande vidéo.
Arts d’attitudes. Action, discussion, interaction
Autre publication parue récemment, cette fois aux éditions Interventions. Arts d’attitudes. Action, discussion, interaction regroupe les textes du colloque Arts d’attitudes, auquel ont participé notamment Nicolas Bourriaud, Michaël Lachance, Patrice Loubier et Pierre Restany. Abondamment illustré, le livre de 177 pages vient joindre les nombreuses publications des éditions Inter qui demeurent, dans le monde de l’art, celles qui prennent toujours de beaux risques. Distribution par ABC Livres d’art Canada. En vente au Lieu.