Annie Thibault : Les champignons magiques
Arts visuels

Annie Thibault : Les champignons magiques

À la suite de celui de Claudie Gagnon, de BGL et d’Ana Rewakowicz, c’est le travail d’ANNIE THIBAULT qui égaye le Grand Hall du Musée du Québec. Art et science.

Suspendus dans la verrière du Musée du Québec, les dômes colorés d’Annie Thibault affichent leurs sources: des cultures bactériennes et autres champignons provenant du laboratoire-atelier de l’artiste. Ceux-ci ont été photographiés au 10e jour de leur transformation, puis les images installées dans des lentilles géantes. Le processus toujours en mouvement à l’oeuvre dans les sculptures-éprouvettes demeure ainsi à jamais fixé. Le titre, Cercle des sorcières, réfère aux formes dans lesquelles évoluent certains champignons poussant en rond au fond des bois. À l’instar de ceux qui, dans la nature, surprennent par leur fascinante organisation, les 13 lentilles suspendues à autant de fils de fer étonnent par leurs multiples couleurs et par leurs formes diverses. Parce qu’il s’agit ici, pour la première fois dans le travail d’Annie Thibault, de photographies de cultures réalisées en laboratoire. Alors qu’elle a le plus souvent présenté les cultures réelles, l’artiste emprunte ici une autre avenue, prenant une certaine distance à l’égard de ses sources. Mais aussi, la dimension de cette oeuvre d’intégration dans le Grand Hall du Musée du Québec imposait une production monumentale: "J’ai grossi les cultures par la photographie, explique-t-elle, pour amener un côté cosmique et montrer le détail et l’immensité."

Le bouquet est accompagné de quatre gravures anciennes qu’on trouve aux quatre portes conduisant au Grand Hall. Elles ramènent l’installation dans le contexte pré-scientifique. C’est ainsi que la référence à ces images fascinantes nous renvoie aux rapports entre l’art et la science, à celui de l’imaginaire et du scientifique aussi. Comme l’écrit la commissaire de l’exposition, Lisanne Nadeau, les "oeuvres récentes de l’artiste explorent ainsi la dimension onirique et la part imaginaire qui a accompagné, au fil de son histoire, l’étude du vivant". Intéressée par les sources de la vie, les origines et autres mystères, Annie Thibault explore à des fins artistiques depuis une quinzaine d’années ce qui était d’abord réservé aux laboratoires de biologie. La pensée alchimique et l’imagerie pré-scientifique fascinent par leur potentiel et par l’excentricité de l’iconographie qui les accompagne. Une imagerie qui mélange légende, observation de la nature, où l’imaginaire prend souvent le dessus sur l’exactitude scientifique et la véracité des observations. L’histoire naturelle fourmille d’êtres fabuleux, de plantes ressemblant aux humains, une vision du monde où le microcosme reflète le macrocosme; où le grand se retrouve dans le petit par toutes sortes de similitudes. Colorant la verrière du Musée du Québec, le travail d’Annie Thibault renvoie à cet univers où la science et l’imaginaire s’entrecroisent et nous amène à repenser une époque, pas si lointaine, où les modes de savoir les plus opposés cohabitaient encore.

Jusqu’au 9 février
Au Musée du Québec
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Bloc-notes
Les Enjeux de la représentation
Ces premières semaines de la nouvelle année sont idéales pour une visite au Musée du Québec. D’abord, l’exposition d’art Web étant terminée dans les lieux physiques – elle demeurera toutefois en ligne (www.mdq.org/ellipse) jusqu’en décembre 2003 -, il faut maintenant voir l’exposition Les Enjeux de la représentation, réunissant diverses oeuvres de la collection du Musée, dont plusieurs incontournables. À voir notamment: Lévitation (2001) de Nicolas Baier, une oeuvre de Sorel Cohen, ainsi qu’une pièce de la récipiendaire du prix Paul-Émile Borduas 2002, Jocelyne Alloucherie. Jusqu’au 22 février 2004.

Alechinsky: 50 ans d’imprimerie
Puis, il faut absolument voir l’exposition Alechinsky: 50 ans d’imprimerie. Un, parce qu’elle nous introduit au travail extraordinaire de cet artiste belge, peintre mondialement connu. Deux, parce qu’on y présente une quantité importante d’oeuvres sur papier et pour la liberté qu’inspire ses eaux-fortes et autres gravures où on devine la même fascination pour l’imprimerie, le dessin, pour les mots. Trois, pour la poésie, toujours présente dans ses oeuvres qui font partie de celles qui ont participé à décloisonner les genres. Jusqu’au 23 mars prochain.